Pourquoi le kachelofe, ce poêle traditionnel alsacien, revient à la mode

Avec l'augmentation des coûts de l'énergie, il est un vieil ustensile alsacien qui revient à la mode, le kachelofe, ce gros poêle en faïence, inusable et qui fonctionne au bois. Plus cher à l'installation, ce mode de chauffage est aussi plus durable dans le temps.

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Vous êtes nombreux à angoisser en scrutant vos factures de gaz et d'électricité, qui ne cessent d'augmenter. Alors certains tentent de trouver des alternatives, favorisant ainsi le retour en grâce d'un très ancien système de chauffage en Alsace, le kachelofe, le poêle en faïence typique qui avait pratiquement disparu des maisons.

"Il existe dans notre région depuis le VIIe siècle, raconte Sébastien Koehler, gérant de l'artisan du poêle à Sélestat, comme l'ont prouvé les tessons les plus anciens qu'on a analysés au carbone 14".

Une installation plus chère qu'un poêle moderne, comptez plusieurs milliers d'euros et un temps de pose assez long, deux à trois semaines. "Mais sur le long terme, précise Raphaël Bapst, 3e génération de poêliers-fumistes au sein de la famille Bapst à Kilstett, ces poêles valent le coup, car ils peuvent fonctionner 50 ans, et ce, sans électricité, et sans souci d'ordre mécanique. En plus c'est une fabrication locale avec des briques qui viennent d'Alsace et la faïence d'Allemagne".

C'est un choix de coeur, c'est une cohérence avec notre maison alsacienne qui est celle de mon père, et puis on faisait comme ça autrefois

Jean-François Kiffel, client

De quoi finir de convaincre ce père de famille venu acquérir un poêle en faïence pour sa maison. "C'est un choix de cœur, c'est une cohérence avec notre maison alsacienne qui est celle de mon père, et puis on faisait comme ça autrefois. Et apparemment, les rendements sont excellents avec ce type de chauffage qui est très confortable en termes de chaleur".

Ce que confirme, Raphaël Bapst. "C'est intéressant, car quand la combustion est terminée, on a encore 12 heures d'inertie, la chaleur continue à se diffuser dans l'habitat par rayonnement, c'est donc une chaleur très douce et très agréable".

Intéressant au point que son entreprise croule sous les demandes, deux à trois par jour, et qu'elle ne peut y faire face et doit donc refuser des chantiers.

Certains collectifs réclament la fin du chauffage au bois dans les villes

Reste la question des particules fines qui se dégagent avec la combustion du bois. "On travaille sur un filtre à particules, précise Sébastien Koehler, même si ces poêles qui sont entièrement en pierre et en terre permettent une combustion à très haute température et donc une majorité des particules est brûlée avant de pouvoir s'échapper". 

Parce que cette question est réelle. En effet, plusieurs collectifs de médecins et d'écologistes demandent dans une tribune l'arrêt des subventions au bois énergie, voire l'interdiction du chauffage au bois dans les villes. Pour le collectif Strasbourg respire (composé entre autres de médecins) par exemple, "les particules et gaz issus de la combustion du bois sont composés de métaux lourds et d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), cancérigènes et perturbateurs endocriniens !"

À Strasbourg, le chauffage au bois représenterait 70% des émissions de particules fines. Sans compter les prélèvements en bois dans des forêts qui souffrent déjà, et qui pour certaines, ne parviennent plus à absorber de CO2, voire en rejettent.

Certaines villes comme Londres ont décidé d'interdire la mise en place de poêles à bois dans les nouvelles constructions et Utrecht, commune des Pays-Bas, souhaite carrément interdire tous les chauffages au bois dans sa ville d'ici à 2030.

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