Cabaret Vert 2019 : les filles n’attendez plus pour les toilettes, les urinoirs féminins sont là

Les files d’attente aux toilettes durant les festivals, c’est une plaie que beaucoup de filles connaissent bien. Pour l’édition 2019, un des prestataires de toilettes sèches propose les premiers urinoirs féminins du Cabaret Vert. Une solution à la fois pratique et écologique.

Situés entre l’espace BD et le Temps des Freaks, derrière les cabines de toilettes classiques, les premiers urinoirs féminins se font encore discrets. C’est la première fois qu’ils sont installés sur le site du Cabaret Vert. L’intérêt est double : récupérer l’urine, l’utiliser en compost et diminuer les files d’attente.

C’est d’ailleurs ce qui a motivé celle qui en est à l’origine. Louise Raguet, designeuse, a élaboré ces urinoirs seule. Son projet de fin d’études qu’elle a présenté en mars, mis en application dès le mois de juin avec le prestataire de toilettes sèches Toilettes & Co. « C’est parti d’une exaspération dans les files d’attente », s’amuse-t-elle.
 

Un concept qui séduit

Même si au départ il a fallu convaincre les professionnels du secteur, essentiellement des hommes – lors de la conférence consacrée aux toilettes sèches, quatre invités sur cinq sont masculins –, elle ne regrette pas. Depuis trois ans, des entreprises spécialisées dans le secteur ont vu le jour. En Alsace, les premiers urinoirs féminins ont vu le jour à Sélestat dans le Haut-Rhin, pour le festival Summer Vibrations. « Comme si la société était enfin prête », ironise Louise Raguet.
 

Le concept est simple. Des panneaux sont agencés en guise de paravent afin d’assurer l’intimité des utilisatrices. Une petite cuve en métal, confectionnée par l'entreprise Arts et Forges à Troyes, recueille les urines, qui vont directement dans des bacs loin des narines des festivaliers. Les femmes n’ont qu’à les utiliser comme des toilettes classiques en restant en squat par-dessus la cuvette. Moins de temps passé aux commodités et un gain de places qui diminuent les files d'attente. « La limite du dispositif, c’est pour les femmes qui s’asseyent sur la cuvette. On ne peut pas s’assoir », concède la jeune femme.
 

Les urines convoitées pour l'agriculture

Comme les toilettes sèches, les effluents sont récoltés pour servir d’engrais. « Les urines sont très concentrées en phosphore, en potassium et en azote, des nutriments très recherchés par les agriculteurs pour leurs cultures », explique Louise Raguet. Les urines sont également beaucoup plus faciles à transporter et à stocker, contrairement aux matières fécales, beaucoup plus pauvres en nutriments.

Seule difficulté concernant la collecte, les urines sont composées essentiellement d’eau. Enfin, une autre limite soulignée est que les polluants trouvés dans les urées – hormones des pilules contraceptive, résidus de médicaments, de drogues…– se retrouveront dans la terre. Selon les professionnels du secteur, « mieux vaut les retrouver dans la terre, qui filtre beaucoup mieux les polluants, que dans les rivières », assurent-ils en chœur. Les eaux usées, une fois traitées, sont aujourd’hui déversées dans les rivières et il est impossible de filtrer les urines à 100%.

Enfin, l’ultime limite est psychologique. Pas du côté des utilisatrices, mais de certains agriculteurs, qui ont encore du mal à accepter des excréments humains pour alimenter leurs terres.
 
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