L'air en ce mois de décembre 2023 est doux comme au printemps. On voudrait se réjouir et en même temps on s'interroge. 14°C en plaine, 7°C en montagne, douze jours avant Noël. Pas complètement anormales selon les météorologues, mais les stations de ski doivent s'adapter dans les Vosges.
Dans les stations de ski alsaciennes, cette douceur complique la vie des gérants et exploitants. Thomas Cron, chef d'exploitation de la station de ski du Markstein, connaît bien le problème. Il fait 6 à 7 degrés depuis quelques jours dans sa station, à 1000 mètres d'altitude. Alors, la neige tombée début décembre a presque complètement fondu. Selon lui pourtant, il n'y a pas de raison de paniquer.
"On a fait deux très belles semaines pour débuter décembre. Il n'y a pas de quoi se lamenter, on est positif, car certaines années on n'a pas encore eu de neige à cette période." Mais la remontée des températures l'oblige à revoir les activités proposées au public."On va rouvrir notre piste de luges d'été pour ce week-end." Une piste sur rail de 1200 mètres de long qui leur permet de maintenir l'activité sur site, chaque fois que la neige fait défaut.
Même situation délicate au Champ du Feu, pour Marie-Mathilde Morel, la directrice du domaine skiable le plus au nord de France, en charge du développement. Le fait qu'il ait neigé dès le 1er décembre a obligé les exploitants à mobiliser le personnel et les équipements très vite. Mais pour elle, ce qui gêne le plus l'exploitation, ce sont les variations de températures. "Désormais" dit-elle, "il faut gérer les variations brutales de températures. On ne sait pas si la neige va tenir et combien de temps."
Rien d'alarmant pour un mois de décembre
De son côté, le météorologue et prévisionniste Christophe Mertz de Atmo-Risk, indique que ces températures ne sont pas hors-norme : "Nous ne sommes pas dans un record absolu, comme cela a été le cas en 2022, où entre le 31 décembre et 1er janvier, nous avions 18,6 degrés."
Et il précise : "Ce n'est pas nouveau. Depuis une dizaine d'années, les températures grimpent. En plus du réchauffement global, nous avons chaque hiver en Alsace une période avec des températures, sous influence de l'océan atlantique." Nous subissons alors des dépressions et perturbations en série, ce qui est typique dans nos climats semi-continentaux.
" Mais sur les dix dernières années, ces phénomènes sont plus conséquents, avec des périodes de pluies et de douceur plus longues et plus fréquentes." Ce qui explique les 13,2 ° à Bâle-Mulhouse ce dimanche, et les 14,1° à Gougenheim, au nord-ouest de Strasbourg. Mais aussi les plus importantes chutes de pluie des vingt dernières années, sur les massifs alsaciens, comme le Markstein ou le Grand Ballon.
Ce redoux était prévisible, mais ne va pas durer
"Sur les bulletins du 4 décembre, nous annoncions déjà une dizaine de degrés pour le 11. Ce mardi 12, nous avons 6 à 7 degrés à 1000 mètres d'altitude. Et outre le redoux, la fonte de la neige est encore accélérée par le vent océanique, lui-même plus chaud que la normale. Il y a trente ou quarante ans, les mécanismes météo étaient les mêmes" insiste Christophe Mertz, "mais il y a 1,5 degré de plus, donc la douceur est exacerbée par rapport à cette époque-là."
"Les mécanismes météo étaient les mêmes avant, mais on est dans un climat réchauffé, il ne faut pas se voiler la face."
Christophe Mertz, météorologue Atmo-Risk
Entre mercredi 13 et jeudi 14 décembre, les températures vont revenir à des normales de saison en Alsace. "Entre vendredi et lundi, un anticyclone va s'installer, pour la première fois depuis le 15 octobre, ce qui signifie retour d'un temps sec. Nous aurons des températures entre 0 et 2 ° le matin et entre 3 et 10 degrés l'après-midi. "
La projection jusqu'à Noël, donc à 12 jours, est moins évidente, mais il est sûr que le temps sera plus perturbé, avec de la grisaille, du brouillard et des précipitations. Reste à préciser si ces précipitations se feront sous forme de pluies ou de neige.
Exploitants et touristes s'adaptent
Dans les stations de ski, exploitants et touristes s'adaptent. "Ceux qui viennent dans nos montagnes sont équipés de chaussures de randonnées et de raquettes" explique Thomas Cron " et ils choisissent en dernière minute, en fonction de la météo." Sinon il est toujours possible de randonner à pied, de faire des marches.
En hiver, tout le monde rêve de neige en montagne, "mais" conclut l'exploitant "on ne peut pas changer la météo, alors nous suivons les prévisions avec pragmatisme. D'ailleurs, il vaut mieux que ce redoux ait lieu maintenant que mi-janvier ou pendant les vacances de février" conclut le chef d'exploitation de la station de ski du Markstein.