Philippe Bernhard est producteur laitier à Woerth (Bas-Rhin). Après avoir passé près de 10 ans en Suisse dans le domaine de l'agroalimentaire, il est revenu à la ferme et a décidé de s'engager davantage encore dans la coopérative laitière dont il dépend depuis des années.
Heureux hasard ou signe du destin, Philippe Bernhard est né en 1979,année de la création de la coopérative Alsace Lait dont il est le tout nouveau président. Une entreprise qu'il connaît bien. "Plus jeune, j'ai fait un stage ici pendant quelques semaines. C'était intéressant de découvrir le monde de l'industrie, moi qui venais d'un milieu agricole."
Mais son avenir se dessinera d'abord en dehors de l'Alsace. Après une formation d'ingénieur, il partira travailler en Suisse dans le domaine de l'agroalimentaire pour un grand groupe de café. Ce n'est qu'en 2012, il décide de rentrer à la maison pour reprendre l'entreprise familiale avec son frère. "Arrivé à un certain âge, on se demande quel est le sens de son métier, de sa vie ? C'est une fierté de reprendre une telle exploitation et de la développer."
L'exploitation compte 300 vaches Simmenthal dont 120 laitières qui produisent 300 litres de lait par jour. Un lait récupéré depuis 45 ans par la coopérative Alsace Lait qui travaille avec 200 laitiers. 210 millions de litres de lait sont ainsi collectés annuellement.
Trouver la meilleure stratégie pour valoriser le lait
Le monde du lait, un univers que Philippe Bernhard connaît bien, mais dans lequel il apprend de nouvelles choses en tant que président. Un agriculteur doit savoir faire plusieurs choses. "Tous les jours réserve son lot de surprises. Il faut être curieux et apprendre. En tant que président d'une coopérative,
on découvre de nouvelles choses. Les collègues du conseil d'administration m'ont donné leur confiance. La présidence s'est faite naturellement, mais elle me pousse à de nouvelles responsabilités."
Philippe Bernhard est là pour "faire toujours mieux et trouver la meilleure stratégie pour valoriser le lait des exploitants payés 0,54 cent/litre" (l'une des meilleures rémunérations françaises au sein des coopératives, ndlr). Dans les derniers mois, ce sont ainsi 20 nouvelles références ont été mises sur le marché par Alsace Lait qui affiche un chiffre d'affaires de 200 millions d'euros. "Si nous voulons rester solides et toujours mieux valoriser le lait des coopérateurs,il faut rester à la pointe en termes de qualité de nos produits. Yaourts en petits formats pour les enfants, lait frais sans lactose, sont autant de nouveautés qui permettent de faire la différence. "Et pour notre crème qui est l'un des produits phares depuis de longues années, nous garantissons une crème 100% naturelle, sans aucun ajout."
"L'une des clés est aussi de rester une coopérative indépendante"
Philippe Bernhard
Et la coopérative ne compte pas en rester là. De nouveaux investissements sont prévus pour augmenter encore le niveau de technicité des fabrications et ainsi rester dans la course et pouvoir se battre face aux géants.
"L'une des clés est aussi de rester une coopérative indépendante". Un président qui regarde de près ce qui se passe sur l'échelle européenne et internationale. La crise agricole, il la comprend évidemment et y participe aussi en tant qu'exploitant. Un président qui souhaite dire aux consommateurs, qu'en ces temps de crise agricole, la consommation locale permet aussi de soutenir l'agriculture locale.