VIDEO. "L'intuition pour seul guide", un voyage au Kirghizistan a transformé sa vie

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Sujet Rund Um en alsacien sous-titré ©France Télévisions

L'Alsacien Patrice Weisheimer se définit comme 100% rationnel. Pourtant, sur un coup de tête, il est parti au Kirghizistan. Son seul but : rencontrer un chamane, et voir le lac Song Köl. Dans un livre, il raconte ce voyage qui a bouleversé son existence.

"Je suis un logico-rationnel pathologique qui a toujours besoin de comprendre, de chercher par la science, de tout vérifier trois fois", sourit Patrice Weisheimer. Pourtant, en 2021, ce quadragénaire d'origine strasbourgeoise a soudain laissé libre cours à son intuition, pour partir trois semaines en Asie centrale, au Kirghizistan, ancienne république de l'URSS. Sans rien préparer, lui qui d'ordinaire organisait et planifiait tout. Simplement parce qu'il se sentait "appelé par ce pays".

Ses seuls objectifs au moment du départ : "rencontrer un chamane" et atteindre le lac Song Köl. "Je ne peux pas l'expliquer. A l'époque, le chamanisme et ce genre de choses, ça ne me correspondait pas du tout, se souvient-il. Mais j'ai vraiment senti que je devais aller là-bas."

A ce moment-là, après un burn out suite à une vingtaine d'années de luttes syndicales, cet ancien conseiller pédagogique auprès de Jeunesse et Sport ressent aussi la nécessité de faire le point sur sa carrière et sa vie. Il part donc avec son sac à dos, dans un pays dont il ne maîtrise pas les langues - le kirghize et le russe -, "avec (son) intuition pour seul GPS."

La rencontre avec une chamane

Patrice Weisheimer atterrit à Bichkek, la capitale du Kirghizistan, le 24 juillet 2021. Après une première nuit compliquée, il finit par trouver une auberge de jeunesse, où un jeune étudiant anglophone, Arslan, travaille durant l'été. 

A peine deux jours plus tard, ce dernier lui permet de rencontrer une chamane, Olà, qui pratique pour lui un "rituel de nettoyage" dans un lieu sacré, à une heure de route de la ville. "C'était vraiment une grande expérience pour moi, se souvient Patrice Weisheimer. On a fait une cérémonie, avec des chants, des danses, et des rituels énergétiques bizarres."

Dans son livre, écrit à son retour, il raconte que, les yeux fermés, il sent qu'Olà lui "tapote le corps avec son collier de perles", "agite des bâtons d'encens en flamme autour de (lui)", "par ses gestes, laisse à penser qu'elle sort quelque chose de (sa) tête". Et qu'à ce moment, il ressent "comme une pression qui se relâche au niveau du crâne."

Puis Arslan lui traduit le "diagnostic" d'Olà, qui "parle d'un conflit au travail qui a laissé des traces", et affirme qu'à la fin du processus, "(ses) capacités de clairvoyance et d'intuition seront plus développées." "Cette cérémonie a fonctionné pour moi, assure Patrice Weisheimer. Ça a changé beaucoup de choses dans ma tête, et dans mon cœur."

Au bord du lac Song Köl

Le voyage se poursuit comme il a commencé : sans aucune planification. "Chaque jour, je m'asseyais, en laissant les événements advenir. Et soudain, je sentais où je devais aller" se souvient Patrice Weisheimer. Il trouve rapidement le moyen d'atteindre le lac Song Köl, à plus de 3000 mètres d'altitude, et trouve un hébergement dans une yourte, chauffée à la bouse de vache.

Dans ce lieu éloigné de tout, il croise "des personnes incroyables". Et durant l'une de ses randonnées, il vit une autre expérience fondatrice. En se mettant "en état modifié de conscience", il se revoit dans une existence antérieure.

"Je me voyais au bord du lac, en tant que guerrier turkmène", raconte-t-il, un guerrier venu perpétrer en massacre en ce lieu. "J'ai compris pourquoi j'ai tant de colère en moi, face à l'injustice. J'ai beaucoup appris sur moi-même." Cette vision ne l'a pas quitté. "Je l'ai encore dans la tête, encore dans le cœur. C'est tellement fort, ce souvenir, il est gravé en moi."

Mais elle l'a profondément apaisé. "Je me sens comme libéré d'un poids", écrit-il dans son livre. "Je sais maintenant pourquoi je devais venir au lac Song Köl. Je devais me reconnecter à cette terre pour me libérer de cette mémoire."

Des prises de notes pour un livre

La fin de son périple kirghize l'emmène encore dans d'autres lieux, dont la gorge d'Issyk-Ata, et lui laisse tout le temps nécessaire pour l'introspection. "Matin et soir, chaque jour", il note toutes ses expériences dans son carnet de voyage en cuir. "Parce qu'il fallait que ça sorte."

A son retour, il étoffe largement son récit d'informations vérifiées et de références bibliographiques avant de le faire publier. Son objectif n'est pas simplement de "partager cette histoire, et la raconter à d'autres." En effet, lui, le pur cartésien, reste persuadé que son vécu, "ce n'est pas que de l'ésotérisme".

Il tient donc aussi à préciser "ce qu'on peut déjà expliquer par la science", dont les états de conscience modifiée, ou l'intuition, depuis longtemps étudiée par les neurosciences. Même si certains aspects restent encore inexpliqués à l'heure actuelle.

Actuellement il présente régulièrement son ouvrage et son expérience kirghize à un vaste public. Conformément aux prédictions d'Olà qui avait affirmé qu'à son retour, il ferait "plein de choses et des conférences."

Un voyage vers lui-même

Comme il l'avait pressenti au Kirghizistan, ce voyage vers lui-même a aussi profondément modifié sa propre existence. Il a déménagé à la campagne, avec sa famille. Et un an après son retour, désireux d' "aider l'autre à construire son propre chemin", il s'est formé au coaching.

Renonçant à la sécurité de son emploi antérieur, il exerce désormais en tant que coach-alignologue. "J'accompagne des chefs d'entreprise et des groupes de travail, pour les aider à aligner leurs valeurs, leurs discours et leurs actes sur un même axe, explique-t-il. Et leur permettre de retrouver une cohérence."

Lui-même continue d'approfondir sa connaissance du chamanisme, et se forme auprès de Corinne Sombrun, une ethnomusicologue française, qui est la première Occidentale reconnue comme chamane en Mongolie. Et qui se consacre à mettre la pratique de la transe au service des scientifiques désireux d'en étudier le potentiel thérapeutique et les modifications qu'elle provoque sur les hémisphères cérébraux.

Au quotidien, Patrice Weisheimer ose désormais aborder les questions de spiritualité avec son entourage, familial et professionnel. "Je ne parle pas de religion, mais de spiritualité, ce n'est pas la même chose, précise-t-il. Pour moi, il y a de l'énergie dans chaque chose, chaque vache, chaque forêt… Et cette énergie, on peut entrer en communication avec elle."

Avoir appris à lâcher prise, à ne plus tout contrôler, mais à se reconnecter à soi-même, lui a aussi permis de surmonter certaines inhibitions. "Avant, j'étais convaincu que je ne savais pas dessiner, et je ne dessinais donc jamais avec mes enfants", reconnaît-il.

Désormais, quand ses deux fils rentrent de l'école, tous trois passent de longs moments couchés par terre, à tracer de grandes fresques avec des craies grasses. Et peu importe l'esthétique du résultat. Seul compte le plaisir partagé.  

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