Déconfinement : le parc animalier des Grottes de Han rouvre le 21 mai après la naissance exceptionnelle de deux gloutons

Depuis le 4 mai, la Belgique a entamé son déconfinement progressif. Zone d'intérêt naturel, le parc animalier du domaine des Grottes de Han, dans les Ardennes belges, rouvrira ses portes le 21 mai avec notamment deux pensionnaires supplémentaires. Pour les grottes, il faudra encore patienter.

 

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La Belgique a entamé son déconfinement progressif le 4 mai, soit une semaine avant la France. Le 24 mars, la Première ministre annoncait  une reprise progressive avec d'abord le redémarrage de l'industrie, des merceries et magasins de tissus, puis, le 11 mai, la réouverture de tous les commerces et, le 18 mai, la réouverture des écoles et des musées. Mais rien ne concernait les parcs animaliers et les lieux touristiques au grand désespoir des acteurs du secteur. 
 

Zone d'intérêt naturel

Un oubli corrigé le 13 mai dernier avec l'annonce de la réouverture possible des zones d'interêt naturel à partir du 18 mai. Le parc animalier du Domaine des Grottes de Han pourra donc rouvrir ses portes le 21 mai. Pour les grottes en revanche, pas situées en plein air et plutôt considérées comme un point d'attraction touristique, il faudra encore patienter. 

"Nous réouvrirons le parc animalier le jeudi 21 mai jusqu'au dimanche, puis à nouveau les vendredi, samedi et dimanche de Pentecôte et tous les week-ends de juin, explique Brigitte Malou, l'administratrice déléguée des Grottes de Han-sur-Lesse dans les Ardennes belges. Nous ne savons pas si les visiteurs vont venir nombreux ou si, au contraire, ils seront frileux. En fonction de cela, nous réfléchirons à des ouvertures en semaine au mois de juin. L'objectif est d'ouvrir le parc tous les jours à partir du 1er juillet. 

 


Une première depuis la Préhistoire

Outre le caractère exceptionnel du moment, cette réouverture sera également exceptionnelle dans l'histoire du parc avec la naissance de deux petits gloutons. Trois jours avant l'annonce du confinement, le 10 mars, deux bébés gloutons ont en effet été aperçus par des soigneurs du parc animalier, confirmant ce qu'ils avaient déjà cru voir le mois précédent. Après deux mois passés en tanière avec leur mère à l’abri des regards, ils ont enfin sorti le bout de leur museau. "C’est une naissance exceptionnelle en Belgique dont tout le Domaine se réjouit !", confie Alexis Kohler, responsable adjoint du parc animalier. Le glouton a disparu de la Belgique depuis la Préhistoire ! Il reste environ 1.200 gloutons en Europe, présents exclusivement en Scandinavie dont une centaine en captivité."

Le Domaine participe au Programme d’élevage européen de cette espèce et l'a réintroduite en Belgique. Deux spécimens sont ainsi arrivés au Domaine de Han en 2015. Le mâle, né le 14 février 2014, en Suède, s'appelle Valle et la femelle, née le 12 février 2014, en Russie, s'appelle Skally . Ensemble, ils auront une première portée en 2017, une petite Grahma (ahma signifie glouton en flamand), mais qui ne survivra pas à une infection.

Le 7 février, la femelle, Skally, disparaît dans sa tanière, présage d’une future naissance. Une gestation dont l’équipe des soigneurs se doute après avoir guetté les accouplements du mâle, Valle, avec Skally, l’année dernière. La reproduction de ce grand mustélidé est assez particulière. En effet, après la fécondation, le développement de l’œuf est suspendu jusqu’à la fin de l’automne. Un phénomène appelé « ovoimplantation différée ». La phase réelle de gestation dure environ 40 jours.

 
 

Une rencontre en plein confinement

Sur leur territoire à Han-sur-Lesse, les gloutons disposent de sept tanières différentes et en changent régulièrement. Quelques semaines plus tard, lors d’un de ces changements, Skally est aperçue avec deux bébés par un soigneur du parc. Les premiers mois étant ceux où les petits sont les plus vulnérables, l’équipe décide de ne pas intervenir afin de laisser la femelle prendre soin de ses jeunes. La ration de nourriture est alors renforcée. Au fil du temps, une question subsiste : les deux petits vont-ils survivre ? La patience de l’équipe des soigneurs est récompensée le 10 mars, puisque Skally et ses deux petits sont à nouveau observés lors d’un changement de tanière.

