Le Hartmannswillerkopf, ou " Vieil Armand ", est un sommet stratégique des Vosges du Sud, âprement disputé durant la Première Guerre mondiale. Il porte encore de nombreuses traces du conflit, particulièrement des kilomètres de tranchées dans un état de conservation remarquable.
Lieu emblématique de la Première Guerre mondiale, le Hartmannswillerkopf culmine à 956 mètres d'altitude, dans les Vosges du Sud. De nombreuses traces du conflit y restent encore visibles, plus d'un siècle après la fin du conflit.
"A la fin de la guerre, il y avait là-haut 90 km de tranchées et de boyaux de communication" raconte Gilbert Wagner, guide et membre du bureau du Comité national du Hartmannswillerkopf. "90 km... creusés à la main, avec des pelles et des pioches." Et il en reste encore "une bonne moitié."
Un circuit à pied d'environ deux heures, aménagé par le Club Vosgien, permet de découvrir à son rythme les principaux aménagements encore existants. Tranchées allemandes bien consolidées, car les Allemands avaient aménagé un téléphérique leur permettant d'acheminer des sacs de mortier depuis la plaine. Tranchées françaises, plus délabrées. Sur la partie sommitale, elles se font face à environ quinze mètres de distance.
Ici, chaque recoin rappelle l'âpreté des batailles, et les trous d'obus sont toujours apparents, même si la végétation a repris ses droits. Le long du sentier, d'émouvantes constructions, parfois encore surmontées d'un toit de tôle, aident à appréhender le terrible quotidien de ces hommes, et leurs tentatives de survie dans cette nature hostile où la température pouvait descendre à -20° en hiver. De-ci, de-là, on peut reconnaître "une pièce destinée au repos des soldats" ou "une fenêtre de tir"…
Le lieu rend l'absurdité de la guerre palpable. Au début du conflit, cette petite montagne n'intéressait personne. Mais à partir du moment où des Chasseurs alpins français y sont montés, fin décembre 2014, les Allemands sont arrivés également. A tour de rôle, chaque armée a tenté de reconquérir le sommet. Pour la simple raison qu'il lui permettait de dominer la plaine.
Les combats les plus meurtriers se sont déroulés en 1915, avant de faire place à une guerre des tranchées, de 1916 et 1918. Durant l'ensemble de la guerre, "entre 8 000 et 9 000 soldats ont trouvé la mort sur le Hartmannswillerkopf" rappelle Gilbert Wagner. Des chiffres plus anciens évaluaient le nombre de tués à près de 50 000, mais le décompte exact reste toujours impossible.
Dans le sol, il reste aussi d'énormes quantités d'engins explosifs : grenades à main, mortiers, ou obus de canons à longue portée, tant allemands que français. "Des tonnes" assure Didier Schahl, chef du centre de déminage de Colmar. Il est donc impératif que les promeneurs restent sur les sentiers balisés. Car régulièrement, des engins refont surface.
"Il n'y a pas de danger tant qu'on n'y touche pas" explique le démineur. Mais "il faut être très prudent. Ces munitions sont très sensibles. Si vous en trouvez, il ne faut surtout pas les manipuler. Prenez-les en photo, couvrez-les de feuilles ou de mousse, et signalez votre découverte." Régulièrement, le centre de déminage est appelé à intervenir pour neutraliser et récupérer ce genre de trouvailles.
En contrebas du sommet, près de la route et du col du Silberloch, 1640 soldats français reposent dans un grand cimetière. Et tout à côté, la crypte du Monument national renferme un ossuaire regroupant près de 12 000 corps.
Depuis 2017, une exposition relatant les principaux événements de la Première Guerre mondiale est présentée dans le bâtiment de l'Historial franco-allemand. Cet outil à multiples facettes, à la fois historique, mémoriel et pédagogique, est encore ouvert jusqu'au 12 novembre, avant de faire une pause hivernale. Mais l'accès au cimetière et au sentier reste toujours ouvert.