Consultation sur l'avenir de l'Alsace : 92% des votants favorables à une sortie du Grand Est

142.200 personnes se sont exprimées en faveur de la sortie de l'Alsace de la région Grand Est, soit 92% des votes exprimés dans le cadre de cette consultation lancée par la Collectivité européenne d'Alsace.

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Au moment d'ouvrir l'enveloppe contenant les résultats, le président de la Collectivité européenne d'Alsace Frédéric Bierry ne cache pas sa satisfaction. "Est-ce que vous allez bien ?" lance-t-il au parterre de journalistes présents pour l'annonce des résultats, "parce que moi je vais très bien ! " La raison de sa bonne humeur : 92,4% des personnes s'étant exprimées dans le cadre de la consultation lancée par la Collectivité européenne d'Alsace sur la sortie du Grand Est ont voté oui à la sortie du Grand Est.

Au total, 168.456 bulletins ont été récoltés, soit via Internet, soit via courrier postal, soit glissés dans l'une des 99 urnes déployées par la CEA dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin. Cette consultation était ouverte entre le 22 décembre 2021 et le mardi 15 février 2022.

14.612 doublons (plusieurs votes pour une seule personne) ont été identifiés par l'huissier chargé de veiller à la régularité du dépouillement. Ce sont donc au total 153.844 votes qui ont été retenus. Rapporté au nombre total d'inscrits sur les listes électorales (1.296.436), cela représente 12% de la population alsacienne. Le oui a remporté 142.200 voix, le non 11.644 voix.

 Le Grand Est était une parenthèse, nous allons redevenir une région à part entière.

Frédéric Bierry

Pdt de la Collectivité européenne d'Alsace

"Ce 21 février est historique" s'est félicité Frédéric Bierry. Ce résultat m'oblige. Nous devons aujourd'hui transformer l'essai et faire renaître l'Alsace". Pour rappel, cette consultation n'a aucune valeur juridique. Mais le président de la CEA entend bien lui donner du poids politique. "Avec plus de 92% de voix en faveur d'une sortie de la grande région, tous les candidats à l'élection présidentielle et tous les partis politiques doivent se saisir du sujet et prendre conscience de la volonté exprimée par les Alsaciens, insiste-t-il, se targuant d'avoir rempli "plus de cinq fois la Meinau" en termes de suffrages exprimés.

Brigitte Klinkert, "relais" de la volonté des Alsaciens auprès du gouvernement

L’ancienne présidente du conseil départemental du Haut-Rhin, Brigitte Klinkert, désormais conseillère d’Alsace, avait fait de la renaissance institutionnelle de l’Alsace une de ses priorités. Un discours qu’elle a dû édulcorer une fois devenue ministre déléguée à l’Insertion. Elle ne cache toutefois pas sa satisfaction face aux résultats de cette consultation : "Je me réjouis du fait que les Alsaciens se soient exprimés nombreux. Je me ferai le relais des résultats de cette consultation auprès du Président de la République et du gouvernement" a-t-elle déclaré. Mais à la question : "Si Emmanuel Macron est réélu, sortira-t-il l’Alsace du Grand Est ?", réponse laconique de Brigitte Klinkert : "chaque fois que je rencontre le Président de la République ou le Premier ministre, nous parlons de l’alsace, et ils sont très sensibles à cette question".

Jean Rottner : "un résultat ni surprenant, ni convaincant"

Le président LR de la région Grand Est dit prendre acte des résultats de la consultation, avec sa lecture propre des résultats : "quelle place pour les 88% d'Alsaciens qui n'ont pas souhaité participer ? [...] la modération s'impose", réagit-il, en s'appuyant sur les chiffres de la participation. "Ce résultat n'est ni surprenant, ni convaincant, estime-t-il. J'attendais autre chose de la Collectivité européenne d'Alsace, il est temps qu'elle honore [ses] missions."

Pour le RN, ce résultat doit servir d’'électrochoc"

Par voie de communiqué, Laurent Jacobelli prend acte "du réel désir de retrouver l’Alsace. Ceux qui ont trahi l’Alsace, pour une grande région technocratique et sans âme, veulent à tout prix l’enterrer, mais ce résultat doit leur servir d’électrochoc" ajoute le président du groupe « rassemblement national et apparentés » à la CEA. "Il faut revenir sur la fusion de nos trois régions [Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne] pour qu’elles redeviennent des régions de plein exercice. Oui, l’Alsace doit sortir du Grand-Est". Et de rappeler que Marine Le Pen s’est engagée à rendre l’Alsace aux Alsaciens si elle est élue à la présidence de la République.

EELV dénonce un simulacre de démocratie

"Nous n'approuvons pas la façon dont s'est déroulée cette consultation citoyenne", conteste Ludivine Quintallet, conseillère d'Alsace EELV, qui n'a pas voulu assister à l'énoncé des résultats de ce 21 février afin de marquer son opposition. Elle déplore les modalités d'organisation de la consultation, qui n'a pas été soumise au vote des conseillers. "Cette question institutionnelle est trop sérieuse. Sortir du Grand Est pour aller où ? pour faire quoi ? à quel prix ?" interroge l'élue qui évoque un "plébiscite" masqué pour Frédéric Bierry.

« Cette consultation est un repli sur soi » - Valérie Debord, vice-pdte du Conseil régional

Dans l’attente d’une éventuelle réaction de la part du président (alsacien) de la région Jean Rottner, la vice-présidente (lorraine) LR du Conseil régional, Valérie Debord, dénigre cette consultation et ses modalités d’organisation. "Ses règles sont étonnantes. Si vous habitiez au Lichtenstein, vous pouviez tout à fait concourir", ironise-t-elle. Rappelant que cette consultation n’aura pas d’effet juridique, elle s’interroge sur le fait que ni les Lorrains ni les Champardennais n’ont été associés à cette consultation sur la grande région, une forme de mépris selon elle. "Cette démarche alsacienne est une forme de repli identitaire, de repli sur soi, et ce n’est pas ce que nous souhaitons aujourd’hui dans l’Europe."

Une "mascarade pseudo-démocratique" pour le PCF

Elue sous les couleurs du parti communiste, la conseillère Fleur Laronze déplore, comme les écologistes, un manque de concertation des élus lors de la mise en place de cette consultation. "Elle n'a pas fait l'objet d'un vote préalable des conseillers, critique-t-elle. Et de dénoncer une démarche intéressée de la part du président de la CEA : "cette consultation avait avant tout pour objectif de satisfaire ses velléités politiques personnelles".

Unser Land : "si la France est une démocratie, l’Alsace doit sortir maintenant du Grand Est"

92% des suffrages en faveur d’une sortie de la grande région : les sympathisants régionalistes du mouvement Unser Land s’en réjouissent forcément. "Cette consultation vient confirmer, une nouvelle fois, de façon éclatante la volonté inébranlable des Alsaciens de sortir de la région Grand Est et de retrouver leur pleine et entière autonomie régionale", expriment-ils par voie de communiqué. Ils veulent voir dans ce sondage une opportunité politique à saisir. "Le message envoyé par les Alsaciens aux candidats à l’élection présidentielle est clair : si la France est une démocratie, l’Alsace doit sortir maintenant du Grand Est" clame Jean-Georges Trouillet, le président du mouvement alsacien. 

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