Ardennes : Emma s’engage en humanitaire pour aider les autres et se reconstruire

Devenir pédiatre ou cardiologue en service pédiatrique, Emma Chemin sait ce qu’elle veut faire de sa vie. Mais des embûches médicales ont stoppé net cette progression. La jeune fille part en mission humanitaire pour tourner cette page et aller de l’avant.

Le 31 mars prochain, Emma s’envolera pour la Tanzanie. Pas un rêve touristique, mais une envie folle de tourner une page de sa vie. Partir en Afrique, c’est, pour elle, aller à la rencontre des nécessiteux, des enfants orphelins. Sa mission officielle : assister les professeurs et donner aux enfants de 3 à 9 ans les bases de la langue anglaise. Son objectif personnel : se rendre utile et se reconstruire.

 

Penser humanitaire pour ne pas penser maladie

Emma vient de passer deux samedis matins à vendre ses pâtisseries au marché couvert de Charleville-Mézières. "Ca a été plutôt fructueux puisque j’ai réussi à tout vendre, se réjouit la jeune femme. A 11h il ne me restait plus rien du tout. Les gens sont très généreux, c’est très très encourageant. C’était la 2e et dernière fois. Il faut que maintenant je prépare mon départ". Près de 500 euros ont ainsi été récoltés sans compter les dons grâce à la mise en place d'une cagnotte solidaire. Emma a collecté plus de 2000 euros pour financer sa première mission humanitaire, et la levée de fond n'est pas terminée.

Depuis qu’elle est sortie de l’hôpital fin décembre dernier, Emma a cette idée en tête. "Tous les professionnels de santé qui me suivent m’encouragent, contrairement à mes parents qui sont extrêmement réticents. Après, ils ont entendu de vives voix les avis des médecins. Bien évidemment quand je me suis engagée dans ce projet je n’étais pas encore très forte physiquement. Il fallait l’aval des médecins avant que je ne réserve ma place dans le programme d’une ONG (organisation non gouvernementale)". Depuis Emma se consacre totalement à cette mission.

Ce projet-là m’aide à me reconstruire car je dois entreprendre énormément de démarches qui occupent mon temps. Je ne pense plus à l’alimentation ni à ma maladie. Et je fais quelque chose qui va me permettre de grandir.

Emma Chemin

 

"Cela permet de donner de mon temps mais de façon à le mettre à profit pour aussi transmettre quelque chose à des enfants qui, eux, sont dans le besoin. C’est pas facile…  Il y a des jours où ça va et d’autres moins bien, mais les jours sans sont de moins en moins fréquents et c’est ça qui me fait progresser. Et ce projet-là m’aide aussi à m’en sortir parce qu’il me fait penser aux autres et pas à moi".

 

 

Devenir médecin avant tout

En septembre dernier Emma fait sa rentrée à Lille en 1ere année de médecine. Un rêve de petite fille. Elle débute sa vie d’étudiante mais très vite, elle est rattrapée par des crises d’anorexie. Contrainte et forcée d’arrêter, elle rentre dans les Ardennes. "Mon état s’est dégradé et je ne pouvais plus tenir debout, explique Emma. J’ai dû être hospitalisée à l’hôpital Robert Debré à Reims. Il y a eu une prise de conscience parce que 10 semaines à l’hôpital, ce n’est pas rien… Une prise de conscience à m’en sortir d’abord parce que je ne voulais pas passer toute seule Noël à l’hôpital. Et puis l’autre motivation était de pallier mon année blanche au niveau des études. Médecine, c’est ce que je veux faire depuis près de 10 ans. Je veux être médecin, aider les autres et ça me tient extrêmement à cœur".

Hospitalisée dans l’incapacité de se nourrir, Emma explique qu’elle se refait tout le film de sa vie. Et le déclic s’opère, le mal être commence à se transformer. "Je me suis dit que j’étais extrêmement chanceuse de vivre en France, d’avoir accès à l’éducation de manière gratuite. Au départ, je voulais juste perdre quelques kilos… le tout mêlé à un mal être en moi, depuis un certain temps…"  L’anorexie fut l’expression de tout cela.

Sa voix tremble encore lors du récit de cette partie-là de sa vie. D’ailleurs Emma se dit encore fragile parfois, mais son départ le 31 mars résonne comme le début d’autre chose. "C’est une reconstruction personnelle".

 

Arusha, au pied du Kilimandjaro

Le 31 mars, Emma s’envolera pour Arusha au nord de la Tanzanie. "A mon arrivée des coordinateurs viennent me chercher pour me conduire à la maison internationale des bénévoles où je serai hébergée pendant 6 semaines, explique avec une pointe d’impatience la jeune ardennaise. Arusha est une des grosses villes de la Tanzanie". La jeune femme ne part pas à l’aventure mais encadrée par une organisation non gouvernementale (ONG).

"Je pars avec Globalong qui propose plusieurs types de programmes humanitaires, dont celui en Tanzanie. Elle travaille en partenariat avec beaucoup d’autres ONG sur le terrain comme Karibou Tanzania Safari. Ce sont eux les coordinateurs de ce programme. Ce seront mes chefs de projet. Je vais faire du bénévolat dans les orphelinats tanzaniens. Le but s’est d’apprendre les bases de l’anglais aux enfants âgés de 3 à 9 ans".

En décembre 2020, Emma a vécu pendant ces 10 semaines, "comme un trou dans ma vie. Mais j’ai énormément réfléchi, j’ai pris conscience de choses simples". Aujourd’hui ces six semaines de mission humanitaire résonne comme le début du reste d’une belle et longue vie à mener. Et avant de partir, la jeune femme a une autre priorité. "Je suis actuellement en train de postuler sur Parcousup pour reprendre mes études de médecine en septembre, plus déterminée que jamais à m’en sortir et à y arriver. J’aimerais devenir pédiatre ou encore cardiologue auprès des enfants".

A Arusha en Tanzanie, une jeune femme va "fermer un chapitre de ma vie et ouvrir un nouveau livre". Comme une renaissance.

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