Coronavirus : respirer dans son masque pendant 8 h au travail, une sensation pénible, étouffante, mais pas dangereuse

Parmi les métiers où le port du masque est obligatoire au contact des clients, celui de coiffeur oblige les employés à travailler 8 h par jour avec un équipement contraignant. Une situation pénible au quotidien depuis la fin du confinement, le 11 mai dernier.
 

Les deux derniers mois de confinement à la maison, avec uniquement l'accès aux commerces de première nécessité, auront eu raison de nos coupes de cheveux. Depuis la reprise de certaines activités le 11 mai, les rendez-vous chez le coiffeur se succèdent. Les salons de coiffure ont dû s'adapter pour assurer les gestes barrière entre le client et l'employé. Un protocole souhaité par le ministère du travail dès le 6 mai 2020 et validé sous la forme d'une fiche sanitaire par la Commission Paritaire Permanente de Négociation et d'Interprétation de l'Esthétique.

Coiffure sous haute protection

Le grand jour de la libération est arrivé, j'ai rendez-vous chez mon coiffeur ce vendredi 22 mai, dans le quartier Mohon à Charleville-Mézières. Fini le look années 80, la paire de ciseaux va enfin oeuvrer.
Il a fallu prendre évidemment rendez-vous quelques jours avant, mais je suis enfin collé au bac à shampoing, prêt pour un rafraîchissement nécessaire. Les habitudes, toutefois, ne sont plus les mêmes. Désormais, on attend à l'extérieur du salon que l'on viennent vous chercher, il faut avoir son masque sur le visage, et on vous rajoute une blouse jetable pour saucissonner le tout.
Avec ses sur-lunettes de protection et son masque, mon coiffeur complète cette ambiance de bloc opératoire. Les temps ont bien changé.
 


Jonathan, 32 ans, coiffeur de métier, travaille depuis 11 ans chez Coiff and Co à Charleville-Mézières. Pour lui aussi tout est inédit et surréaliste. Devant l'afflux de clients ces derniers jours, il a tenu son poste de travail par périodes de 4 h, séparées uniquement par la pause de midi. L'équipement sanitaire est bien accepté, mais l'activité au quotidien est devenue plus pénible. " On est obligé d’avoir les lunettes de protection et le masque toute la journée pour éviter toute propagation avec les clients ! " me confirme-t-il entre deux coups de rasoir.  

" On a des blouses jetables pour respecter au maximum l’hygiène dans le salon, on nettoie tout au fur et à mesure après chaque passage, après chaque client on désinfecte tout.
 On a eu une petite appréhension tout de même parce que c’est tout un changement au travail, les techniques sont différentes. On est obligé de faire autrement. Moi, j’ai déjà les lunettes, alors les sur-lunettes, quand on les porte toute la journée, ça fait mal au crâne, ça va appuyer sur la tête. Comme on est obligé de le faire, on le prend avec le sourire." 

Le masque, c’est surtout en fin d'après-midi le problème, quand on fait une grosse journée de 10 heures, ça devient plus compliqué. On est un peu essoufflé. 
Le plus dur, ça été vraiment de se mettre en route. Une fois qu’on commence à le porter, on commence à s’habituer et on fait bonne figure. Les premiers jours, on a l’impression d’étouffer dans le masque, c'est plus ou moins enfermé.
-Jonathan, coiffeur à Charleville-Mézières

 


 
 

Boire plus, quand on porte un masque


Onze jours après le 11 mai, Jonathan poursuit son analyse des restrictions en cours : " Notre pause tombe à peu près toutes les quatre heures de travail, du coup, on peut changer de masque."

On s’est aperçu que lorsqu'on buvait plus, on avait moins mal au crâne le soir. Une amie infirmière m’a dit que le masque est un milieu fermé, on a tendance à respirer un peu plus de d’oxyde de carbone que d’habitude, on se déshydrate plus facilement, mais ce n'est pas dangereux.
-Jonathan, coiffeur à Charleville-Mézières

 


On ne manque pas d'air

"L'utilisation prolongée du masque produit de l'hypoxie." Cette information tourne en boucle dans l'esprit de certains inquiets et sur les réseaux sociaux, mais elle est fausse.
Le port du masque ne prive pas à ce point l'oygénation de l'organisme, le phénomène d'essoufflement ne serait pas l'accumulation d'oxyde de carbonne sous la protection. Des experts démentent cette affirmation et donnent des arguments scientifiques dans le rectificatif d'information des services de l'Agence France-Presse, à la suite de cette publication sur Facebook. 


Un appel masqué pour plus de sécurité

Laurent Barthélémy, directeur de deux salons de coiffure à Charleville-Mézières, est passé ce matin faire sa tournée sur le site de Mohon. Une quinzaine de professionnels sont répartis sur les deux salons, la vigilance sanitaire est au maximum.
" Porter un masque pendant le travail, c’est forcément contraignant, surtout qu’il fait beau et chaud en ce moment ! " avoue-t-il en inspectant son commerce.  "Quand on porte des lunettes toute la journée, le masque toute la journée, c’est une habitude à prendre qui n’est pas naturel, donc il faut un peu de temps. Il faut aussi s’hydrater régulièrement, car le masque assèche la gorge."
 

Le directeur aura commandé près de 3.000 masques, des blouses jetables, des ponchos et des lunettes, pour assurer la protection de son personnel. En France, 85.192 autres établissements de la coiffure s'organisent pour passer cette crise sanitaire sans précédent. L'attente de chacun est peut-être résumée dans ce constat du professionnel :  

On n'a pas de date pour la fin des protections, ça fait un peu peur, on ne s’imagine pas vivre comme ça pendant des mois et des années. Par contre, aujourd’hui, on se doit de respecter ces consignes. Le virus ne doit pas rentrer dans mon salon, on fait tout pour qu’il reste à l’extérieur.
- Laurent Barthélémy, directeur de salons de coiffure à Charleville-Mézières

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