"On ne va pas arrêter chaque voiture", comment l'Allemagne va renforcer ses contrôles aux frontières

Pour lutter contre l’immigration illégale, le gouvernement allemand annonce l’instauration de contrôles renforcés à l’ensemble de ses frontières. À partir du lundi 16 septembre, du nord au sud de l’Alsace, il faudra à nouveau se préparer à montrer ses papiers d'identité.

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Patienter pour passer la frontière. Sortir ses papiers d’identité. Voilà des années que les Alsaciens ont perdu cette habitude pour passer de l’autre côté du Rhin. Retour en arrière à partir du 16 septembre : les contrôles vont se renforcer, annonce le gouvernement allemand.

Ces mesures exceptionnelles dérogent aux règles de libre circulation dans l’espace Schengen, les contrôles aux frontières intérieures étant en principe proscrits au sein de l’Union européenne. Mais une révision du code début 2024 permet, en cas de menaces prévisibles pour l’ordre public ou la sécurité, de les mettre en place pour une durée de six mois. L’Allemagne compte ainsi renforcer la lutte contre l’immigration illégale.

Des contrôles "intelligents"

Ces contrôles seront des "contrôles intelligents" précise un député du SPD. "On ne va pas arrêter chaque voiture, ni fermer les frontières comme au temps du covid. La police des frontières va observer plus attentivement les passages." Ils vont toutefois obliger les Alsaciens à sortir leurs papiers d’identité, et peut-être bien à patienter régulièrement aux 14 passages de frontières terrestres du nord au sud de la région.

Des contrôles renforcés comme les Alsaciens en connaissent chaque 31 décembre pour la lutte contre l'introduction de pétards en France. Ou comme pendant la période du covid, ou plus récemment lors de l'Euro de foot 2024 ou les Jeux olympiques de Paris. Sauf qu'il s'agira cette fois d'une opération de longue durée.

Kehl c’est une banlieue de Strasbourg, comme Strasbourg est une banlieue de Kehl, on est frères, on est voisins, c’est nos cousins !

Un passant sur le pont de l'Europe, ce mardi 10 septembre

Ce mardi 10 septembre, la présence policière était déjà visible sur le pont de l’Europe qui permet de passer le Rhin entre Strasbourg et Kehl. À la descente du tram, côté allemand, certains passagers sont contrôlés. Et les réactions sont contrastées. Entre incompréhension, agacement et approbation.

"Kehl c’est une banlieue de Strasbourg, comme Strasbourg est une banlieue de Kehl, on est frères, on est voisins, ce sont nos cousins, c’est un peu nul", commente un passant. "On est dans une société du contrôle qui devient complètement folle. Je ne peux que constater le délitement des libertés individuelles. Ici la frontière, elle a disparu. Les contrôles, c’est un non-sens", ajoute un promeneur.

Un contexte politique particulier

D'autres approuvent ouvertement le choix des autorités allemandes : "Le contrôle, il fait partie de la souveraineté de chaque pays, c’est pourquoi il est nécessaire de le rétablir pour le bien de tous, pour la sécurité de tous." À l’idée de devoir montrer ses papiers, ce passant affirme : Ça ne me dérange pas du tout ! Ça concerne notre sécurité, moi, je suis content."

Ce renforcement des contrôles aux frontières intervient dans un contexte politique particulier en Allemagne alors que les récents scrutins régionaux ont été dominés par une forte poussée de l’extrême droite.

Ces mesures décidées par le gouvernement allemand pourraient venir compliquer la vie des 50 000 frontaliers alsaciens et mosellans. Un risque qui n’inquiète pas pour le moment le Comité de défense des travailleurs frontaliers.

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