Des deux côtés des Ardennes, on se félicite de la réouverture des frontières depuis ce lundi 15 juin. Dans les villes belges proches, la journée a été marquée par l’afflux de Français.
Ce lundi 15 juin au matin, les voitures immatriculées 08 défilent partout à Pussemange. Car dans ce petit village belge, tout proche de la frontière française, les Ardennais sont venus en masse. La veille, le président de la République, Emmanuel Macron, annonçait la réouverture des frontières entre les deux pays. Quelques heures plus tard, les visiteurs étaient déjà disséminés partout sur les terrasses belges.
"C’est de la folie, les Français n’arrêtent pas de venir", raconte Virginie Laime. Depuis 8 h, elle est sur le pied de guerre avec son mari pour l’accueil des clients. Gérante d’un bar-tabac dans la commune, elle a passé sa journée à courir entre la terrasse et le comptoir. "Tout le monde arrive en même temps pour acheter son tabac, beaucoup reste prendre une bière."
L’économie frontalière est relancée
Avec trois tabacs pour moins de 100 habitants, l’économie du village repose largement sur la présence des Français. Durant la période de confinement, c’est ce qui a d’ailleurs contraint Virginie Laime à mettre au chômage partiel ses trois salariés. "On est ouvert depuis le 11 mai, mais il n’y avait pas grand monde, raconte-t-elle. Si les frontières n’avaient pas ouvert, on aurait continué de tourner au ralenti." Si, à la fin de cette semaine, elle constate que les affaires reprennent, ses salariés pourront se remettre au travail.
Pour Frédéric Leveque, l’annonce de la réouverture a aussi été très bien accueillie. Lui, c’est du côté français des Ardennes qu’il vit, à sept kilomètres à peine de la Belgique, à Neufmanil. La fin du confinement entre les deux pays a été l’occasion de reprendre ses excursions hebdomadaires dans le plat pays. "Comme beaucoup de gens, j’y vais principalement pour le tabac, parfois pour la bière. Ça me soulage qu’on puisse à nouveau circuler, parce que pendant le confinement, j’avais presque doublé mon budget cigarette." Une joie partagée par tous les autres visiteurs qu’il a croisé à Pussemange. "Je n’ai vu que des Français et il y avait une super ambiance, c’était presque une fête."
"Ces passages, c’est un rituel entre frontaliers"
Cette ambiance festive, elle se confirme plus loin, à Bouillon (Belgique). Dans cette ville frontalière aussi, les Français se trouvent à chaque coin. Sur la terrasse de son restaurant, le Windsor, Elisio Gaspar a accueilli des dizaines de groupes de visiteurs, venus boire une bière au bord de la Semois. "On attendait que ça ici. Même si ça fait une semaine chez nous que les restaurants peuvent rouvrir, les Français manquaient à l’appel. Et ils ont répondu présent", se réjouit le restaurateur.
Avant le confinement, la clientèle touristique représentait déjà 80 % du chiffre d’affaires de son établissement. Après une semaine à vide, les affaires reprennent fort dès ce début de semaine. "On espère que ce n’est pas que temporaire, que les visiteurs continueront de venir aussi nombreux."
Lui-même compte bien se rendre en France, de l’autre côté des Ardennes. Pour son restaurant, c’est au marché de Sedan qu’il achète une partie de ses produits, et dans la région qu’il prend ses baguettes. "Ces passages pour y faire ses courses, c’est un rituel entre frontaliers. Tout le monde y trouve son compte."
Dans les assiettes de ses clients français aussi, on retrouve cette nostalgie de la cuisine belge : ce lundi, les plats de moules-frites sont sur toutes les tables.