Ardennes : trois tonnes de poissons morts à cause d'une pollution

L'usine Nestlé située à Challerange (Ardennes) pourrait être à l'origine d'une pollution de la rivière Aisne. Une catastrophe écologique dénoncée par les pêcheurs ardennais.

Les carcasses de poissons s'entassent dans l'herbe au bord de la route longeant l'Aisne. Ce mardi matin, munis de leurs épuisettes, les pêcheurs s'emploient à récupérer les innombrables poissons décimés par la pollution survenue dimanche soir dans la rivière au niveau de Brécy-Brières (Ardennes). Du jamais vu pour le président de la société de pêche locale. "C'est incroyable, en vingt-cinq ans de présidence, c'est la première fois que je vois une pollution aussi importante, témoigne Daniel Drivière. Il va falloir dix ans pour retrouver autant de poissons".
 

Sur 6 à 8 km, tout a été dévasté

Michel Adam, président de la Fédération de pêche des Ardennes


Carpes, sandres et brochets, toutes les espèces ont été touchées. Un constat de désolation également fait par le président de la fédération de pêche des Ardennes Michel Adam. "On peut compter trois à cinq ans pour refaire un cheptel correct. Il y avait par exemple des anguilles mesurant plus d'un mètre, une espèce protégée qui vit à la fois en eau douce et en mer. Pour en revoir ici, il faudra attendre entre 12 et 17 ans...". Les conséquences sont désastreuses pour la nature mais elles sont aussi économiques. Les 70 pêcheurs que compte la société de Challerange ne renouvelleront peut-être pas leur adhésion.
 

Grosse pollution sur l'Aisne, entre Challerange et Olizy-Primat, hier dans la soirée. Aujourd'hui les agents de la...

Publiée par Fédération de pêche des Ardennes sur Lundi 10 août 2020


Une pollution difficile à éliminer

La récupération des poissons s'effectue en présence des agents de l'Office français de la bioversité ainsi que des pompiers équipés de barques. Les espèces seront ensuite transportés à l'équarrissage et détruits pour des questions d'hygiène. "L'objectif est de stopper la pollution de l'Aisne en amont de Vouziers, explique Christophe Hériard, secrétaire général de la préfecture des Ardennes. La lutte contre la propagation de la pollution s'avère compliquée car elle est assez diluée du fait de la sécheresse et de l'absence de courant. Nous nous efforçons de réoxygéner cette eau". Pas de risque de santé publique en revanche selon les autorités qui ont procédé à des analyses de l'eau. "Les captages d'eau potable ont été identifiés, il n'y a pas d'inquiétude à avoir par rapport à la consommation de l'eau".
 
 

L'usine Nestlé interrompt son activité et présente ses excuses

L'incident a eu lieu dimanche vers 21h au niveau de la station d'épuration de l'usine Nestlé située à Challerange. Des boues issues de cette station se seraient alors déversées dans l'Aisne via une canalisation. Appelés sur place, les pompiers ont fini par stopper l'écoulement après de nombreuses manipulations des vannes. Trop tard pour la faune qui s'est retrouvée piégée.

Une enquête est en cours pour déterminer l'origine de la pollution. Le directeur de l'usine a présenté ses excuses aux riverains et aux pêcheurs et a décidé d'interrompre l'activité du site. "Notre station d'épuration rejette de l'eau claire dans l'Aisne, explique le directeur de l'usine, Tony Do Rio, présent ce mardi au côté des pêcheurs. On ne sait pas dans quelle mesure nous avons contribué à cette pollution. Son origine peut être variée. Il faut savoir qu'à cet endroit, le niveau de l'Aisne est déjà très bas et qu'avec la chaleur, la quantité d'oxygène contenue dans l'eau est très faible. Nous attendons les résultats de notre enquête interne. Mais nous nous assurons que ce que l'on rejette soit parfaitement propre". Il s'agirait du premier incident du genre dans cette laiterie du XIXè siècle rachetée par Nestlé dans les années 1950, le géant de l'agroalimentaire y fabriquant depuis 2005 des produits pour sa gamme "Nescafé Dolce Gusto".
 
 

Une enquête est conduite par l'Office français de la biodiversité et la gendarmerie sous l'autorité du parquet avec le concours de la DREAL. "Il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur l'origine de cette pollution", selon Christophe Hériard de la préfecture des Ardennes.
 
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