Zen, valorisant, écologique : pourquoi le tricot redevient-il aussi tendance ?

Le tricot fait un retour en force depuis plusieurs années. De plus en plus de jeunes se tournent vers cette pratique d'autrefois, stimulés notamment par les réseaux sociaux.

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Tricoter n’est plus l’apanage de nos grands-mères. Depuis quelques années, aiguilles et pelotes font un retour en force, notamment parmi les jeunes. Qui en sont parfois les premiers surpris. C’est le cas de Margaux, 32 ans, qui s’est mise – ou plutôt remise - au tricot vers l’âge de 25 ans. "Quand j’étais petite, ma grand-mère nous offrait à chaque Noël de quoi tricoter. Mais à l’époque, je n’étais pas contente d'avoir ça comme cadeau. Cela me saoulait un peu", confesse-t-elle. Elle ne se doutait pas alors qu’une fois devenue plus grande, elle finirait accroc, au point d’apporter son nécessaire de tricot au bureau pour réaliser quelques rangs sur ses temps de pause. "Je tricote par phases, mais quand je m’y mets, je peux y consacrer plusieurs heures par jour", reconnaît-elle.

Margaux s’est d’abord attaqué à un pull. "Mon premier essai était raté, il était trop grand. Du coup, je l’ai défait pour recommencer. Le deuxième était trop petit. Alors je suis passée aux écharpes", sourit-elle. Et depuis plusieurs mois, sa spécialité est de confectionner des couvertures moelleuses pour les bébés de ses amis. "Cela fait toujours plus plaisir d’offrir un cadeau qu’on a fabriqué, et si en plus le cadeau plaît, la satisfaction est d’autant plus grande."

À l’écouter, tricoter aurait de multiples vertus. Presque thérapeutiques. "C’est une bulle de relaxation, le cerveau s’arrête, on ne pense plus à rien sauf à aligner ses mailles. On peut même lire ou regarder un film en même temps", témoigne margaux. Avis partagé par une autre jeune tricoteuse, rencontrée lors de l’un de ces festivals de la laine et du tricot qui se multiplient un peu partout en France. "J’ai un job qui est cérébral et pas du tout manuel, Avec le tricot, on se pose, ça détend et ça calme l’esprit ", observe cette passionnée initiée elle aussi par sa grand-mère.

Deux passionnées de tricot en pleine action lors d'un festival de la laine organisé à Rittershoffen (Bas-Rhin). © David Meneu / France Télévisions

Ce besoin de recentrage, de détente et d’activité manuelle s’est particulièrement fait ressentir lors des confinements liés à la pandémie de Covid. Une mercière strasbourgeoise a observé le phénomène. Auparavant, Céline Wilhelm vendait essentiellement du tissu, des fils et des boutons. Ce sont ses clientes qui lui ont demandé de proposer également de la laine. Depuis, elle a carrément instauré des cafés tricot chaque mercredi dans sa boutique. Et s’est elle-même prise au jeu. Elle qui ne tricotait pas il y a encore deux ans ne peut plus s’arrêter : "c’en est au point que maintenant, le soir, je dois mettre une alarme pour m’arrêter, plaisante-t-elle, parce que je ne me rends même plus compte du temps qui passe."

Le soir, je dois mettre une alarme pour m’arrêter, parce que je ne me rends même plus compte du temps qui passe.

Céline Wilhelm

Mercière fan de tricot

Et plus besoin de l’initiation de Mamie pour s’y mettre. Désormais les tutoriels pour apprendre se multiplient sur Internet. Il suffit d’une vingtaine de minutes pour être capable de monter ses mailles et de se lancer dans la confection de son pull. Qui sera aussitôt affiché sur les réseaux sociaux. Les créations y foisonnent, rivalisant de formes, de motifs et de couleurs. C'est un matériau photogénique en passe de concurrencer les assiettes alléchantes et vidéos de conseils de maquillage.  

La satisfaction du tricot passe aussi par l'exposition de ses créations qui foisonnent sur les réseaux sociaux. © David Meneu / France Télévisions

Le tricot coche donc toutes les cases pour être à la mode. Y compris celle de répondre aux attentes du retour au fait main et d’une prise de conscience écologique, en réaction à la fast-fashion. De quoi dynamiser toute une filière autour de la laine écoresponsable. Les artisans teinturiers sont de plus en plus nombreux à proposer des traitements naturels. Maxime Perrin a fait le pari d’en vivre, arrêtant en 2017 son activité de technicien dans l’événementiel pour se lancer dans l’alchimie de la teinture végétale, à Rosheim (Bas-Rhin). Et pour certains coloris, il n’a pas à chercher bien loin. "Pour obtenir du jaune, j’utilise de la gaude, explique-t-il. Il s’agit d’une plante qui était déjà utilisée par les teinturiers au Moyen-Age et même par les Gaulois. Et elle pousse très bien dans mon jardin".

Pour les teintes de noirs, il lui faut chercher plus loin. Rien ne vaut selon lui le bois de campèche, petit arbre tropical de couleur sombre qui pousse essentiellement aux Antilles et en Amérique centrale. Quant aux nuances de roses, il s’en remet à un insecte, la cochenille, pour les élaborer. Récoltée sur les figuiers de barbarie des îles Canaries, elle permet d’élaborer un colorant rouge carmin peu allergène.

De plus en plus d'artisans teinturiers se servent de plantes pour colorer la laine. © David Meneu / France Télévisions

Selon un sondage réalisé en septembre 2022 par l’institut Opinion Way pour PP Yarns & Co (marque de textile basée dans le nord de la France), cet atout naturel de la laine explique une grande part l’engouement du tricot, particulièrement auprès des jeunes. En 2022, 34% des moins de 35 ans affirmaient pratiquer le tricot. Avec une forte hausse des aficionados chez les hommes : 32% des hommes sondés révélaient manier, eux aussi, les aiguilles. le tricot joue donc en plus la carte de la parité. Preuve là encore qu'il est définitivement dans l’air du temps.

Selon un sondage paru en 2022, 32% des hommes s'adonneraient au tricot. © David Meneu / France Télévisions

Avis aux amatrices et amateurs donc, les rendez-vous tricot sont nombreux en Alsace. Parmi les événements à venir :

  • Ciné tricot à Erstein (Bas-Rhin), au cinéma Erian, le 1er mars 2025 ;
  • "Afterworks tricot" organisés par le "elsass tricot crochet club" deux fois par mois au café Bartholdi de Strasbourg (Bas-Rhin) ;
  • Café tricot tous les jeudis au café "le temps d'une pause" à Mulhouse (Haut-Rhin) ;
  • salon des loisirs créatifs, du 21 au 23 février 2025 au parc des expositions de Mulhouse (Haut-Rhin).
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