Témoignage. "J'appelle le 115 chaque jour, il n'y a jamais de place", Strasbourg manque d'hébergements d'urgence

Publié le Écrit par Catherine Munsch

Il n'y a probablement jamais eu autant de monde à la rue à Strasbourg. Un millier de personnes appelle chaque semaine pour tenter de dormir au chaud, mais il y a très peu de place. Un Georgien de soixante ans témoigne.

Athanase a soixante ans. Il est Géorgien et vit dehors, en ce début d'hiver, à Strasbourg. -5 degrés ce dimanche 3 décembre. Avec un ami, ils se sont installé un duvet sur les sièges d'une voiture. Voilà trois semaines que cela dure. Pas très confortable, mais mieux que la rue directement. "A deux" dit-il "il fait un peu moins froid."

Ce Géorgien explique qu'il appelle le 115 (numéro d'urgence sociale), tous les jours, qu'on lui répond chaque fois que tout est complet. Mais il espère quand même dormir au chaud, au moins une fois.

En journée, ils trouvent un peu de chaleur dans les locaux du Secours Populaire, mais après un café ou une soupe chaude, il leur faut toujours repartir affronter le froid, pour de longues heures.

Des critères drastiques pour être hébergés 

Le Bas-Rhin compte environ 2500 places d'hébergement et le plan grand froid déclenché par la préfecture ouvre quinze places supplémentaires. Alors pour faire partie des rares élus, il faut répondre à des critères drastiques.

"Il faut que ce soit des enfants de moins de trois ans et que la mère soit seule." explique Camille Véga, secrétaire général du Secours Populaire du Bas-Rhin. "C’est-à-dire que si vous avez un bébé qui a ses deux parents, il n'est pas considéré comme suffisamment vulnérable pour être mis à l'abri, et on le laisse dormir dehors."

"Si un bébé a ses deux parents, il n'est pas considéré assez vulnérable pour être mis à l'abri, donc on le laisse dormir dehors."

Camille Véga, Secrétaire général du Secours Populaire du Bas-Rhin

Cinq des bénéficiaires des quinze places ouvertes, sont des femmes. Elles sont installées sommairement dans une salle de réunion d'un centre d'accueil d'urgence. Mais ce refuge ne représente qu'un répit de quelques jours pour elles.

Sabrina craint le moment de se retrouver à nouveau dans la rue. "J'ai un peu peur de repartir dehors, parce que nous, on est des femmes, on ne sait pas bien se défendre par rapport aux hommes. Jeudi, je suis restée dormir à la gare de Strasbourg, mais je suis restée réveillée jusqu'à ce que la gare rouvre le matin."

Le plan national Grand Froid niveau 2 est déclenché quand les températures sont négatives le jour et sont comprises entre -5 °C et -10 °C la nuit. Le niveau 3 (froid extrême) est déclenché par températures négatives le jour et inférieures à -10 °C la nuit.

En Alsace, des associations d'aide aux sans-abri réclament l'ouverture de gymnases dès à présent.

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