Boris Ravignon, maire (LR) de Charleville-Mézières et ancien vice-président du Grand Est, a eu maille à partir avec Unser Land, le parti autonomiste alsacien, par presse et plateaux interposés. Jean-Georges Trouillet, son président et fondateur, était présent sur le plateau de France 3 Champagne-Ardenne pour apporter certains éléments.
Il s'appelle Boris Ravignon, le maire (LR) de Charleville-Mézières (Ardennes) et ancien vice-président du Grand Est. Et il est opposé à Jean-Georges Trouillet, président-fondateur d'Unser Land, le parti autonomiste alsacien.
Depuis la fin décembre 2022, ces deux-là échangent par déclarations interposées dans la presse et sur les plateaux télévisés. Ainsi, Boris Ravignon avait déclaré chez France 3 Champagne-Ardenne que "personne ne menace l'identité alsacienne".
Jean-Georges Trouillet est loin de partager ce constat, puisqu'il accuse la fusion des régions Champagne-Ardenne, Lorraine, et Alsace d'étouffer la population et la voix de cette dernière. Ce jeudi 5 janvier 2023, il était à son tour reçu sur notre plateau par la journaliste et présentatrice Juliette Vincent-Seignet (voir carte des régions ci-dessous).
Éviter les clichés
Pourquoi ne pas vouloir s'associer avec la Champagne-Ardenne ?
"La question ne se pose pas comme ça, en fait. La question est de savoir : est-ce que le Grand Est a un sens ? Une cohérence ? La réponse est toute dite : c'est non."
"La seconde question est si il est accepté par ses propres habitants. La réponse est également non. À la fois, les Alsaciens la rejettent très majoritairement, à peu près 80% des gens n'en veulent pas. Mais également 58% en Champagne-Ardenne veulent un démantèlement du Grand Est. Et ça, c'est très éloquent : il faut en parler."
Quel argument mettez-vous en avant ?
"Les gens doivent pouvoir s'identifier dans leurs institutions. Ça doit pouvoir leur parler, pouvoir être vécu, du moins. Je vais citer un chiffre tout simple. Aux dernières élections régionales, vous aviez des statistiques de la participation qui ont été très diverses suivant les régions. Là où ça a été le plus important, c'était en Corse : 60%, parce que tout le monde sait ce qu'est la Corse. Les Corses s'identifient à leur région. "
"Là où elle a été la plus faible, c'est dans le Grand Est : 30%... Et là, on comprend que ce problème de grandeur du Grand Est a des répercussions immédiates sur la vie démocratique et le fait que les gens ne s'identifient pas."
On comprend que ce problème de grandeur du Grand Est a des répercussions immédiates sur la vie démocratique et le fait que les gens ne s'identifient pas.
Jean-Georges Trouillet, président d'Unser Land
Pourquoi ne croyez-vous pas dans le slogan de l'union fait la force, de la solidarité ?
"Le big is beautiful [plus c'est grand, mieux c'est; ndlr], ça ne marche pas. Je défends la valeur de la solidarité [envers les départements plus petits, plus pauvres]. Et pour ça, il y a des systèmes de péréquation qui existent dans tous les pays, notamment les pays fédéraux. Dans lesquels une partie du budget des régions est consacré à l'aide aux régions plus pauvres. Ça, c'est évidemment quelque chose qui est important."
"Mais le plus important, c'est d'avoir des régions qui ont une âme. Dans lesquelles on peut cerner les contours, auxquelles on puisse d'identifier, où il y a une cohérence : géographique, économique, historique ou culturelle. Parce que c'est ça, le fondement de la démocratie. "
Que pensez-vous des propos de Boris Ravignon, parlant de "dérive identitaire" ?
"Je pense que l'identité, c'est quelque chose de positif. C'est quelque chose qui construit. C'est quelque chose qu'il faut développer. Et quand on regarde le reste des pays européens, des régions basées sur une identité et une histoire : c'est la norme. Faire des régions technocratiques, c'est une spécialité malheureusement française. Et on voit les dégâts que ça cause, à la fois en termes de vie démocratique et d'efficacité."
"Je rappelle quand même que dans un rapport de la Cour des comptes de 2019, ces fameuses régions dont on disait qu'elles auraient au moins un avantage, c'était de créer des économies... les économies, finalement, elles ne sont pas là."
Que souhaitez-vous au futur président du Grand Est, probablement le Champenois Franck Leroy ?
"Ce sera peut-être plus clair [sans un Alsacien à la tête du Grand Est]. La chose qu'on peut souhaiter au nouveau président, monsieur Leroy, est la meilleure chose qu'il puisse faire pour tous les habitants du Grand Est. C'est que ce soit le dernier président du Grand Est."