Depuis 1960, SOS Amitié répond aux appels de détresse 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Le rapport annuel de l’association présente des chiffres alarmants : augmentation de 200 000 appels en 2023, soit 3,5 millions d'appels enregistrés. Un record pour l'association.
"Soigner le mal par les mots", "sortir du silence", "solidaires contre la solitude", ces expressions sont les premières que l'internaute voit sur les deux sites alsaciens de SOS Amitié à Strasbourg et Mulhouse/Colmar. Et des promesses auxquels les écoutants s'engagent : "Avec nous, vous pouvez vous exprimer librement, sans détour", "il n'y aura pas de jugement."
Voilà qui doit déjà faire du bien à celui qui ouvre ces sites quand il va mal. Dans les deux antennes alsaciennes, plusieurs dizaines de personnes sont prêtes à recevoir les appels concernent tous les domaines de la vie. La France compte au total 44 associations régionales regroupant 1900 bénévoles, répartis en 64 postes d'écoute multimédia (téléphone messagerie et tchat).
Selon le rapport de SOS Amitié pour l'année 2023, le nombre d'appels des jeunes de moins de 25 ans en détresse est en augmentation. Ils représentent plus de 10 % des appelants: "Ils évoquent, dans leurs appels, majoritairement des situations de souffrance psychique, des problèmes relationnels ou la violence mais les questions morales, juridiques et existentielles et les problèmes matériels ont fortement augmenté. Dans leurs échanges avec SOS Amitié, ils privilégient l’usage du chat et de l’e-mail par rapport au téléphone."
Des idées suicidaires surtout chez les jeunes
En 2023, 9,2 % des jeunes appelants ont mentionné des idées suicidaires, bien davantage que les personnes âgées (3,3%). Un chiffre alarmant qui souligne l'urgence d'un accompagnement accru. Mais les personnes âgées de plus de 65 ans représentent 13,3 %.
Elles expriment principalement "des questions morales, juridiques et existentielles, de souffrance physique et des sentiments de solitude et de problèmes relationnels. Ces appels témoignent d'un isolement croissant parmi les seniors, exacerbant les souffrances psychologiques et physiques."
Concernant la différence entre hommes et femmes, "les femmes sont plus enclines à partager leurs difficultés relationnelles, familiales, de violence et leurs sentiments, tandis que les hommes évoquent plus facilement leurs problèmes d'addiction ou leurs pensées suicidaires" précise le rapport de SOS Amitié.
Pour tous les appelants, les problèmes matériels sont en forte hausse en 2023 ainsi que les problèmes existentiels "reflétant les inquiétudes croissantes liées aux conflits armés, à l'inflation et à la baisse du pouvoir d'achat." Les jeunes s'inquiètent de plus en plus pour leur avenir professionnel et les problèmes environnementaux.
Des écoutants bienveillants
1900 personnes écoutent avec empathie et gratuitement les 3 500 000 appelants en souffrance. À Strasbourg, Sos Amitié répond par téléphone au 03 88 39 91 81 et à Mulhouse au 09 72 39 40 50 et par messagerie et tchat tous les jours sur www.sos-amitie.com
Face à l'afflux des demandes, on recherche dans toutes les antennes des bénévoles prêts à être formés pour savoir écouter. Il suffit aux volontaires de remplir un formulaire de candidature en ligne.
Après leur formation, ils permettront aux appelants de voir qu'ils ne sont pas seuls au monde, qu'ils peuvent sortir du silence et parler, pour aller mieux ou du moins ressentir moins de détresse.
Avec d'autres organismes, SOS Amitié veut créer "un collectif d'acteurs autour de la réparation du lien social pour une santé mentale partagée, avec l'objectif de porter une Grande cause pour 2025." En attendant, l'association ouvre déjà de nouveaux lieux d'écoute, avec de nouveaux adhérents. "Preuve s'il est besoin que la solidarité n'est pas un vain mot!" souligne celle qui a été labellisée et reconnue d’utilité publique par le Ministère de la Santé, depuis 1967.
