C’est une tradition séculaire dans les communes d’Offwiller (Bas-Rhin) ou de Wintzenheim (Bas-Rhin) : le lancer de milliers de disques enflammés (Schieweschlàwe). Chaque dimanche après mardi gras, tous les habitants se réunissent dans les hauteurs pour lancer ces comètes artisanales et faire revenir le soleil. Rendez-vous ce dimanche 26 février.
C'est une tradition plus que séculaire. Le lancer de disques enflammés dans l'épaisseur de la nuit et de l'hiver afin de chasser les ténèbres. A l'équinoxe de printemps, on fait revenir la lumière, le printemps. Un rituel initiatique que l'on retrouvait autrefois dans tous les villages situés sur la ligne des collines pré-vosgiennes, dans le Kochersberg et en Forêt Noire. Ce 26 février, premier dimanche de Carême, Offwiller, Wintzenheim-Kochersberg lancent le bal.
Un peu d'histoire
La première mention du Schieweschlàwe remonte à 1090. Un document relate qu’un couvent a été incendié à Lorsch (Allemagne) par un disque enflammé lancé lors d’une fête d’équinoxe de printemps. Certains affirment, mais l'information reste douteuse, que Charlemagne, en 742, interdisait déjà de tels feux en raison des dangers qu’ils présentaient pour les habitations.
Plusieurs interprétations sont faites de ce rituel : vénération du dieu soleil remontant aux traditions gauloises, persistance d'un rite plus ancien encore venu des Celtes ou invention plus moderne de l'ère médiévale. Peu importe l'origine finalement, l'idée est restée la même, manichéenne, la lutte sempiternelle entre la vie et la mort, la lumière et l'obscurité, le disque enflammé et la nuit.
De cette pensée magique est également resté le geste. Toujours identique. De génération en génération. Toujours la nuit, toujours le feu, primitif. Pas de feux d'artifices, pas de pétards. L'authenticité est préservée. Une seule association d'Offwiller est ainsi autorisée à organiser tous les ans au départ du chemin menant à la clairière une buvette vendant bâtons et disques.
Une baguette de châtaigner et un disque de bois
Rendez-vous est donné dans une clairière située sur les hauteurs du village : le «Schiewebarri». Là, sept grandes pierres plates sont dressées de manière à former des rampes de lancement.
Au crépuscule, la fête commence. Au bout d'une baguette, flexible, de châtaignier, on fixe un petit disque en bois de hêtre de 10 ou 12 cm de diamètre percé d'un trou central. Le disque est plongé dans les braises du bûcher. Lorsque les bords commencent à brûler, on le retire. Le lanceur se dirige vers une pierre plate inclinée vers la vallée, décrit plusieurs moulinets en l'air puis frappe le disque sur le tremplin. La rondelle de bois se détache et décrit une trajectoire lumineuse dans le ciel.
Le spectacle est saisissant. Des arabesques jaunes et orangées naissent dans le ciel. Pour y assister ce dimanche 26 février, un conseil ou deux : couvrez-vous chaudement, avec des vêtements auxquels vous ne tenez pas particulièrement, munissez-vous d'une lampe de poche et surtout ouvrez grand vos yeux.