"Au cœur des volcans, requiem pour Katia et Maurice Krafft", c'est le nom du documentaire du réalisateur Werner Hertzog, un film dédié au célèbre couple de volcanologues alsaciens disparus il y a 33 ans. Le film est sorti en salle le mercredi 18 décembre. L'occasion de retrouver un de leurs amis, le géologue Pierre Fluck, installé à Mulhouse.
Le film "Au cœur des volcans, requiem pour Katia et Maurice Krafft", signé Werner Herzog, est sorti le 18 décembre. Il est actuellement visible au cinéma Star de Strasbourg. Ce couple de vulcanologues a définitivement marqué les esprits. "La disparition de Katia et Maurice, c'est comme si c'était hier, avoue le géologue Pierre Fluck, qui les a bien connus. Leur œuvre n'a pas pris une ride, elle est toujours d'actualité, elle a marqué des générations entières, elle a marqué les esprits, aussi bien en Alsace que dans le monde entier. "
Katia Conrad et Maurice Krafft se rencontrent en 1966. Elle est née à Soultz, lui à Mulhouse. Dans les années 60, elle suit des études de physique et de géochimie à l'Université de Strasbourg. Lui étudie la géologie dans la capitale alsacienne. Pendant 25 ans, jusqu’à leur mort en 1991, ils ne se quitteront plus. Ce jour-là, le Mont Unzen au Japon entre en éruption, éjectant des coulées pyroclastiques qui dévalent ses pentes, tuant 37 personnes, dont Katia et Maurice Krafft. Leurs corps, brûlés au point d'être méconnaissables, ne pourront être identifiés que par quelques objets personnels, comme la montre et l'appareil photo du vulcanologue.
"Maurice et moi, nous nous sommes rencontrés à Strasbourg, pendant nos études de géologie générale, poursuit Pierre Fluck. On a fait ensemble beaucoup de voyages dans la région, dans les Vosges, en Lorraine, dans le Jura alsacien. C'est là que je l'ai vraiment découvert, sur le terrain. Il était fasciné par les roches. Maurice avait une personnalité très affirmée. Il était toujours prêt à faire plein de gags. Il a construit sa propre vision du métier de vulcanologue avec Katia, qu'il a rencontrée en maîtrise."
Maurice Krafft a voulu s'éloigner des sentiers battus. "Il a dit à certains scientifiques: "Vous, vous faites votre métier dans un laboratoire, penchés sur vos microscopes. Nous, on regarde la nature en train de se fabriquer, en direct", raconte celui qui fut l'un de ses plus proches amis. Quand on aime quelque chose, on a envie de le partager. C'est ce qu'il faisait. La plupart des scientifiques écrivent des publications qui sont hermétiques, lisibles uniquement par nos pairs. Ce n'était pas la façon de faire de Maurice. Leur production est impressionnante, ils ont écrit énormément de livres."
Le parrain de son fils
Des livres que Pierre Fluck a précieusement gardés. Il a encore aujourd'hui un pincement au cœur quand il évoque la mort de son ami : "Maurice était le parrain de mon fils, mais malheureusement, il est décédé quand ce dernier avait un an seulement. On n'a pas eu le temps d'organiser le baptême. "
Grâce à ce documentaire, les archives captivantes du couple reprennent vie, des images impressionnantes, au plus près des éruptions. Katia et Maurice Krafft ont toute leur vie été fascinés par les volcans, ils se sont parfois avancés au bord du gouffre. Les images sont une symphonie dédiée à la nature. Pierre Fluck se souvient: "Ce que je garde de lui, c'est sa passion pour la nature, Il voulait absolument comprendre la planète". En se penchant sur le sort des victimes des éruptions, Maurice Krafft voulait aussi sensibiliser le monde entier à la prévention des risques volcaniques.