VIDEO. Les Mamies Gâteaux, l'association qui redonne de la saveur à la vie des aînés

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Les "mamies gâteaux" apprennent de nouvelles astuces d'une pâtissière chef.
Sujet Rund Um en alsacien ©France Télévisions

A Strasbourg, dans le quartier du Neudorf, une association propose à des retraitées de se retrouver pour faire de la pâtisserie. Afin de briser leur solitude, mais aussi, si besoin, pouvoir arrondir leurs fins de mois. Rund Um vous y emmène.

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Dans une grande cuisine lumineuse, une dizaine de dames retraitées s'affairent. Elles pèsent les ingrédients pour préparer une pâte à tarte, puis l'étalent sous l'œil attentif d'une chef pâtissière qui leur prodigue trucs et conseils : "Détendez la pâte, n'appuyez pas trop…"

La pâte est enroulée autour du rouleau, pour bien pouvoir la déplacer sans la déchirer. Quand l'opération réussit, les rires fusent, et les langues se délient. La complicité est palpable. "Ich fraij mich, fir ze komme" (je me réjouis de venir)" lance Marguerite Colin, l'une des "mamies", tablier bien noué et charlotte sur la tête. "J'habite dans le quartier, et dans un magasin, j'ai vu l'annonce pour cet atelier. J'ai téléphoné, je suis venue, et c'est formidable. On rencontre du monde, on discute, et on fait des gâteaux."

"C'est une bonne ambiance, et la cuisine est si belle, avec les grands fours, et tout, c'est un plaisir" renchérit Alice, la doyenne du groupe qui approche des 90 ans. "On était déjà là avant Noël, pour préparer des bredele. Il y a toujours à faire."

Lutter contre la solitude

Après avoir coupé la rhubarbe et préparé le flan, il faut attendre que les tartes cuisent. Ces dames enlèvent charlottes et tabliers et vont boire un café dans la petite salle attenante. C'est là que, d'ici peu, un salon de thé ouvrira les après-midis. Un lieu ouvert à tous, où la production du matin sera proposée à la vente. Mais surtout un lieu où les aînés du quartier pourront se retrouver dans un cadre agréable.

Car le premier objectif de l'association des Mamies Gâteaux est de lutter contre l'isolement des personnes âgées, et de renforcer le lien social. Même le choix du Neudorf n'est pas dû au hasard car, selon Vincent Gabbardo, responsable du projet, "c'est le quartier le plus vieillissant de Strasbourg, où 16% des habitants ont plus de 60 ans."

Or la vieillesse est souvent synonyme de solitude, lorsque le conjoint décède et les enfants vivent ailleurs. Et dans ce genre de situation, rester actif et créatif s'avère souvent difficile : "Je vis maintenant toute seule, je n'ai donc plus personne pour qui faire de la pâtisserie" explique Denise.

"C'est pour ça que je suis venue, pour être avec d'autres "mamies" et aussi pour refaire des gâteaux. Dès que j'ai le droit de venir, je viens." Cet atelier, gratuit, ne fonctionne pour l'instant qu'une fois par semaine. Les candidates, qui sont près de 70, ne peuvent donc venir qu'à tour de rôle.

Retrouver confiance en soi

Les tartes sorties du four, vient l'étape délicate de la finition à la meringue. Tina Barbaro, la chef pâtissière salariée de l'association, fait une démonstration à l'aide d'une simple poche coupée de biais. Et provoque des cris d'admiration, suivis d'un peu de stress lorsqu'il s'agit de reproduire ses gestes. Mais au final, chaque "mamie" parvient à couvrir son gâteau de jolies vaguelettes blanches et brillantes.

Même s'il ne s'agit pas d'un cours de cuisine, l'objectif de cette matinée est également de valoriser les compétences de ces dames, et de leur redonner confiance en elles. "Il y a des choses à apprendre, comme l'hygiène : on porte une coiffe sur les cheveux, et on se lave les mains" résume Tina Barbaro. "Et on travaille la chronologie, comme on fait de la pâtisserie en milieu professionnel, et pas chez soi comme ménagère."

