Schiltigheim : que reste-t-il de la cité des brasseurs ?

Rund um. On l'appelait la cité des brasseurs. Jusque dans les années 1960, Schiltigheim a vécu un âge d'or, grâce aux cinq grandes brasseries qui animaient la commune. Aujourd'hui, alors que la dernière grande brasserie Heineken vient d'annoncer sa fermeture prochaine, que reste-t-il de ce patrimoine ?

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Depuis la terrasse de l'hôtel de ville, l'œil du visiteur peut arpenter la longue route de Bischwiller, autrefois appelée la "route des brasseries". "Fischer, Schutzenberger, Adelshoffen, et l'ancienne brasserie Espérance, aujourd'hui Heineken", énumère Andrée Buchmann, adjointe à la maire de Schiltigheim en charge du patrimoine. S'y ajoutait la brasserie Perle. De ce patrimoine brassicole schilikois, il reste le plus souvent des friches, transformées en nouveaux quartiers pour certaines, à l'instar de Fischer. 

Des galeries souterraines pour conserver la bière 

Autrefois, Schiltigheim grouillait d'activité. Le quotidien tournait autour des brasseries et autres industries. "De 3000 en l'année 1850, le nombre d'habitants est passé à 10.000 en 1900", poursuit Andrée Buchmann, qui prépare un ouvrage sur le sujet. La bière a fait autrefois la richesse de la commune. Plus précisément, les galeries souterraines servant à la conservation des fûts de bière et des pains de glace, denrée précieuse autrefois. Des galeries creusées dans les tendres couches de lœss. 

Et les grands producteurs de boisson houblonneuse attiraient d'autres industries, comme les fabricants de fûts, de verre ou de compresseurs (l'entreprise Quiri). Une gare de marchandises, en face de l'actuel hôtel de ville, servait au transport de la bière - les anciens rails sont encore visibles. Un âge de prospérité, retracé à travers l'exposition de l'association "Mémoire et Patrimoine de Schiltigheim" au sein de l'ancienne Ferme Linck. "Les industriels construisaient de nouvelles cathédrales à la fin du 19ème siècle. Il fallait montrer sa puissance, jusque dans l'architecture", raconte Jean-Pierre Nafziger, président de l'association.

La brasserie Storig perpétue la tradition

Mais à partir des années 1960, la consommation de bière n'a cessé de baisser. Les brasseries ont vu leur déficit se creuser, avant de fermer les unes après les autres. Seule grande brasserie persistante, Heineken a annoncé sa fermeture d'ici à 2025, après avoir acquis, puis fermé, les groupes Fischer et Adelshoffen.

Il ne restera alors que la brasserie artisanale Storig, créée route de Bischwiller par feu Michel Debus, ancien directeur de Fischer et d'Adelshoffen. Si Christian Geissmann, gérant de Storig, se prend à rêver, pourquoi pas, d'acquérir une petite partie des locaux d'Heineken, il n'est pas question pour ces artisans de grandir démesurément. "Le plus important, termine le gérant, c'est qu'on continue à produire de la bière à Schiltigheim".

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