La vallée de Kaysersberg, très prisée des étrangers et des Parisiens, attire davantage les Alsaciens depuis le début de la crise sanitaire. Et si c'était l'avenir ? Les professionnels poussent en ce sens et continueront, sans renier le reste, à soutenir le tourisme local après la fin de l'épidémie.
Ce n'est plus du local. Avec ce troisième confinement synonyme de sorties loisirs limitées à 10 km autour de chez soi, on peut parler d'ultra-local. Carrément. Le mot n'effraye pas Christophe Bergamini, l'ingénieux directeur de l'office de tourisme de la vallée de Kaysersberg et de la station du Lac Blanc.
"On était prêts à accueillir les touristes pour les vacances d'avril mais elles ont été avancées et escamotées à cause de cette règle des 10 km et du confinement. Mais nous, on n'est pas à cours d'idées et on a voulu proposer un maximum d'activités à destination des locaux", souligne-t-il.
Sentiers ludiques et initiation au golf
Il faut dire qu'avec la communauté d'agglomération de Colmar et ses quelque 116.000 habitants, il y a de quoi faire. Et si ces derniers ne peuvent partir en balade jusqu'au Lac Blanc, Kaysersberg et sa vallée restent à moins de 10 km à vol d'oiseau.
Une bonne raison de ne pas se laisser abattre par une pandémie qui semble ne plus vouloir se terminer. Ce tourisme ultra-local, grâce à l'autorisation accordée par l'exécutif de sortir en extérieur sans limitation de durée, Christophe Bergamini compte en tirer parti un maximum, comme il l'explique dans cette interview :
Idées de randonnées, de balades ludiques pour les enfants, de sorties VTT et même initiation au golf : autant d'activités proposées qui resteront valables évidemment pour tous une fois les restrictions levées. La liste complète est à retrouver sur le site de la station du Lac Blanc ou sur celui de Kaysersberg.
Découvrir, redécouvrir des recoins cachés ou des sentiers oubliés même près de chez soi, c'est possible. Jérôme Bentzinger, qui habite Kaysersberg, n'a pas encore fait le tour. Pourtant, il n'a pas attendu le covid-19 pour apprendre à s'évader près de chez lui. Lui, amoureux de la nature et du sport, arpente sans relâche les routes ou les chemins, à vélo, à VTT ou à ski. "Non, je ne me lasse jamais, confie-t-il avec un grand sourire. On s'émerveille toujours, même après 25 ans passés ici. Mes enfants aussi se régalent."
J'ai eu la chance de croiser un lynx par deux fois, ça aussi, c'est un magnifique souvenir.
A tel point qu'il ne part que rarement en vacances. "Il me suffit d'aller pique-niquer en famille autour du château de Kaysersberg pour me sentir en vacances, ajoute-t-il. Chaque coin change selon la lumière et les saisons. Le printemps, l'automne, l'hiver, les paysages varient tellement. A chaque moment de l'année ses couleurs. J'ai eu la chance de croiser un lynx par deux fois, ça aussi, c'est un magnifique souvenir."
Et difficile de lui donner tort et de ne pas s'enthousiasmer avec lui, à la vue par exemple de cette vidéo postée ce jeudi 15 avril sur la page Facebook de l'office de tourisme:
Au-delà de l'exemple de Jérôme Bentzinger, depuis un an, les Alsaciens se sont réappropriés leur région, leurs vallées et leurs sentiers de montagne. "On a vécu des scènes de dingue l'été dernier sur les crêtes avec un monde de fou, se souvient Christophe Bergamini. On se posait des questions à la sortie du premier confinement mais les locaux sont venus en masse."
Le tourisme local, une philosophie d'avenir?
Attention, il ne s'agit en rien pour le village préféré des Français en 2017 de renier l'importance de la clientèle hexagonale, parisienne ou nordiste par exemple, mais aussi belge, allemande et chinoise. Accueillir ces visiteurs reste et restera l'une des priorités des professionnels de la vallée et du Lac Blanc.
Cela n'empêche pas de réfléchir en paralèlle à une philosophie axée sur un développement éco-responsable, avec un peu moins de tourisme de masse. "L'enjeu fondamental, c'est de concilier la volonté des touristes et des habitants qui ne veulent pas trop de monde en même temps. La réflexion sur le sujet existe mais il ne faut pas oublier non plus l'aspect économique du tourisme et que cela fait vivre des gens", nuance Christophe Bergamini, qui insiste sur l'importance des nuitées.
Et sans se cantonner à l'ultra-local, le tourisme de proximité est une idée qui séduit le patron de l'office de tourisme de Kaysersberg. "Des gens de Strasbourg, de Colmar, de Mulhouse ou du Grand Est viennent de plus en plus passer quelques nuits chez nous. Il y a aussi des Lorrains, des visiteurs de France-Comté qui n'hésitent pas à faire quelques heures de route pour prendre l'air. Ça reste à mes yeux du local."
On n'attire pas les Alsaciens avec une choucroute
A propos, quels meilleurs ambassadeurs du territoire que les habitants eux-mêmes ? A Obernai, l'office de tourisme et la communauté de communes du pays de Sainte-Odile invitent les riverains à partager leurs plus belles idées de sortie. L'opération "Partageons nos coups de coeur" est accessible sur les réseaux sociaux et sera déclinée sur la page Instagram de la commune par exemple:
Et de la cathédrale de Strasbourg aux cimes vosgiennes, de la forêt de Haguenau aux collines du Sundgau, il y a de quoi faire et refaire en Alsace. Il y a sans nul doute un coin de ce "beau jardin", comme l'appelait en son temps Louis XIV, qu'il vous reste à explorer vous aussi, pas vrai?