"Il n'y a pas d'âge pour apprendre" jubile Odette, autre "mamie". "Cette tarte, je vais la refaire cet après-midi à la maison. Hier j'ai reçu deux kilos de rhubarbe. Ce sera donc une grande tarte, que je distribuerai autour de moi. J'espère juste qu'on me dira que la pâte est bonne… Eh oui, parce que je l'ai apprise ce matin."

Combattre la précarité des aînés

Mais Vincent Gabbardo poursuit encore un autre but : lutter contre la précarité de certaines personnes âgées, en proposant à celles qui le souhaitent une activité rémunérée. "On aura d'une part la réalisation de pâtisseries à vendre dans le salon de thé, une petite vente au comptoir. Mais également la participation à des événements que nous pourrons prévoir bien en amont" précise-t-il.

Il explique : "On a dimensionné l'activité pour accueillir trois ETP (équivalents temps plein), ce qui permettrait de proposer à une vingtaine ou une trentaine de personnes âgées de participer chaque mois, et d'être rémunérées, de quelques heures à beaucoup plus."

En revanche, il n'est pas question de concurrencer les boulangeries-pâtisseries. Dans ce contexte associatif, la production doit rapporter au maximum 30% du budget global. Le reste sera être couvert par des subventions.

Pour pouvoir toucher les bonnes personnes et leur proposer un accompagnement adapté, Mamies Gâteaux travaille avec plusieurs associations caritatives. "L'idée est de répondre vraiment à leurs besoins, ce qui demande de bien les connaître et de créer un lien de confiance" estime l'initiateur du projet. Pour bien lancer le projet, deux jeunes en service civique ont également rejoint l'association, pour aider à la communication, et faire des visites à domicile.

L'atelier intergénérationnel du mercredi

Le mercredi après-midi, la cuisine accueille un atelier intergénérationnel, où une dizaine d'enfants des quartiers avoisinants, accompagnés d'un parent, viennent faire de la pâtisserie avec deux autres "mamies". Une manière de créer des rencontres conviviales entre des petits, dont les grands-parents vivent parfois au loin, et des dames dont les petits-enfants sont déjà grands.

Loélla, 9 ans, prépare une pâte à cookies avec "des pépites de chocolat, de la farine et du beurre" sous l'égide bienveillante de "mamie" Michelle. "Ce qui me plaît, c'est travailler" confie-t-elle, tout sourire. Sarah, 12 ans, était déjà venue "il y a quelques semaines." Elle adore "découvrir une nouvelle culture, des choses que je n'avais jamais faites" comme "les laemmele. C'était très bon."

Vu le nombre d'enfants et de familles intéressés, là aussi, il faut là aussi organiser un roulement. Mais pour la "mamie" Michelle Fischer, présente chaque semaine, "ce sont toujours de chouettes après-midis. Chaque mercredi, on fait autre chose : crêpes, muffins, cookies, bredele…"  Elle aime beaucoup "apprendre, expliquer" et partage la joie des enfants à la vue du résultat : "Ils sont toujours très heureux quand ça réussit."

Les cookies sortis du four, tous s'installent autour de la table pour les goûter. Verdict de Théo, 10 ans : "Ils sont moelleux, fourrés de chocolat assez fondant dans la bouche, et très bons." Comme les "mamies" de l'atelier du matin, les enfants peuvent emporter leur production à la maison. Théo refreine donc sa gourmandise, car il veut en garder pour sa famille : "deux pour mon grand frère, deux pour mon père et deux pour ma mère" explique-t-il.

Un lieu d'information et d'échange

A d'autres moments de la semaine, le local des Mamies Gâteaux sert de lieu d'information et d'échange. On y organise des ateliers "santé par la pâtisserie" à l'attention des aînés, pour leur proposer des recettes moins riches en sucre ou en beurre.

Les "mamies" peuvent aussi participer à des moments interculturels, durant lesquels des intervenants extérieurs leur révèlent les secrets de la pâtisserie orientale. Une belle occasion d'avoir des échanges enrichissants, et de prendre conscience de la diversité culturelle du quartier.

Le salon de thé devrait ouvrir ses portes au public dès la mi-juin. L'occasion pour tous d'aller déguster les réalisations des "mamies". Et de découvrir cet endroit convivial unique en son genre, au 142a route du Polygone, à Strasbourg.

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