Triste constat dans les nids de cigognes en ce printemps 2024 en Alsace : beaucoup de nichées ont échoué cette année. En cause, la météo froide et maussade du mois de mai, qui a entraîné une forte mortalité des cigogneaux.
Des nids vides, les observateurs de la LPO d’Alsace (Ligue de protection des oiseaux) en voient beaucoup en ce printemps dans la région. "Cela concerne au moins la moitié des nichés, constate Yves Muller, président de l’association. Beaucoup de nids sont vides ou alors avec seulement un ou deux petits, alors qu’une cigogne peut pondre jusqu’à six œufs par an."
Une situation exceptionnelle pour ce fin connaisseur de l’oiseau totem de l’Alsace, qu’il explique par la météo automnale de ce printemps, avec notamment de fortes pluies survenues au pire moment, fin avril et début mai, en pleine période de ponte. "Quand ils ont moins de quinze jours, les cigogneaux n’ont pas encore de duvet suffisamment épais pour les protéger et ne bénéficient pas encore de système de thermo-régulation. Du coup, ils sont morts de froid dans leur nid détrempé".
Difficile encore de faire un décompte exhaustif des pertes : certains petits peuvent encore être cachés au fond des nids inaccessibles, que les parents aiment nicher très en hauteur. Mais Yves Muller le sait déjà : 2024 sera une petite année pour la reproduction.
Selon lui, les répercussions de ce déclin démographique ne seront guère visibles. Du moins pas dès l’année prochaine. "Les cigogneaux nés cette année ne seront matures que dans trois ans. C’est à ce moment-là, quand ils devront nicher à leur tour, que l’on pourra peut-être constater une diminution des populations présentes localement".
Des populations de cigognes en augmentation en Alsace
Rien de catastrophique toutefois pour la LPO. Les cigognes se plaisent en Alsace, et de plus en plus à en croire les données des observateurs. En 2021, on recensait 860 nids dans le Bas-Rhin et 600 dans le Haut-Rhin. "On a refait un comptage cette année, ajoute Yves Muller, pour se rendre compte que les effectifs avaient augmenté de 30% en trois ans." Et de prendre l’exemple du village de Neuwiller-lès-Saverne (Bas-Rhin), qui comptait 40 nids l’an dernier, contre 31 en 2021.
Loin d'être alarmé par les pertes de ce printemps, il prend donc même le phénomène avec philosophie : "cette mauvaise année pourrait permettre de stabiliser les populations qui sont en augmentation en Alsace, et ce ne serait pas une mauvaise chose, car certains commencent à se plaindre du trop-plein de nids."
Pour cette année, la période de ponte est terminée, et passés quinze jours, les bébés cigognes sont assez costauds pour résister. Plus de crainte donc désormais si le ciel continuait à se montrer capricieux au cours des prochaines semaines.