Leurs apparitions sont ensuite de plus en plus fréquentes. L’équipe tente à plusieurs reprises d’accéder aux bébés afin de procéder à un check-up mais Skally fait preuve d’un instinct maternel protecteur très développé, ce qui rend la tâche ardue. Il faut attendre le 17 avril pour qu’enfin le contrôle puisse se faire. Verdict : deux beaux bébés ! Un mâle de 3,6 kg et une femelle de 3,2 kg. Ils sont en pleine forme et ont déjà le caractère bien trempé. "Le mâle est tout pèpere et suit sa maman, s'exclame Alexis. Par contre sa soeur, une vraie aventurière ! Elle est très surprenante et très vive! Elle ne se laisse pas approcher et elle est déjà prête à attaquer."
 

Le responsable adjoint du parc entend bien donner toute l'importance qu'elle mérite à cette naissance.  Animal de contes et de légendes ou du petit héros indien de bande dessinée Yakari, le glouton a toujours fasciné. Petit de taille, il s'avère être un animal redoutable. "C’est un animal puissant, capable de s’attaquer à des animaux bien plus grands que lui, comme le renne. Il arrive même à tenir tête à un ours lorsqu’il défend sa nourriture", avertit-il.

Cousin du blaireau, de la fouine et de la martre, le glouton est le plus grand représentant des mustélidés. Pour Alexis, il fait partie des  "big 5 européens". "Tout le monde connait les big 5 d’Afrique : le lion, l’éléphant, le rhinocéros, le léopard et le buffle. Mais tout le monde ne sait pas que l’Europe possède aussi ses big 5 qui sont le bison d’Europe, l’ours brun, le loup, le lynx et le glouton."

Six louvetaux arctiques sont également venus agrandir la grande famille du parc. La mère, Keysa, est entrée en tanière le 14 avril. Le 8 mai, un premier louveteau a pointé le bout de son nez et le lendemain, les soigneurs, à l’affût, en ont observé pas moins de six !

 


Des petits nouveaux qui vont donc découvrir la vie entourée de visiteurs. Le confinement avait pour ça part également généré des comportements différents chez certains animaux. "Au début du confinement les animaux, comme nous, avons apprécié de bénéficier du calme de la nature", avoue Alexis. Mais par la suite, les soigneurs ont constaté que tous les animaux ne réagissaient pas de la même manière. Les loups sont plus à l'affût dès qu'une présence humaine s'approche de leur enclos. Les ours sont heureux de ne plus être approchés par contre." Les animaux des plaines comme le bison d'Europe apprécie également la solitude. Cette espèce en voie de disparition connaît des tentatives de réintroduction en liberté.

Plusieurs bisons devaient quitter le parc mais ce projet est reporté d'une année avec la fermeture de l'espace Schengen"
-Alexis Kohler, esponsable adjoint du parc


Concernant les soigneurs, l'organisation mise en place pendant le confinement va perdurer au moins jusqu'à la fin du mois de juin. "Chaque équipe travaille par roulement afin que, si un des membres de l'équipe est infecté, on puisse immédiatement identifier les personnes avec qui elle était en contact au traval et isoler toute l'équipe", explique Alexis Kohler.
 

 

Prêts à accueillir le public

"Nous sommes prêts à accueillir le public !", lance Brigitte Malou. Le personnel de l'accueil et de la restauration, qui a été mis en chômage partiel va donc pouvoir reprendre du service. Trop exigüe, le centre d'acceuil a été réaménagé et de la vente à emporter sera réalisée pour ce qui concerne la restauration sur le site. 

Et ce n'est pas tout. Pour respecter les gestes barrières, la réservation des billets sera désormais la règle : en ligne ou sur des bornes automatiques qui seront multipliés. Des crénaux horaires seront proposés avec, pour chacun, une jauge limitant l'affluence. Les caissières seront protégées par des parois plexiglass, le port du masque imposé ou recommandé aux visiteurs selon les lieux, et l’ensemble du parcours visiteur a été repensé pour minimiser les lieux de rassemblement et les files d’attente et fluidifier les trajets. "Il y aura des distributeurs de gel hydro-alcooliques aux endroits stratégiques (avant et après l’activité comportant un risque de toucher) et notre personnel portera des gants pour échanger avec les visiteurs des objets à manipuler", rassure la directrice.

Les visites du parc en safari-car ont aussi été réorganisées rappelle Alexis Kohler. "Nous avons prévu la réduction de l’occupation par véhicule, le compartimentage des espaces, la désinfection des surfaces de contact entre chaque trajet, la désinfection complète du véhicule chaque jour et forcèment l'extension des plages horaires car tout cela prend
du temps."


