IAM au Cabaret vert 2019: "on a toujours des choses à dire"

Les patrons du rap français étaient à Charleville-Mézières ce vendredi 23 août 2019. Une première pour le groupe IAM. Quelques heures avant de monter sur scène, les rappeurs se sont prêtés au célèbre jeu des questions- réponses avec les journalistes. Et bien sûr, nous y étions. 

Akhenaton, Shurik'n, Keops et Kephren, ils étaient tous les quatre présents à la conférence de presse. Ambiance décontractée, le tutoiement est de mise. C'est la première fois que le groupe marseillais se produit sur la scène du Cabaret Vert, mais cela ne veut pas dire qu'il n'a pas entendu parler du festival ardennais. Bien contraire. 

On a entendu parler par l'un de nos collaborateurs qui travaille sur nos clips et qui est originaire d'ici... Il nous a dit que le Cabaret Vert était un très bon festival et on est impatient de le découvrir 
- Akhenaton, membre du groupe IAM.

Premier thème abordé, l'écologie. Et oui, on est sur un éco festival et c'est un sujet que les rappeurs ont déjà abordé dans certains de leurs morceaux, notamment dans leurs derniers albums. 

"Je suis persuadé que les choses changent en toute intelligence dans le calme et dans les urnes. Malheureusement, si les votes et les scores ne sont pas au rendez-vous, les questions écologiques seront rembarrées au huitième plan. Les politiques en prennent conscience quand les scores sont très élevés et puis ils s'en foutent quand les scores sont très bas", déclare Akhenaton. Avec ses amis, il avoue essayer de faire du mieux qu'il peut, à son échelle. Mais Shurik'n s'interroge. "C'est difficile d'être objectif, quand on a de l'eau potable dans nos toilettes."
 

Leur vision sur les artistes d'aujourd'hui

Il est temps de parler de rap. Akhénaton avoue ne pas trop écouter ce qui se fait en France. Le chanteur est plutôt tourné vers les Etats-Unis. "Depuis l'âge de 13 ans, j'ai grandi en écoutant du rap américain. En 1981, il y avait très peu de rap français. Nos oreilles se sont formatées à écouter du rap américain donc j'ai beaucoup de mal. J'arrive à en faire mais je n'arrive pas à écouter de rap français. C'est bizarre." Puis il cite G.Cole, Kendrick Lamar, Rapsody ou encore Rick Ross.
 

A Shurik'n d'ajouter qu'il écoute de plus en plus de rap français grâce à son fils. "Finalement, on a fait plus de collaborations avec des Français qu'on écoute de rap français. On a des affinités comme avec Orelsan (ndlr: également présent au Cabaret Vert) qui a une certaine tenue sur la distance, une certaine écriture. On va se retrouver chez certains artistes qui vont plus dans le sens de ce qu'on écoute et qu'on aime écrire, ce qu'on aime entendre en terme de flow... C'est très large... Dans mon iPhone, il y a plus de rap actuel." 

Un juste retour des choses et une belle évolution

Comme IAM, de plus en plus de rappeurs sont programmés dans les festivals français. On est loin des années 1980 où les groupes étaient relégués aux scènes des MJC et des fêtes de quartiers. Le rap, longtemps snobé, est devenu une musique populaire. Un juste retour des choses et une belle évolution dont se réjouissent les membres d'IAM.

Enfin, beaucoup de gens peuvent comprendre que c'est une musique majeure qui a influencé la société francaise notamment et ce depuis plus de vingt ans. Avec tous les aspects de la culture. Le DJ, le graph, la danse, le street wear.
- Akhenaton, membre du groupe IAM. 

Et si vous êtes de ceux qui pensent que le rap a perdu ses lettres de noblesse en proposant des textes plus légers et moins engagés, IAM tient à nous faire un petit cours d'histoire sur l'origine de ce style musical. 

"De 1972 à 1982, le rap est essentiellement une musique de club. L'engagement, il arrive beaucoup plus tard. C'est une perception française. A l'origine, le rap s'appelait du disco alternatif", rappelle Akhenaton. 
 

Rakim, leur père spirituel

Durant une trentaine d'années, les Marseillais ont eu l'occasion de rencontrer et de collaborer avec de nombreux artistes. Et s'ils devaient retenir une rencontre qui les a marqués artistiquement, ce serait celle avec le rappeur américain Rakim. Un artiste qui les a beaucoup influencés.

"On avait un rêve de gamin, c'était de l'inviter sur scène. On l'a fait, c'était à New-York. Il est venu chanter un de ses classiques avec nous. C'est quelqu'un qui représente énormément", révèle Akhenaton. "Puis, il est responsable de ça aussi", poursuit Shurik'n, en montrant du doigt les membres de son groupe. "Rakim, c'est quelqu'un de très important dans l'histoire pour IAM", souligne le premier.

30 ans après, l’envie est toujours là

Autant d’années à écumer les scènes de France, d’Europe, d’Amérique et d’Asie et ce avec la même envie et surtout le même plaisir. "Si on avait plus l’envie de rapper, on ne le ferait plus. On a rien fait à contre sens. Et même aujourd’hui, des fois l’envie est plus grande. Dans des périodes où c’est éclectique, où ça part dans tous les sens. C’est bien d’arriver à prendre des risques et faire des sons. Tout est une question d’envie et de passion", affirme Akhenaton. "On a encore des choses à dire", conclut Shurik’n.
 
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