Jean Rottner, le président (LR) de la région Grand Est annonce ce 20 décembre 2022 qu'il va quitter ses fonctions. Après la démission d'Arnaud Robinet (Horizons) et de Boris Ravignon (LR) le maire d'Épernay, Franck Leroy (Horizons) assurera l'intérim.
C'est un coup de tonnerre pour la région Grand Est. Le président actuel Jean Rottner (LR) a annoncé qu'il allait quitter ses fonctions. L'information a été révélée par Le Parisien ce mardi 20 décembre 2022.
Jean Rottner s'est entretenu ce mardi 20 décembre vers 12h30 avec le maire d'Epernay, Franck Leroy, auquel il devrait confier l’intérim de la présidence. Il est son premier vice-président.
Cet élu a rejoint Horizons, le parti d’Edouard Philippe, en janvier dernier. Contacté par France 3 Grand Est, Franck Leroy a confirmé qu'il assurera l'intérim, sans en dire plus sur la suite.
Des "impératifs familiaux"
Sur les réseaux sociaux, Jean Rottner s'est exprimé en ces termes :
"J'ai décidé de quitter la vie publique.
Je me retirerai de l'ensemble de mes mandats d'ici la fin de l'année. Cette décision mûrement réfléchie n'a pas été facile à prendre.
Elle surprendra. Certainement. Elle sera commentée. Assurément.
Des impératifs familiaux animent cette lourde décision. Ce choix est à respecter. J'ai passionnément aimé l'engagement public. Riche de projets, fort de rencontres, il permet un épanouissement certain pour celles et ceux qui s'y plongent. La politique est un art qui force à donner le meilleur de soi-même au service d'une action collective. Il faut pour cela profondément respecter les autres, savoir garder sa liberté, rester soi-même et considérer qu'un mandat ne nous appartient jamais définitivement.
Maire de Mulhouse, Président de la Région Grand Est, j'ai toujours eu la chance d'avoir autour de moi des équipes d'élus et de collaborateurs avec lesquelles, travailler était un plaisir. Leur passion aura permis de grandes et belles réalisations qui se poursuivent toujours.
J'aimerais aujourd'hui chaleureusement les remercier pour leur confiance. Quitter un mandat, n'est pas un acte anodin. Franck Leroy, homme de valeur, premier vice-président de la Région, saura assurer mon intérim. Il a depuis très longtemps toute ma confiance."
Cet homme politique est né le 28 janvier 1967 à Mulhouse. Successivement membre de l’UDF, de l’UMP puis de LR, il a été maire de Mulhouse de 2010 à 2017 puis président du conseil régional du Grand Est depuis 2017.
Interviewé récemment sur les antennes de France 3 Champagne-Ardenne, Jean Rottner avait évoqué le départ récent de deux de ses vice-présidents et proches politiquement, le maire de Reims (Horizons) Arnaud Robinet, qui occupait la fonction de vice-président du Grand Est en charge du tourisme. Mais aussi le départ de Boris Ravignon (LR) maire de Charleville-Mézières (Ardennes) désormais président de l'ADEME.
L'inauguration de l'usine Emotors à Metz (Lorraine) le lundi 19 décembre 2022 restera la dernière apparition publique de Jean Rottner en tant que président de la région Grand Est.
Passionné par le Grand Est, Jean Rottner, 55 ans, partait souvent d'un bout à l'autre de la région pour soutenir le dynamisme économique. Ses collaborateurs en étaient impressionnés. Sa connaissance était riche. Mais il n'hésitait pas aussi à évoquer ses désaccords politiques vis-à-vis du macronisme : "On manque de chefs et de stature", nous avait il confié.
Il était très ému en visio, ce matin.
Une source proche
Une source proche confie à France 3 Grand Est : " Personne ne l'a vu venir. On pensait qu'il allait annoncer son départ de LR. Il était très ému en visio, ce matin, en larmes selon plusieurs sources concordantes. Il avait rassemblé du monde en vision, à savoir les membres de sa majorité." D'après nos informations, les LR étaient moins nombreux dans cette majorité. En tout cas, beaucoup d'élus s'interrogent sur les raisons qui ont poussé Jean Rottner à prendre cette décision.
Une période "infernale" à gérer
Jean Rottner a eu récemment une période très compliquée à gérer, "infernale" selon Franck Leroy, contacté par France 3 Champagne-Ardenne : "C'est une décision intime, et je la respecte. La famille est au bord du ring, elle qui a été prise à partie. C'est dur, on a tous connu ça. Il y a chez Jean Rottner une vraie volonté de tourner la page et de se consacrer à une autre vie." D'après lui, s'agirait donc d'un concours de circonstances, et la décision de Jean Rottner n'a pas de lien avec les départs récents d'Arnaud Robinet et de Boris Ravignon de leurs postes de vice-présidents.
Sur Twitter, les réactions commencent à fuser. Le maire de Sedan Didier Herbillon (divers gauche) salue "un président engagé auprès de tous les territoires de notre vaste région". L'élue de Strasbourg (PS) Pernelle Richardot retient "l'ambition forte [de Jean Rottner] pour la région".
Je n’ai jamais confondu l’institution et les hommes et femmes qui la dirigent.
Eric StraumannMaire de Colmar
D'autres maires des principales villes du Grand Est rendent hommage à l'ancien urgentiste. Sur Facebook, le maire de Colmar Éric Straumann écrit qu'il a "combattu de toutes [ses] forces la création [de la Région]", mais qu'il n'a "jamais confondu l'institution et les hommes et femmes qui la dirigent". La démission de Jean Rottner "attriste profondément" l'édile de Metz François Grosdidier : "J'ai connu beaucoup d'hommes politiques dans ma vie, mais peu à ce degré de compétences en même temps que d'humanité."
Jeanne Barseghian, maire (EELV) de Strasbourg "tien[t] à saluer l'engagement [de Jean Rottner] aux côtés de la Ville de Strasbourg [afin de] renforcer ensemble le rôle de capitale européenne de la ville, et notamment son accessibilité ferroviaire". L'élue remercie le futur ex-président de région pour "son engagement soutenu en faveur de la coopération transfrontalière".
Les réactions ont même dépassé les frontières françaises. Le Premier ministre du Luxembourg Xavier Bettel remercie Jean Rottner "pour tout le travail effectué et la bonne collaboration avec [son] voisin luxembourgeois".
Du côté du parti Horizons, dont fait partie Franck Leroy, successeur par intérim de Jean Rottner, la réaction ne s'est pas faite attendre : "Ton travail et ton investissement de chaque instant durant toutes ces années au service de ton territoire et des projets demeureront, nous y veillerons", a tweeté Bérangère Abba, secrétaire générale déléguée du parti.
Laurent Jacobelli candidat
Le parti alsacien Unser Land, qui s'est toujours farouchement opposé à la création de la Région Grand Est, a réagi dans un communiqué au vitriol. Le parti autonomiste compare même la démission de Jean Rottner à "un cadeau de Noël".
Dans la foulée de l'annonce de la démission de Jean Rottner, le député de la Moselle (RN) Laurent Jacobelli s'est porté candidat à la succession de l'ancien maire de Mulhouse à la tête de la région Grand Est. Lors des élections régionales de 2021, il avait dirigé la liste régionale pour le Rassemblement national qui avait terminé à la deuxième place. Un an plus tard, il ambitionne de nouveau un poste à la tête de la région : "C'est une occasion pour que notre Région prenne un nouveau tournant", écrit-il dans un communiqué.