Charleville-Mézières : un an après l'effondrement d'un immeuble, la rue Bourbon revit mais n'oublie pas

Triste anniversaire pour les habitants et les commerçants de la rue Bourbon à Charleville-Mézières : l'effondrement d'un immeuble de trois étages le 7 novembre 2018 est encore dans toutes les mémoires, mais l'esprit constructif souffle à nouveau.
 

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On la reconnaît de loin cette célèbre rue piétonne qui fit tant parler d'elle un an plus tôt lors de cet impressionnant effondrement d'immeuble au numéro 19 de la rue Bourbon à Charleville-Mézières. D'immenses barres de métal peintes en rouge fixées sur la façade voisine en marque toujours l'endroit. Sur le pavé détrempé de ce jeudi pluvieux, les parapluies s'entrechoquent à nouveau devant les vitrines des commerçants. Les gravats et les ruines de l'édifice envolé ont laissé place à un chantier bruyant et à des travaux de reconstruction.


On passe dans l'allée rétrécie, le nez en l'air, pour reconnaître les lieux, mais un pan d'histoire a disparu avec les 17 locataires évacués à l'époque. La rue se refait une beauté, et c'est du neuf qui s'affiche désormais. Dans le petit commerce de vêtements en face, témoin privilégié par défaut de cet effondrement, Delphine, la responsable du  magasin, est aux premières loges devant le chantier entouré de barrières. Un an après, la remise en route de ses affaires a été un long chemin. Elle nous raconte ses passages à vide, de clients, et ses doutes pendant que la rue était fermée.
 


"Tout avait commencé avec, ce jour-là, la visite du président Macron dans le centre-ville avec de nombreux militaires, c'était déjà assez particulier, et en fin d'après-midi il y a eu les premiers signes d'une urgence, les pompiers qui arrivent en ville et on entend des bruits d'effondrement dans l'immeuble en face, et notre évacuation du magasin. C'était assez choquant, on ne s'attendait pas à cela. Après, il y a eu une longue période de questionnement. On ne savait pas si la rue allait rouvrir, c'était assez angoissant au niveau travail."

On savait qu'on allait perdre pas mal de chiffre d'affaire, et qu'on n'allait pas pouvoir participer à la grande braderie  prévue dans la ville, donc, oui, ça été assez compliqué cette période.
- Delphine Bocahut, responsable d'un magasin de vêtements. 


"Là, on a aujourd'hui un peu plus d'espoir avec les travaux en cours. On espère que ça va faire revivre la rue. Il y aura un beau magasin en face avec une grande enseigne, H&M, derrière, il faut que ça fasse venir du monde en ville et que ça relance le commerce et que l'on oublie cet effondrement. Ce chantier malgré tout c'est positif, ça montre que des choses sont faites, il faut oublier cette période-là et penser à faire revivre le quartier."

Les habitués du quartier reviennent mais n'oublient pas

Il y a un petit coin de vie dans la rue Bourbon qui ne désemplie pas malgré le bruit des pelleteuses juste à côté. Le bar de la Civette reste l'un des rendez-vous quotidien des habitants du quartier pour le café du matin ou le bureau de tabac à disposition.

Durant la fermeture complète de la rue en novembre 2018, la terrasse du petit café était entourée de barrières et de panneaux d'interdiction. Les clients ont suivi toutes les phases de la remise en activité de la rue piétonne, avec une certaine inquiétude pour certains.

Evelyne, carolomacérienne depuis 2016, est une fidèle de l'endroit, et, pour elle, ces grandes barres de fer dressées sur le chantier à quelques mètres,  c'est le rappel douloureux de cet évènement angoissant. Devant son p'tit noir du matin, elle reste encore étonnée de cette transformation urbaine imposée par l'actualité.  "Je viens à la Civette pratiquement tous les jours. Moi, ça m'a embêté car on ne pouvait plus passer pendant l'effondrement, mais je regardais comment ça évolué de loin.

Je ne connaissais pas les gens qui habitaient au numéro 19, mais ça m'a peiné.
- Evelyne Depenne, habitante du quartier de la rue Bourbon

 

 "Je fais mes courses dans le magasin hypermarché du coin, je viens tout le temps ici, avec les nouveaux commerçants qui s'installent, je pense que ça va changer. Pour l'instant, c'est encore moche mais ça va s'amélioré. Moi, la rue Bourbon, c'est ma rue."

Les premières guirlandes de Noël apparaissent entre les balcons de la rue meurtrie. Passé le traumatisme de l'an passé, les commerçants se préparent à accueillir de nouveaux clients dans leur centre-ville.

Les évacués de l'immeuble rasé ont quitté le quartier et ont été relogés entre-temps. On attend de nouvelles enseignes sur la façade du bâtiment en construction en place du numéro 19. Evelyne, assise à la terrasse de la Civette, surveille les travaux dans sa rue et se commande un autre café.


 
 
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