Au lac de Boiron (Ardennes), une passante a découvert ce dimanche 24 octobre une centaine de gardons morts. La Fédération de pêche des Ardennes a extrait une tonne de poissons du bassin. Les causes de leur mort font débat.
Il est 13h30, ce dimanche 24 octobre, lorsqu’au détour de sa balade habituelle au lac de Bairon (Ardennes), Francine Minet, fait une étrange et macabre découverte. Proche de la digue côté Tannay, au niveau d'un dévidoir qui déverse de l’eau dans un ruisseau, cette habitante de la commune de Savigny-sur-Aisne constate qu’une centaine de poissons argentés de petite taille gisent, à moitié morts, sur le bord de la rive.
"Fortement choquée" et "énervée" par la situation, Francine Minet se saisit de son téléphone et s’empresse de photographier la scène avant de poster les clichés sur son compte Facebook. Dans la foulée, la promeneuse alerte un pêcheur, installé non loin du lieu de l’incident.
"Je lui ai demandé s’il savait ce qui pourrait être la cause de cet amas de poissons morts. Il m’a dit qu’il n’en savait rien et ne semblait pas plus inquiet que ça. Ça m’a surpris", s’étonne Francine Minet. L’habitante interpelle également un groupe de promeneurs, passant à proximité des lieux. "L’un deux m’a répondu que c’était la vie et qu’il n’y avait rien d’anormal", s’indigne-t-elle.
Une cause de mortalité qui fait débat
Habituée du lac de Bairon pour effectuer ses promenades, Francine Minet se désole de voir ces poissons dépérir dans un site naturel qu’elle apprécie tant. "J’ai été profondément bouleversée, confie-t-elle. On développe du tourisme autour de ce lac pour au final ne pas prendre soin de sa faune. Ça me met en colère." Alertée par Francine Minet, la Fédération de pêche des Ardennes a missionné un garde-pêche pour tenter d’obtenir plus d’informations sur les causes de la mortalité des poissons. D'après les constatations de la Fédération sur place, cet incident "ne serait pas lié à des travaux ou à de la pollution de l'eau", assure Michel Adam, président de la Fédération de pêche des Ardennes.
La Fédération a extrait environ une tonne de gardons pour tenter de les sauver mais beaucoup d'entre eux étaient déjà morts."On a pensé à une attaque de cormorans, mais il n'y avait que deux oiseaux à proximité des lieux. Vu l'ampleur des dégâts, ce n'est pas possible", ajoute Michel Adam. Seule piste envisagée par le président : l'attaque de silures. "Face au danger, les jeunes gardons ont pris peur et se sont retrouvés piégés dans ce petit bassin", détaille le président de la Fédération de pêche des Ardennes.
Une hypothèse "impossible" pour Nicolas Thierry, président de l’association de protection du silure glane en France. "Il n’y a aucune chance que ce soit l’œuvre d’une silure, qui ne chasse que pour manger et ne rate jamais ses proies, assure le président. Si ce phénomène était vraiment dû à un poisson, il serait plus probable qu’il s’agisse d’un sandre qui regroupe ses proies afin de les attaquer en banc."
Selon, Nicolas Thierry le problème viendrait alors d’un manque d’oxygénation ou d’une pollution quelconque. "Les poissons ne font jamais de syncope collective en voyant passer un prédateur près d’eux donc l’hypothèse d’une attaque de poisson ne tient pas vraiment la route, affirme-t-il. Il faudrait étudier la configuration de l’endroit où ce phénomène a été observé pour avoir plus de réponses."
Fin septembre déjà, des pêcheurs avaient alerté les autorités après avoir observé de nombreux poissons morts à la surface du lac à la suite de travaux de vérification des ouvrages de la digue de Bairon. Certains pêcheurs avaient mis en cause le manque d’eau, lié au chantier, qui aurait eu pour conséquence de faire remonter la vase du sol et d’asphyxier les poissons.