Rendez-vous incontournable des professionnels de la gastronomie, le salon Égast, revient à Strasbourg du 17 au 20 mars. Dans ce cadre se dérouleront aussi plusieurs concours culinaires. Rund Um a rencontré deux candidates en pleine préparation.
C'est bientôt reparti pour quatre jours de fête et de rencontre entre professionnels de la gastronomie, l'équipement, l'agroalimentaire, les services et le tourisme. Pour cette 19ᵉ édition, qui se tiendra dans le nouveau Parc des expositions de Strasbourg (Bas-Rhin), le salon Égast favorisera, comme toujours, les échanges entre les acteurs régionaux des métiers de la bouche, et associés, du Grand Est.
Mais comme à chaque fois, l'événement contribuera aussi à mettre en lumière des hommes et des femmes talentueux par le biais de divers concours culinaires prestigieux : Trophée Jean-Pierre Walter (pour les bouchers-charcutiers-traiteurs), Trophée des nouveaux entremets pâtissiers, Concours régional de la meilleure baguette de tradition, Sélection du meilleur croissant au beurre, Trophée au gré des bières, Trophée du fromage dans tous ses états, etc.
Les candidats retenus pour les diverses épreuves s'entraînent depuis des semaines. Parmi eux, deux jeunes femmes que Rund Um a rencontrées. L'une, Audrey Stippich, est chef de cuisine dans un établissement prestigieux. L’autre, Sophie Schultz, est boulangère-pâtissière.
Une cheffe pour deux concours
Audrey Stippich est l'un des deux chefs de cuisine de l’hôtel-restaurant 6717 le Clos des délices à Ottrott (Bas-Rhin). La jeune femme de 28 ans est une compétitrice dans l'âme. Meilleure apprentie d’Alsace en 2015, Olympiades des métiers en 2017, seconde place au Trophée Émile Jung en 2022… En 2023, elle a remporté le concours du Meilleur foie gras d’Alsace. Elle ambitionne d’arborer un jour le célèbre col tricolore du Meilleur ouvrier de France.
Pour ce salon Égast 2024, elle a postulé pour deux concours : la deuxième édition du Trophée Émile Jung, et le Trophée Henri Huck. Et a été retenue pour les deux. Elle est également la seule femme candidate pour ces deux épreuves. "J’ai monté deux dossiers, pensant n'être prise que pour l'un. Et finalement, bonne surprise, j'ai été acceptée pour les deux. J'aime les challenges, du coup, je fais les deux à fond" explique-t-elle.
Pour remporter le Trophée Émile Jung, pour lequel elle espère décrocher cette fois la première place, elle devra préparer, comme ses concurrents, un sandre et un flan de cresson aux cuisses de grenouilles. Pour le Trophée national Henri Huck, créé en 1982, elle aura à réaliser un plat salé et un dessert, à partir de produits imposés.
Afin de viser la perfection le jour J, Audrey Stippich travaille depuis deux mois, s'entraînant toutes les semaines au lycée hôtelier d'Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin), qui la soutient, ainsi qu'au Clos des délices, avec son commis Tom Gallin, 18 ans, Meilleur apprenti d’Alsace. En cuisine, leurs échanges verbaux sont rares. Il leur suffit de communiquer par le regard.
Leur recette du jour est présentée par Tom Gallin : "Aujourd'hui, un chou farci qu'on a préparé pour le concours. Et également une garniture à base de carottes sous différentes textures, avec une petite pâte phyllo. En dessert, une petite pomme avec un sorbet et une opaline de sucre."
Mais ce n'est pas cette recette qui sera présentée au concours. "Ce serait trop simple, et la concurrence serait à l’affût" sourit Nicole Schaetzel, la directrice du 6717 Le Clos des délices, soutien inconditionnel de sa cheffe de cuisine. Car selon elle, parmi les compétences professionnelles attendues lors du concours, "une extrême précision dans le travail, la perfection à 100 % tant dans le goût que dans le visuel", Audrey Stippich coche toutes les cases. "Sur les six finalistes, il y a une seule femme, c'est Audrey. J’aimerais tant qu'elle gagne !", s’exclame-t-elle.
Les défis du snacking
Tout autre décor, la boulangerie-pâtisserie Aux mille et une saveurs, à Strasbourg. C'est là que s'entraîne Sophie Schultz, 21 ans, pour le Trophée des lords du sandwich, qui récompense l’originalité et le goût du repas sur le pouce préféré des Français. Mais l'enthousiasme, la passion et la ténacité de la jeune femme sont de la même intensité que ceux d'Audrey Stippich.
Sophie Schultz, titulaire d’un CAP pâtissier, d'un CAP boulanger et d’un brevet professionnel, a déjà participé à plusieurs concours, et remporté le Trophée mademoiselle apprentie en 2023. Elle vise un brevet de maîtrise, et envisagerait à l’avenir de devenir formatrice dans un centre de formation pour apprentis.
Malgré son jeune âge, elle adore transmettre ce qu'elle a appris et sait se faire respecter dans un univers encore très masculin. "Être boulangère, c’est savoir s’adapter aux hommes, s’exclame-t-elle. J’ai toujours été la seule femme dans les équipes de pâtisserie. Il faut trouver sa place, et montrer qu’on a autant de force, physique et mentale."
D’où cette envie, aussi, de se mesurer à d'autres, afin de pouvoir mieux évaluer ses propres compétences. Et surtout ne jamais s’arrêter en route. "Les concours, ça fait trois ans que j’en fais, précise-t-elle. Et ça ne fait pas longtemps que je me suis mise au snacking. Cela me permet de me comparer aux autres, et de me mettre au défi."
Chaque candidat du Trophée des lords du sandwich devra présenter, en trois exemplaires, un sandwich froid ainsi qu'une tartine chaude. Et pour se préparer à l'épreuve, Sophie Schultz innove, teste, avec des audaces tant visuelles que gustatives.
Sa création du jour : "Dans le sandwich, j'ai mis de la viande et des légumes de pot-au-feu, détaille-t-elle. Et sur la tartine chaude, il y a de la choucroute, de la viande grillée et des oignons." Mais là aussi, ce n’est certainement pas la recette qu’elle présentera au jury le moment venu. Car d'ici-là, le secret doit encore rester bien gardé.
Vous pourrez voir les deux jeunes femmes durant leurs épreuves respectives : Sophie Schultz dimanche 17 mars de 8:00 à 12:00, dans le hall 1 du Parc des expositions. Et Audrey Stippich lundi 18 mars pour le Trophée Émile Jung, et mercredi 20 mars pour le Trophée Henri Huck, à chaque fois dans le hall 4.