Pass vaccinal : ces députés alsaciens LREM qui subissent menaces et insultes

A l'approche de l'entrée en vigueur du pass vaccinal, le climat social se tend encore davantage. En première ligne, les députés de la majorité qui reçoivent de plus en plus d'insultes et de menaces. Avec plus ou moins de philosophie.

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Ils sont les représentants de la politique gouvernementale en local. Ils sont par là-même de parfaites cibles pour les mécontents de tous bords. Accessibles, vulnérables, les députés La République en marche.

Depuis la mise en place du pass sanitaire le 1er juillet dernier, ces derniers traversent une période compliquée, parfois violente. Les propos d'Emmanuel Macron qui souhaite "emmerder les non-vaccinés" n'ont vraiment pas arrangé leurs affaires. Menaces, insultes, intimidations : Vincent Thiébaut et Bruno Studer racontent.

Fusillé, décapité

Vincent Thiébaut est député LREM de la 9e circonscription du Bas-Rhin (Haguenau). Depuis l'instauration du pass sanitaire le 1er juillet dernier, ce solide gaillard, tête rasée et épaules larges, est dans l'œil du cyclone. Un maelstrom d'injures, de menaces ou d'intimidations. "Un phénomène qui a débuté avec le mouvement des gilets jaunes et qui, oui, a pris de l'ampleur avec le Covid et tout ce qui s'en est suivi." 

En cause bien sûr la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement et tout particulièrement le vaccin. "Je fais le distinguo entre disons les mails de dénigrement classiques, copiés-collés de campagnes nationales et ceux plus personnalisés, violents. Ceux que nous recevons où on va me fusiller, me décapiter, renverser le gouvernement."

J'ai bien reçu une centaine de mails d'insultes maintenant

Vincent Thiébaut, député LREM

Des mails d'insultes, Vincent Thiébaut en reçoit quatre à cinq par jour "ho oui on en a bien une centaine maintenant". Son adresse mail officielle est publique, facilement trouvable "ça ne m'étonne pas non. C'est juste triste."

Tant et si bien qu'il a fallu s'armer de bombes lacrymogènes et de patience. "Pour rassurer mes collaborateurs à la permanence, nous avons acheté des bombes lacrymos. Et puis surtout notre meilleure arme c'est la pédagogie. Première règle : ne pas répondre tout de suite sous le coup de l'émotion, laissez passer 24 à 48 heures et proposer si l'expéditeur est identifiable un rendez-vous pour en discuter. Non que je veuille les convaincre mais au moins entamer le dialogue, ne pas donner le sentiment qu'on les refoule."

Pour rassurer mes collaborateurs à la permanence, nous avons acheté des bombes lacrymogènes

Vincent Thiébaut, député LREM

Vincent Thiébaut est allé porter plainte contre X une seule fois "là c'était des lettres anonymes vraiment mauvaises, répétées, systématiques." 

Période critique

Bruno Studer est député LREM de la 3e circonscription du Bas-Rhin. Lui dont la permanence avait été taguée à plusieurs reprises en 2019 de propos haineux est un peu plus endurci. Un peu.

Lui aussi a connu une nette recrudescence des menaces et insultes ces derniers mois. "Nous traversons une période de fortes tensions c'est certain mais je n'ai jamais changé ma ligne de conduite. Je porte plainte à chaque fois. Systématiquement. Inlassablement. J'ai reçu plusieurs menaces de mort ces dernières semaines, toujours anonymes. La décapitation semble avoir un certain succès en ce moment. Je vais au commissariat, ils commencent à me connaître. Il faut être implacables avec ces gens qui ne reconnaissent pas la forme démocratique. La liberté d'expression a ses limites et ça c'est illégal."

Je porte plainte à chaque fois. Systématiquement. Inlassablement.

Bruno Studer, député LREM

Bruno Studer et Vincent Thiébaut ne diront pas qu'ils ont peur mais ils sont néanmoins fébriles, "plus attentifs". "J'ai choisi d'être député, j'assume. C'est dramatique ce qu'on voit, ce qu'on entend mais je refuse de céder aux terroristes. La démocratie ne s'arrête pas parce que des gens ne respectent pas la loi. Je maintiens toutes mes réunions. Je refuse de paniquer mais je suis plus attentif voilà" explique le premier. 

S'il lui est arrivé de se faire insulter sous les douches de la piscine par un antivax lors d'une sortie père/fils, Bruno Studer veut croire en une vie normale :"J'ose espérer que les gens font la part des choses entre le personnage public, politique et l'homme que je suis en privé. Qu'ils ne mélangent pas tout. Je suis un grand optimiste." 

Je ne vais plus me promener en ville avec mes enfants

Vincent Thiébaut, député LREM

Vincent Thiébaut est beaucoup moins optimiste. Il a pris des mesures pour le moins radicales. "J'essaie de faire la part des choses mais ça devient vraiment très lourd. Ma crainte principale c'est pour mes proches, surtout depuis les gilets jaunes. Me concernant ce sont mes propres réactions que je crains. Par exemple, je ne vais plus me promener en ville avec mes enfants comme j'évitais de le faire avec mon ex-compagne." 

Protection renforcée

Fin décembre, Gérald Darmanin, le ministre de l'intérieur a demandé de systématiser l'intégration des domiciles et permanences des élus dans les patrouilles de police et gendarmerie. "Je les vois passer oui, voir les forces de police ça rassure toujours. Nous sommes aussi en contact avec les renseignements territoriaux" raconte Bruno Studer, blasé. Les députés ne jouissent pas, dans le cadre de leur mandat, de moyen de protection dédié sauf en cas de menace avérée. 

Par contre Emmanuel Macron ne leur simplifie pas la tâche. Ses propos sur son envie "d'emmerder les non-vaccinés" a fait trembler Vincent Thiébaut. "Là, j'avoue moi et certains de mes collègues on s'est dit merde, c'est pas possible. Lui, c'est facile, il est très protégé, nous ben on est en première ligne. J'ai une de mes collègues LREM qui en a pleuré à l'Assemblée. Elle avait peur de rentrer chez elle. Ici globalement ça va. On verra." 

Emmanuel Macron, lui, c'est facile, il est très protégé, nous ben on est en première ligne

Vinvent Thiébaut, député LREM

La campagne électorale va bientôt battre son plein. Dans ces circonstances, pour les marcheurs, elle sera particulièrement chaotique.

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