Après la ville, les magasins de créateurs gagnent aussi la campagne

Un magasin qui rassemble toutes sortes d'objets de nombreux créateurs locaux : bijoux, céramique, tableaux, maroquinerie... Vous en rêviez, la campagne l'a fait. Après la ville, ces boutiques s'installent aussi dans les villages. Exemples à Dannemarie (Haut-Rhin) et Fessenheim-le-Bas (Bas-Rhin).

Dans la boutique, de la vaisselle, des carnets ou encore des sacs à main imaginés par des créateurs. Une gérante qui s'active pour soigner sa décoration. Et sa grand-mère, assise tout près d'elle, un livre à la main. La scène se répète quasiment tous les jours d'ouverture. Elle fait sourire, par sa tendresse, et interpelle, parce qu'insolite. L'ambiance est familiale, à l'image du contexte : "L'atelier de Régine" est installé dans un village d'à peine 550 habitants, Fessenheim-le-Bas, à 20 kilomètres de Strasbourg.

Régine Seyfried, elle-même créatrice, l'a ouvert début décembre 2020, dans sa commune natale. Elle a retapé une partie du corps de ferme de ses grands-parents pour y vendre ses origamis et des créations d'autres artistes-artisans essentiellement originaires des environs. "Il n'y a pas de raison que tout se passe toujours en ville. On est à Fessenheim-le-Bas, c’est vrai. C'est tout petit, mais on peut y faire des choses quand même", assure-t-elle. "J’adore l’art et j’ai envie de mettre en valeur tous les créateurs. Je ne peux de toute façon pas tout faire, j'ai ma spécialité".

En quelques mois, le magasin a trouvé sa clientèle. "Beaucoup de gens sont surpris de voir une boutique ici mais je crois que ça leur plaît", complète-t-elle. Les ateliers qu'elle organise le mercredi, pour enfants et pour adultes, affichent complet. La jeune femme doit refuser du monde. Pari gagné pour elle, qui a travaillé une dizaine d'années dans la restauration partout en France avant de changer de vie pour suivre son rêve. "Quand j'étais enfant, j'adorais bricoler. C'est important que les gens du coin aient accès à ce genre d'offres"

Rendre l'art plus accessible

Jennifer, venue de Marlenheim avec son fils et sa fille, approuve : "Je trouve ça bien de ne pas devoir faire des kilomètres en voiture jusqu’à Strasbourg pour trouver quelque chose à faire. Là, on est à côté, c’est une super idée."

Ce type de commerces, déjà répandus depuis plusieurs années en ville, se développent aussi de plus en plus à la campagne. Certains sont gérés collectivement par des associations de créateurs. D'autres sont tenus par des commerçants et fonctionnent sur le principe du dépôt-vente. C'est le cas du magasin Bouts d'arts, à Dannemarie (Haut-Rhin).

Dominique Stroh l'a créé il y a deux ans pour combler un manque. Elle s'est longtemps occupée du marché de Noël de la petite ville de 2.300 habitants quand elle était adjointe au maire. "C'étaient des créateurs qui n'exposaient qu'au marché de Noël et faisaient quelques fêtes des rues dans l'année, le reste du temps, ils n'étaient ni vus ni connus", explique-t-elle. D'une quinzaine d'artisans au départ, ils sont montés à 42 aujourd'hui et la liste d'attente est longue.

Dans l'ère du temps... local

Car l'enjeu est grand pour les créateurs : à la boutique, leurs objets sont exposés du mardi au dimanche. "L'an dernier (en 2020), on a dû faire sans les marchés de Noël qui représentent 90% de notre chiffre d'affaires. C'est donc très important de pouvoir écouler notre marchandise ici, assure Anne Lise Gil, venue ravitailler le commerce en bougies qu'elle a fabriquées à partir de cire d'abeille. D'autant que nous n’avons pas toujours le temps d’accueillir les clients quand nous sommes en pleine production."

"Bouts d'arts" mise également sur la proximité et la convivialité : sur-mesure, commandes spéciales plutôt que produits en série. Une stratégie dans l'ère du temps, que recherchent les clients.

 

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