Dans le quartier de l’hôtel de ville à Charleville-Mézières, quatre salons de coiffure sont installés dans la petite rue Monge. Une proximité bien singulière qui fait parler. Mais personne ne se prend le chignon.
 

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- "Tu le savais, toi, qu’il y a quatre coiffeurs dans ma rue ?" me lance dernièrement Sébastien, mon collègue de travail.
- "Voilà bien une info qui décoiffe ! » me dis-je en pensant à cette petite rue Monge si discrète, cachée derrière la basilique de Mézières.

Vérification faite ce vendredi 24 janvier, à l’ouverture des rideaux des commerçants, sur quelques dizaines de mètres seulement, quatre professionnels des ciseaux vous attendent de pied ferme.


Le pionnier 

René Gondoin est arrivée dans la rue Monge en 1965. Il avait 22 ans, et c'était le roi de la place ! Il n'y avait que lui à l'époque dans le quartier et ses clients étaient nombreux. A 77 ans, il aime encore donné un coup de main à son fils. Comme par exemple ce matin,  lorsqu'il faut le remplacer sur une journée à "La boîte à tifs".

Certes, il s'est fait des cheveux blancs en 63 ans de carrière, mais avec la barbichette du sage et ses petites lunettes de professeur, il impose le respect et reste la mémoire de la rue. "Cela fait tout de même de la concurrence !" avoue-t-il en regardant par-dessus la tête du client qu'il retaille. "On est déjà quatre coiffeurs dans le secteur, voir cinq même, si on compte celui qui s'installe à côté de l'hôtel de ville. Ça fait beaucoup, surtout que la population de Charleville-Mézières diminue année après année. Oui, c'est vrai, on perd des clients," regrette-t-il. "Dans les vieux salons comme le mien, il faut renouveler la clientèle et c'est plus facile de perdre un client que d'en gagner quand on est quatre coiffeurs".

 
 

Me battre sur les prix, je n'aime pas trop ça, je n'ai pas été habitué. Je préfère me rattraper sur la qualité, et là, ça demande de passer plus de temps avec chaque client.
- René Gondouin, artisan coiffeur depuis 63 ans à Charleville-Mézières

 


Il faut saisir sa chance

A l'autre bout de la rue, une enseigne joue, elle aussi, sur les mots. "Perfect Hair", c'est le nom du salon d'Anaïs, la coiffeuse, directrice et gérante de son petit commerce du cheveu. Ce salon était une opportunité à saisir il y a 11 ans. Aors, elle a tenté sa chance. "On travaille chacun à notre manière, il n'y a pas de rivalité," assure-t-elle en terminant la couleur de Mme Martin.
 


Tout se passe bien dans cette rue, c'est de la coiffure pour tous. J'ai un coin du salon qui est très apprécié. C'est un siège en forme de petite voiture que les enfants apprécient beaucoup. J'avais vraiment envie d'un espace pour les enfants car on est entouré d'écoles.
- Anaïs Thiebaut, responsable coiffure Perfect Hair" Charleville-Mézières

 


"Je travaille aussi beaucoup avec les administrations entre midi," explique Anaïs. "Ça permet aux gens du quartier de venir pendant leur pause." Un flot continuel de voitures passent, sans s'arrêter devant la vitrine d'Anaïs. C'est l'autre visage de la rue Monge : un seul sens de circulation. La fin des grands travaux de la nouvelle place de l'hôtel de ville et la gestion des places de stationnements sont au cœur des discutions ce matin. Car le stationnement, c'est le nerf de la guerre et personne ne souhaite vraiment se faire coiffer sur le poteau quant à l'aménagement de ces espaces indispensables. C'est ce que pense Jean-Michel, le salon" Mod et Coup création" l'enseigne qui fait miroir à la vitrine d'Anaïs.


"La concurrence n'est pas déloyale"

C'est le coup de feu dans le salon de Jean Michel  juste avant midi. Tous ses fauteuils sont occupés. Les coiffeurs s'activent et slaloment entre les bacs à shampoing. L'humeur est plutôt détendue.

Quatre coiffeurs dans un si petit périmètre ne le dérange finalement pas plus que cela. Quand je lui annonce que je fais la tournée des concurrents de la rue, il sourit : "On a chacun notre clientèle, Anaïs, en face, a peut-être plus de femmes et d'enfants. Nous, on est mixte. On est spécialisé Barber et enfants, et en plus, on prend sans rendez-vous." "On a tous à peu près les mêmes tarifs," ajoute-t-il. "Chez moi, c'est familial, à côté, c'est plus classique, plus loin c'est coupes Afro".


Entre coiffeurs, quand on se rencontre dans la rue, on discute. En face, Anaïs a déjà gardé des commandes pour moi, et moi, je fais de même. Pareil avec René à l'autre bout de la rue.
La concurrence, il y en a, mais, elle n'est pas déloyale!
- Jean Michel Hubert, responsable du salon de coiffure Mod et Coup création à Charleville-Mézières

 

 


Comme un cheveu sur la soupe

Le petit dernier arrivé dans la rue des coiffeurs, c'est un salon aux accents d'ailleurs ... "R'Street", des coupes originales, des motifs, des dégradés, et il fait la part belle aux barbes en tout genre. Le patron des lieux n'était pas là ce matin, mais l'endroit vous invite déjà à un voyage. Installé depuis deux ans seulement, ce quatrième mousquetaire complète bien la grande équipe du moment.
 

Lorsque l'on cherche un coiffeur dans l'annuaire des Pages Jaunes, ce sont 65 résultats qui s'affichent pour la ville de Charleville-Mézières et 336 pour le département des Ardennes.
Autant dire qu'il va être de plus en plus difficile de se promener avec la nuque longue dans la cité de Rimbaud sans être tenté d'une coupe salutaire.


 
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