Boris Ravignon, maire (LR) de Charleville-Mézières et futur ex-vice-président du Grand Est, s'est invectivé avec le parti autonomiste alsacien Unser Land par presse interposée. Il était présent sur le plateau de France 3 Champagne-Ardenne, ce jeudi 29 décembre, pour répondre à quelques questions.
Échange courroucés par presse interposée. C'est habituel dans le milieu politique. Ces derniers-jours, cela concerne Boris Ravignon, maire (LR) de Charleville-Mézières et pour encore peu de temps vice-président du conseil régional du Grand Est (il va présider l'Agence de la transition énergétique).
En marge de la démission de Jean Rottner, le président (LR) de la grande région, certains échos ont fustigé l'assemblage des régions Champagne-Ardenne, Lorraine, et Alsace, qui aspirerait à en sortir. Échos autonomistes, comme institutionnels : président de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA), Frédéric Bierry (LR) se verrait bien aux commandes d'une Alsace détachée du Grand Est.
Mécontent, Boris Ravignon a fait des commentaires dans la presse régionale, déclarant notamment à L'Ardennais qu' "aujourd’hui, il y a un petit jeu mené par certains élus et partis alsaciens, loin de représenter la majorité en Alsace d’ailleurs, qui propage l’idée d’une identité ramenée à sa partie la plus étriquée. Cela m’agace que les ambitions personnelles de certains prospèrent là-dessus. [...] D’autant que personne ne menace l’identité alsacienne."
Deux visions difficilement conciliables
Il n'en a pas fallu plus pour Unser Land, le parti autonomiste alsacien, pour réagir. Ce dernier est connu pour appeler de ses voeux au démantèlement du Grand Est, et à l'octroi de davantage de compétences à l'Alsace. "Dans son histoire, le peuple alsacien n’a jamais été consulté sur son avenir institutionnel." C'est ce que déclare Jean-Georges Trouillet, président-fondateur du mouvement à L'Union (il oublie un peu vite au passage le référendum de 2013).
"Les conditions de la création du Grand Est et son maintien coûte que coûte sont une illustration flagrante du mépris que peut avoir la France pour le peuple alsacien. On aimerait aussi connaître la position du maire de Charleville-Mézières sur les sondages récurrents qui indiquent que les Champardennais et Lorrains rejettent également la région Grand Est. Mais il faut croire que les ambitions personnelles de certains sont plus fortes que la volonté de la majorité des citoyens." (voir la carte du Grand Est ci-dessous).
Ce jeudi 29 décembre 2022, Boris Ravignon a été interviewé à ce sujet par Leïla Salhi.
Un mot au sujet de la démission de Jean Rottner ?
"Je crois que [le Grand Est] a un bel avenir. On a un certain nombre d'élus [...] qui ont une opportunité et qui l'ont saisie. En fin d'année, Jean Rottner nous [a] fait part de son souhait de quitter la vie publique. Je crois qu'il y a tellement d'hommes politiques qui se cramponnent à leur siège, qui font le mandat de trop..."
"On doit, et on peut respecter la décision d'un homme qui a décidé que sa vie familiale était menacée par l'engagement extraordinaire que lui demande la présidence de la région. Je trouve extrêmement respectable qu'il demande à se mettre en retrait."
Pourquoi ce vif échange avec les autonomistes alsaciens ?
"Je crois que c'est un risque pour le Grand Est, qu'il y a une dérive identitaire d'une petite partie des élus alsaciens. Qui veulent sans cesse remettre en cause le fonctionnement de la région. Moi, je crois que l'identité alsacienne est magnifique, qu'elle existe, et que personne ne la menace."
"Je ne vois pas pourquoi les questions d'identité seraient, notamment, retenues, en terme d'organisation administrative au profit, par exemple, d'une question d'efficacité. On a aujourd'hui une région puissante, efficace, qui travaille bien [...] et qui continuera à travailler, je crois, pour tous les territoires."
Pour rappel, l'élection du successeur de Jean Rottner, probablement un Champardenais, doit avoir lieu le vendredi 13 janvier 2023.