INSOLITE. Pourquoi sont-ils de plus en plus accros à la voiture sans permis dans les Ardennes ?

Y-a-t-il de plus en plus de voitures sans permis dans les Ardennes ? Hier plutôt réservée aux personnes à mobilité réduite, âgées et aux personnes qui ont perdu leur permis de conduire, elle intéresse aujourd'hui les jeunes dès 14 ans. Enquête à Charleville-Mézières. 
 

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On est loin des premiers "pots de yaourt" croisés sur nos départementales, il y a 25 ans. La voiture sans permis semble avoir passé la seconde (vitesse) et trace sa route dans les méandres de la nouvelle règlementation. La micro-car a bien changé. D'un seul coup d'œil, elle impose désormais le respect avec tous les codes de la "vraie" voiture citadine.
 


L'innovation, la sécurité et le design sont passés par la table des ingénieurs-concepteurs et le résultat est bluffant : "elle a tout d'une vraie," selon les conducteurs de ces mini-voitures.


Fini la voiturette des chauffards sans permis

Dans la cour du grand garage de l'avenue Montcy Notre Dame à Charleville-Mézières, elles ont leurs places réservées. Sous un chapiteau, de rutilantes petites voitures bien sympathiques narguent les gros SUV garés à côté. "Même pas peur!" au contraire. Avec leurs fausses gueules de sportives et leurs pare-chocs de compétition, les minies sont les stars du moment et Cynthia Bricau, la directrice des lieux avec son mari, les bichonnent ce vendredi  matin 17 janvier. Ils en vendent 5 par mois. 
 


Ne lui dites surtout pas que ce sont des voitures de consolation pour les conducteurs qui ont vu s'envoler leur permis de conduire suite à diverses infractions, la vérité est ailleurs. Entre deux coups de chiffon, "Perdre son permis, c'est une réalité !" admet-elle. "Mais la durée moyenne pour une suppression de permis, c'est cinq mois. Quand des anciens conducteurs permis B sont sanctionnés de quelques semaines ou un mois de retrait de permis, ils arrivent à se débrouiller, mais quand ce sont des sanctions de cinq ou six mois, ça devient clairement compliqué. Ils viennent alors nous voir et on peut leur louer pour 550 euros, assurance comprise,  une mini-voiture pour le mois".
 
 

Systématiquement, quand ils arrivent ici, ils sont dépités, ils n'ont plus le moral. Rouler désormais avec ce type de véhicule, pour eux, c'est un peu dégradant. Quelquefois même, leurs amis les prennent en photos et se moquent de cette nouvelle situation.
- Cynthia Bricau, directrice du garage Bricau à Charleville-Mézières
 


"Par contre, quand ils nous ramènent la voiturette au bout de six mois," ajoute Cynthia Bricau, "ils avouent être content de récupérer leur véhicule personnel mais qu'ils étaient bien heureux de rouler avec cette voiture sans permis et l'image qu'ils en avaient, a complètement changé." La voiture sans permis n'est plus perçue comme le dernier recours possible. Mais, c'est devenu une alternative intéressante, une tendance simple, nouvelle et moderne  de se déplacer à tout âge.
 

Des ados en auto-satisfaction !

"Papa, j'veux un scooter!" on connait cette formule qui arrive, en général, aux oreilles des parents vers 14 ans. Désormais, en 2020, la mode pour les ados, serait de marteler : "Papa, maman, j'veux une sans permis !" La différence, ce sont tout de même plusieurs milliers d'euros. Petit rappel sur la machine de rêve avant d'aller plus loin : une voiture sans permis est considérée comme étant un quadricycle léger de la même catégorie que les cyclomoteurs tels que les mobylettes ou les scooters.

