Le principe de pollution lumineuse existe dans la loi depuis 10 ans déjà. Un seul arrêté d'application pris en 2013 mais jamais appliqué. Cette fois c'est peut-être la bonne. Entreprises et commerces sont priées d'éteindre les lumières durant la nuit entre 1h et 7h. Reste à faire appliquer la loi.
En 20 ans, la quantité de lumière émise a augmenté de 94% en France. En cause : lampadaires et enseignes lumineuses dans les villes et les zones commerciales. Une problématique récurrente qui figure dans la loi depuis près de 10 ans (Lois Grenelle de l'environnement 1 et 2 votées en 2009 et 2010). Restait à l'appliquer. Un premier décret pas franchement suivi d'effets a été pris en 2012, un autre, d'application obligatoire, ce lundi 2 juillet. Entreprises, bâtiments, vitrines, tous doivent éteindre les feux entre 1 heure et 7 heures du matin. Ce décret sera-t-il davantage appliqué? Aux maires et aux préfectures de faire en sorte qu'il le soit. "Oui, c'est une bonne nouvelle, nous mettions, avec d'autres associations, la pression depuis deux ans au gouvernent pour qu'il promulgue les décrets d'application. D'ailleurs le conseil d'Etat lui même a posé un ultimatum en mars 2018 laissant 9 mois à l'Etat pour mettre en application les lois sur le Grenelle de l'environnement", se réjouit Jean-Michel Lazou, représentant Grand Est de l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes. D'ailleurs, d'après un sondage TNS-Sofrès, 84% des Français sont favorables à l'extinction des lumières durant les heures creuses. Il en coûtera jusqu'à 750 euros par délit constaté au contrevenant.
L'observatoire astronomique de Strasbourg n'est plus un poste d'observation professionnel depuis un demi siècle
Une mesure qui ne sera pas suffisante cependant pour permettre davantage d'observations professionnelles du ciel. En France, restent deux site d'observations : le pic du midi et l'observatoire de haute-Provence. En Alsace, cela fait un demi siècle que l'observatoire astronomique de Strasbourg n'est plus utilisé à des fins professionnelles. "L'observatoire a été construit en 1881 à une époque où il n'y avait pas d'éclairages publics ni de lumières artificielles. Les astronomes ont besoin d'un ciel noir pour détecter des galaxies ou des nébuleuses qui ont une très faible activité lumineuse, ce qui n'est plus possible à Strasbourg depuis des années", témoigne Sébastien Derrière, responsable de la communication à l'observatoire.
Le champ du feu, dernier point d'observation pour les amateurs en Alsace
Pour commencer à avoir un ciel sombre, il faut s'éloigner d'une quarantaine de kilomètres de Strasbourg. Les astronomes amateurs se réfugient au champ du feu qui a l'avantage de se trouver en altitude et loin des grandes villes. "C'est problématique pour les scientifiques mais aussi pour la faune dérangée par cette lumière, les chauve-souris par exemple. Et c'est une perte pour l'être humain. A New-York par exemple dans les années 1970, une gigantesque panne de courant avait conduit les habitants à appeler la police. Ils voyaient des soucoupes volantes dans le ciel alors que ce n'étaient que des étoiles qu'ils n'avaient plus l'habitude de voir. Il y a un siècle, on grandissait avec la voie lactée, aujourd'hui la plupart des gens ne l'ont jamais vue", regrette Sébastien Derrière. Sans compter le gaspillage énergétique représenté par ses éclairages nocturnes. Selon le ministère de la transition écologique, c'est l'émission de plus de 250.000 tonnes de CO2 qui pourrait être évitée pour une économie de 200 millions d'euros.