Affaire Fourniret et le "gang des postiches" : au deuxième jour, l'occasion ratée d'entendre Michel Fourniret

Le procès de Michel Fourniret et Monique Olivier, jugés pour le meurtre de Farida Hammiche en 1988, se poursuit à Versailles, avec les auditions des témoins. Une deuxième journée d'audience marquée par le silence, pas tout le temps volontaire, du principal accusé. 

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Il semblerait qu'une occasion d'entendre Michel Fourniret ait été perdue aujourd'hui. Après les deux heures d'audition de Jean-Pierre Hellegouarch, le principal accusé a manifesté son envie de s'exprimer. Une envie annihilée par le président, qui rappelle que  les accusés seront entendus le lendemain. Mais en fin d'après-midi, le président semble se raviser et propose au tueur en série de prendre la parole :

"Si vous m'aviez posé la question ce matin avant la venue de Monique C. (la deuxième épouse de Fourniret) je vous aurais dit quelque chose sur le sujet mais là je n’ai rien à vous dire".


Le président lève immédiatement la séance.
 



Pourtant, tout au long de la journée, le soir du meurtre de Farida Hammiche a été au centre des débats.

Les auditions des témoins

Dans une salle d'audience calme et plus vide que la veille, Michel Fourniret et Monique Oliver n'échangent aucun regard. Chacun, écoute attentivement les débats. Elle, le regard blême, usé par ses 14 années d’incarcération. Lui, placide, la tête vers le sol, froid, sans aucune émotion palpable sur son visage.

Ils assistent au déroulé des événements, ceux qui ont conduit, en avril 1988, au meurtre de la femme de Jean Pierre Hellegouarch.
La cour essaie de comprendre, grâce aux récits des enquêteurs, quel a été le déroulement des événements. Comment ce couple a procédé mais surtout, où se trouve le corps de la victime, un lieu jusqu’à ce jour encore inconnu. Le secret est bien gardé par le tueur en série, et qui selon le commissaire Fagnart, auteur de l’arrestation du couple, permet à Fourniret de "garder la main sur l’affaire".

Le soir du meurtre

Ce soir-là, l'objectif principal de Michel Fourniret, est de récupérer l'entièreté du magot.

Il juge dérisoire les seuls 10% qu'il a reçus pour avoir déterré le trésor et l’avoir dissimulé dans l’appartement de Farida Hammiche. D’autant que la valeur des lingots et des pièces d’or entassés dans les sacs et la boîte à outils rouge représentent une petite fortune. Le travail n’est pas bien payé, estime-t-il.

Un mois plus tard - trois semaines peut-être, les versions divergent selon les auditions auxquelles ont procédé les enquêteurs, après avoir creusé dans le cimetière, Michel Fourniret décide de s’approprier la totalité de l’or.

Son seul obstacle n'est autre que Farida Hammiche. Il prétexte alors devoir aller chercher des fusils, une demande de Jean-Pierre Hellegouarch (encore en prison) dit-il, et Farida doit l’accompagner. Ils partent alors en voiture en direction de la forêt de Clairefontaine. Monique Olivier est présente, mais reste dans la voiture alors que le tueur s’enfonce dans la pénombre, en lisière des bois, et assène à Farida des coups de baïonnette. La victime ne meurt pas de suite, alors, il s’emploie à finir le "travail"... En l’étranglant.

Il la met dans le coffre et tourne en voiture pendant plus d’une heure, ou une heure et demie, "Il ne se souvient plus très bien, lors des auditions", précisent les enquêteurs. Puis il s’arrête enfin, sort le corps et à main nue, creuse profondément ce qui sera la tombe de Farida Hammiche. "L’ogre des Ardennes" peut désormais s’emparer du trésor.
 

Des pertes de mémoire, sélectives

Très précis dans le déroulé mais évasif au moment de localiser la tombe de Farida Hammiche, l'attitude de Fourniret n’échappe pas à Fréderic Maurin, enquêteur de l’époque à la direction régionale de la PJ de Versailles. Le tout, sans le moindre soupçon de remords exprimé par l'accusé. Pour Fréderic Maurin, pas de doute, Fourniret sait exactement où il a enterré Farida. "Lors de son audition, les éléments étaient très précis. Même s'il faisait nuit, j’avais vraiment l’impression qu’il savait où était le corps, mais qu’il voulait le garder pour lui."
 

Jean-Pierre Hellegouarch

C’est au tour du chef du "gang des postiches" de passer à la barre. Faible, lui aussi, vieilli, il s’exprime d’une voix faible. Il parle de Farida, "une femme sensible", de quinze ans de moins que lui. Il raconte ensuite la rencontre avec Michel Fourniret, à Fleury-Merogis.

 



"On est resté un peu en cellule ensemble, puis on se voyait en promenade, de là à dire que c'est un ami..."

Le récit dure. Leur rencontre, l'après prison de Hellegouarch, comment il a voulu retrouver Fourniret et "régler cette affaire lui-même". Après plus de 2h d'audition, les avocats des parties civiles lui demandent alors si il a envie de dire quelque chose à Michel Fourniret, il répond en s'adressant à la cour :

"S'il avait du courage il le dirait, il faut qu'il arrête de jouer au malin... qu'il dise où elle est...Il faut que Farida ait une tombe".


S'en suit la main levée de l'accusé, le refus du président, la colère des avocats et le premier tournant de ce procès.
 


Le deuxième interviendra quelques instants plus tard.


"Je n'ai rien à vous dire"



En toute fin de journée, la cour auditionne Monique C. , la deuxième femme de Michel Fourniret. Après sa prise de parole on sent l'accusé presque tremblant, il semble ému. Est-ce une fois de plus un de ses jeux d'acteur ? Feint-il l'émotion lorsque son ex-femme évoque la mort de leur enfant Nicolas ? Le président du tribunal sollicite finalement l'Ardennais. Mais Michel Fourniret s'est refermé.


Jeudi, le 3ème jour de procès sera celui de l'audition des accusés, peut-être celui que choisira l'ogre des Ardennes, pour enfin révéler ce lourd secret. Secret que la famille de Farida Hammiche attend de connaître depuis plus de 30 ans. 




 

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