 
 

Les Grottes de 1817 à nos jours

Mais le domaine des Grottes de Han, ce sont aussi... des grottes. Il y a plus de 500.000 ans, la Lesse, une rivière coulant aux confins de l'Ardenne, quitte sa vallée naturelle pour s’enfoncer dans le massif calcaire dit massif de Boine. Elle en ressort deux kilomètres plus loin, après avoir traversé le massif de part en part. Ce faisant, elle contribue à la formation d’un réseau extraordinaire de grottes souterraines, les Grottes de Han, découvertes il y a 200 ans, en 1817, par des habitants du village.

Depuis lors, 17 kilomètres de galeries ont été mis à jour et une réserve d'animaux créée qui ont déjà attiré quelques trente millions de visiteurs. Si les voyants sont au vert pour le parc, concernant les grottes, il faudra encore attendre un peu. Un endroit à risque ou pas? "Quelles sont les caractéristiques du milieu des grottes du point de vue des risques de transmission du virus? C'est une question qu'on va surement me poser", reconnait Brigitte Malou. La caractéristique du milieu ambiant dans les grottes calcaires est le taux élevé d’humidité, près de 100% en permanence.

"Or il existe une abondante littérature scientifique, basée sur de nombreuses expériences, qui analyse l’influence du taux d’humidité sur le risque de transmission de virus de type corona ou influenza. Tous les articles que j'ai pu consulter vont dans le même sens", rapporte Brigitte Malou.
 


Des articles de presse français aussi avancent que l'humidité serait un facteur de ralentissement du virus. "Les chercheurs restent prudents quant aux conclusions préliminaires de leur étude. Ils demandent à faire davantage d’expériences en laboratoire pour pouvoir mieux contrôler les différents paramètres, principalement température et humidité, sur le coronavirus et déterminer avec plus de certitude la relation qui sous-tend ces trois éléments. En effet, les chercheurs reconnaissent que leur étude ne peut maîtriser toutes les variables."

La Guyane est, par exemple, l’une des régions de France les moins touchées, avec un décès au 15 mai. "On lit cette étude avec intérêt, confirme Loïc Epelboin, infectiologue au Centre hospitalier de Cayenne. Mais ça reste une étude et il y a encore beaucoup d’inconnues dans l’équation." Finalement, au stade des recherches partout dans le monde, rien ne certifie que l'humidité ou la chaleur freine la transmission du virus. "Comme je ne suis pas scientifique, je ne peux qu'avancer cela", concède Brigitte Malou.

Pour Michel Vankeerberghen, directeur de l'Association Attractions et Tourisme en Belgique, les grottes peuvent être considérées comme des endroits fermées car ce sont des galeries souterraines mais l'air y circule aussi. Le sujet est donc délicat. "Il faudra vraiment proposer des visites en groupe très réduit et priviligier les groupes familles pour éviter les contacts." 
 

Avec son équipe, la directrice a donc également réfléchi à toutes une série de mesures sanitaires pour leur réouverture. "Nous envisageons une révision du trajet de la visite pour éviter les passages plus étroits. Les arrêts seraient limités aux grandes salles permettant la distanciation sociale. Nous prevoyons le réduction de la taille des groupes avec réservation obligatoire. Nous aurons des extensions des plages horaires. Le guide prendra du temps en début de visite pour expliquer les consignes et veillera à leur application tout au long du trajet. Nous placerons bien-sûr des distributeurs de gel à l’entrée et à la sortie et à différents endroits clé dans la grotte et nous désinfecterons régulièrement les rambardes.
 

"On peut encore faire une belle saison"

La dernière phase de déconfinement en Belgique est prévue à partir du 8 juin, et concernera le réouverture des hôtels et des restaurants. Michel Vankeerberghen, comme Brigitte Malou, espèrent que les points d'attractions touristiques seront également dans ce wagon, car la mise à l'arrêt du secteur représente un manque à gagner gigantesque.
 


À titre d’exemple, le parc Walibi devait ouvrir ses portes le 5 avril. Durant les vacances de Pâques, ce sont environ 130.000 visiteurs qui n’ont pas pu s’y rendre. Pour Brigitte Malou, les regrets sont d'autant plus importants que la météo était très favorable en mars et avril. Depuis le confinement du 14 mars, ce sont plus de trois millions de chiffres d'affaires en moins pour le Domaine.

Le tourisme belge est très important en Wallonie, 60 % des touristes sont Belges, 15 % sont Français et 15 % Néerlandais. Les frontières étant fermées au moins jusqu'au 15 juin, il ne faudra cependant pas compter sur la clientèle étrangère dans un premier temps. "Si les frontières rouvrent le 15 juin et que nous pouvons ouvrir l'ensemble du domaine (parc animalier et grottes ndlr), à partir du 1er juillet, nous pouvons encore faire une belle saison", conclut Brigitte Malou. La réouverture des parcs de loisirs permettrait de redonner le sourire à toute une population qui a eté confinée."
 
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