Ardennes : la centrale de Chooz à l'arrêt, victime des fortes chaleurs

Ce n’est pas la première fois que l’on connaît des pics de chaleur mais cela ne s’est jamais vu. A Chooz, EDF a dû se résoudre à couper les deux réacteurs  assurant la production électrique. Elle ne peut plus pomper suffisamment d’eau dans la Meuse. Explications.
 

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"Mise à l’arrêt de l’unité de production n°1 de la centrale de Chooz." C’est en ces termes laconiques qu’EDF communique sur son site internet.

Dans les faits la moitié de la production électrique n’est plus assurée depuis quelques jours. On pensait la production d’énergie nucléaire à l’abri de tous paramètres extérieurs mais c’était sans compter le réchauffement climatique.

Située non loin de la Belgique, la centrale de Chooz a un fonctionnement atypique qui la distingue des 17 autres réacteurs français. La direction d'EDF rappelle qu’un accord transfrontalier entre la France et la Belgique détermine les seuils de débit d'eau de la Meuse pour permettre aux utilisateurs belges (industriels, acteurs du tourisme, collectivités locales, etc.) de disposer en permanence d'une ressource en eau suffisante pour le fonctionnement de leurs installations ou de leurs activités.

Et c’est bien là le problème. Le débit de la Meuse, dans laquelle la centrale pompe et rejette ses eaux de refroidissement a baissé en-dessous d’un seuil critique, on explique côté EDF que lorsque la moyenne sur douze jours glissants du débit aval journalier de la Meuse descend en dessous de 22m³/seconde, l’équivalent d’une unité de production doit être arrêtée. Si le débit sur douze jours glissants passe sous les 20 m3/seconde, les deux unités de production doivent être arrêtées.
 

Seuil critique

Et ce seuil a désormais été atteint avec l'action combinée des fortes chaleurs et du peu de précipitations ! L’unité une a ainsi été stoppée le lundi 24 août 2020 à 23h30. Auparavant déjà l’unité deux cette fois avait l’objet d’un arrêt en date du 21 août à 00h30. Jamais les deux unités, capables de dégager chacune une puissance de 1450 MWh, n'avaient été arrêtées en même temps !

EDF précise dans son communiqué que l’"adaptation aux conditions climatiques n’a pas de conséquence sur la sûreté des installations." Elle ajoute que "pour mémoire, en termes de sûreté nucléaire, le débit de la Meuse nécessaire pour garantir le refroidissement des installations est de l'ordre de six m3/seconde. Cet arrêt est également sans impact sur la fourniture d'électricité, puisqu'il intervient dans un contexte de moindre demande."

Reste que cette situation interroge car les températures l’été dans l’hexagone sont de plus en chaudes et que les centrales ont besoin des ressources naturelles, à savoir les rivières ou les fleuves pour refroidir les eaux issues des unités de production. La situation de la centrale ardennaise est loin d’être un cas isolé et régulièrement des centrales doivent ainsi réduire leur production en période de canicule.

 


A terme, c’est même l’implantation des sites nucléaires français qui devra tenir compte du climat, de l’accès à l’eau en quantité pour éviter un fonctionnement au ralenti à certaines périodes de l’année. Cela donne d’ailleurs du grain à moudre à l’association Sortir du nucléaire. Sur son site internet, elle parle des risques supplémentaires pour la sûreté et les fortes chaleurs qui peuvent imposer l’arrêt des installations. Plus grave selon elle, le fait que les centrales prélèvent des quantités d’eau importantes pour ensuite les rejeter mais cette fois à des températures élevées, jusqu’à 28 degrés, n’est pas sans conséquence sur l’écosystème. Il y aurait même selon elle "des rejets de substances chimiques."

Un phénomène qui pourtant ne daterait pas d’hier. Ainsi, en 2003, l’association rappelle qu’un quart du parc nucléaire français avait dû être stoppé en raison d’un problème de refroidissement déjà lié aux fortes chaleurs. En 2018, six avaient vu leur puissance réduite au plus fort de l’été. Concernant la centrale de Chooz, la date de retour à la normale reste pour l'heure encore inconnue.
 
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