Des fouilles archéologiques menées chaque été depuis 2022 à Graufthal (Bas-Rhin) permettent à une abbaye fondée au 12e siècle de refaire peu à peu surface. Des visites du site destinées au public sont menées par les archéologues et les bénévoles afin de faire comprendre comment vivaient ici les bénédictines au Moyen Âge.
Un alignement de cinq arcades menaçant de s'effondrer et deux murs couverts de ronces, voilà tout ce qui restait de l'abbaye de Graufthal (Bas-Rhin) il y a encore quelques années. Avant que les vestiges de cet ancien couvent de bénédictines fondé au 12e siècle ne soient tout à fait engloutis et avec eux ses secrets, des fouilles archéologiques sont menées sur le site depuis trois ans chaque été.
C'est donc tout un édifice qui retrouve la lumière au fil des saisons grâce aux archéologues, aux étudiants et aux bénévoles à l'œuvre sur le site. La troisième et dernière campagne de fouilles, lancée le 1er juillet 2024, va permettre d'en savoir un peu plus sur le plan et la chronologie de cet ancien couvent ainsi que sur la vie quotidienne des bénédictines qui l'occupaient.
Mise en valeur du site
C’est tout l’objet des recherches de Lucie Wissenberg, archéologue, qui dirige l'équipe sur place. "Le projet est de mettre en valeur ce site et qu'il fasse partie d'une visite aussi à long terme. Il s'agit de comprendre les lieux, l'histoire religieuse de l'Alsace et le mode de vie des moniales".
Sur le chantier de fouilles se dessinent peu à peu les différentes parties de l'abbaye, comme le réfectoire de style roman. À côté s'esquisse une autre pièce, peut-être une cuisine. Et surtout, la pièce maîtresse de l'édifice, le cloître. "Ouvert au milieu avec une galerie intermédiaire de circulation qui donne accès aux différentes pièces", fait remarquer Lucie Wissenberg.
Pour comprendre à quoi ressemblait l'abbaye au 12e siècle il faut imaginer un édifice tout en colonnes et voûtes de grès rose. Les voûtes se sont malheureusement effondrées mais des hauts de colonnes encore debout, coiffées de leur chapiteau sculptés, permettent de s'en faire une idée.
Les surprises des découvertes
Des sépultures d'une époque plus tardive ont été découvertes dans le cloître. Comme celle du seigneur de Lutzelbourg, mort en 1358 si l'on en croit les inscriptions gravées sur la dalle mortuaire. "Avec les archives, on apprend que ce chevalier de Lutzelbourg était l’avoué de l’abbaye, c'est-à-dire un seigneur laïc qui va s'occupait des affaires internes de l’abbaye", précise l'archéologue.
À quelques mètres, une autre tombe, plus simple, a été mise au jour par une bénévole, Capucine Pernet. "C'est la première fois qu'on la voit en entier. Toute la terre qu'on enlève au-dessus c'est du remblai, ce qui veut dire qu'on arrive au niveau des anciens occupants".
Pour arriver à ce niveau originel, des tonnes de terre ont été déblayées, révélant parfois des surprises. Après la pioche et la truelle, c'est l'eau du tamis qui est utilisé pour faire le tri. "Cela permet de trouver beaucoup de petits objets, comme des pièces de monnaie, des débris de décorations ou de céramique", explique un bénévole de l'association de mise en valeur de Graufthal, Claude Wiedenhoff.
Tous ces objets vont être répertoriés et seront étudiés par la suite par Lucie Wissenberg et l'équipe d'Archéologie Alsace. L'objectif pour les chercheurs est de faire aussi de cette abbaye un lieu de visite pour le public. Des rendez-vous gratuits, d'environ une heure, sont organisés régulièrement en compagnie de l'équipe d'étudiants et de bénévoles.