 


Il n'y a que deux places assises et un coffre. La cylindrée des moteurs est comprise entre 400 et 500 centimètres cubes pour une puissance maxi d'un cheval fiscal. La vitesse prévue sortie usine est de 45 kilomètres heures maxi, mais les voitures atteignent facilement les 60 km/h en général. Le code de la route s'impose de la même façon à ces " sans permis", mais il faut, dès 14 ans,  suivre une formation à la conduite A.M, un test d'aptitude, l'ancien B.S.R.
 
Ces catégories de petites voitures ne peuvent pas prendre l'autoroute ni les voies rapides. Elles roulent uniquement en agglomération, sur les routes départementales et nationales. Dans le sud de la France, une certaine jeunesse aisée commence à choisir dès les années collèges ce type de moyens de déplacement, les ventes décollent depuis peu.
 

Pour son petit Victor de 14 ans, Cynthia est prête à lui mettre ce premier volant dans les mains. Les arguments sont sécuritaires avant tout.

En tant que maman, oui, je le sentirais plus en sécurité avec une carrosserie autour de lui, du chauffage et des équipements de voitures, plutôt qu'en deux roues, sur des routes nationales, sous la pluie et avec tous les risques que ça entraîne.

"En cas d'accident, il y a une protection qui est supérieure," explique-t-elle, "le châssis de ces mini-voitures est en alu, elles passent des tests de collisions. On va tout faire pour que Victor passe son petit permis AM afin qu'il puisse commencer à rouler."
 

"J'aurais adoré avoir ces voiturettes à 14 ans, en 1985"

Accoudé sur son bolide de 500 centimètres cubes, Stéphane est vraiment fier : " C'est une premium, ce modèle-là " nous lance cet ancien motard en caressant le toit. Stéphane, C'est l'homme qui a boudé les permis depuis sa tendre jeunesse. Motos ou voitures, il est toujours resté sous de petites cylindrées pour ne pas avoir à le passer et tout va bien pour lui. A 14 ans, il aurait adoré conduire une voiturette, mais, ça n'existait pas vraiment.
 

Alors, aujourd'hui, la petite voiture est devenu une évidence. "Moi, je n'ai pas le permis B. J'ai essayé mais, ça ne m'intéressait pas. Je préférais la moto, mais là non plus, je n'avais pas le permis. Je roulais avec une Fenix 50 centimètres cubes à l'époque. Et puis, on vieillit, on change, on peut aller faire ses courses en voiturette maintenant. La mienne elle a 4 ans et déjà 70 000 km au compteur".

Je l'ai payé plus de 14 000 Euros avec toutes les options possibles. C'est la classe maintenant ! On peut sortir, on va chez mon frère à Maubeuge, à Sedan, on peut bouger. Pour moi, c'est comme une voiture normale. En 1985, on ne pouvait pas encore rouler à 14 ans avec ce genre de voiturette mais, moi, j'aurais vraiment aimé.
-Stéphane Morelle, pilote confirmé sur mini-voitures

Le coffre est même plus grand qu'il n'y paraît. "C'est trop pratique, on a même chargé une machine à laver dans le grand coffre de 1.200 litres. Je ne suis pas prêt de changer." 
  


Peu d'accidents de voitures sans permis, mais un drame dans les Ardennes

Des centaines de voiturettes parcourent le département des Ardennes chaque jour. Limités souvent autour des agglomérations, leurs parcours ne couvrent pas de grandes distances mais elles utilisent les routes départementales et nationales. Pour l'année 2019, il n'y a eu qu'un seul accident grave impliquant une voiture sans permis. Le 10 juillet 2019, à 15h, sur le RD8043 à Auvillers-les-Forges dans les Ardennes, une voiturette avec deux personnes à bord est entrée en collision avec un autre véhicule. Bilan: les deux occupants de la voiture sans permis sont morts. Comme tous moyens de transports terrestres, les voitures sans permis engagent la responsabilité de leur conducteur et n'échappent pas aux lourdes statistiques de la sécurité routière en matière d'accidents.
 
 




 
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