La fermeture des lieux publics non essentiels, pour stopper l'épidémie de covid-19, interdit notamment l'accès aux zoos et parcs animaliers. C'est une crise économique pour le tourisme, mais pas pour les animaux. Exemple au parc Argonne Découverte dans les Ardennes.

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En cette période de confinement, on peut toujours aller travailler, faire ses courses de première nécessité et consulter un spécialiste, mais question loisirs : c'est le calme plat. Fini les visites au musée, les balades en forêts, et les sorties au zoo pour l'instant. Les parcs animaliers ont tiré le rideau eux aussi, en attendant des jours meilleurs. Une activité en mode pause pour le bien de tous, mais tragique pour l'économie des établissements fermés.
 

Un silence assourdissant

Mon GPS affiche un trajet de 50 minutes ce vendredi 10 avril au départ de Charleville-Mézières en direction du village d'Olizy-Primat dans les Ardennes. C'est au parc Argonne Découverte que je suis attendu, dans la région de Vouziers (Ardennes). Le parking est désert ce matin, devant la grande porte d'entrée. C'est normal, par obligation, le parc est fermé au public.

 


Des cris d'oiseaux exotiques déchirent le silence des lieux et m'annoncent à l'accueil. Anne Frezard, la responsable d'exploitation, m'invite dans son univers paradisiaque, un peu trop calme à son goût. " On est à effectif réduit, certains secteurs sont complétement fermés ! " m'indique-t-elle, un peu déçue. Le restaurant et la partie boutique sont effectivement dans le noir, et il n'y a que le bruit du vent qui nous accompagne dans les grandes allées du parc.

 



En me désignant l'enclos des loups d'Europe, elle explique : " Là, ils sont vraiment tranquilles ! Le fait de ne pas avoir de visiteurs, ils sont un peu plus seuls. Avril et les vacances de Pâques, c'est une période où d'habitude on accueille beaucoup de monde. C'est la même fréquentation qu'au mois de juillet, ça fait vraiment bizarre.

 



"On assure le travail quotidien avec le moins de personnel possible pour éviter le risque de contamination." Lorsque j'évoque la logistique des provisions de nourriture, la directrice poursuit : " Pour tout ce qui est viande, fruits et légumes, il n'y a pas de difficultés, on continue de travailler avec nos partenaires. Par contre, le souci, ça va être pour les insectes vivants que nous utilisons pour certains de nos animaux. Là, on a du mal à être approvisionné en ce moment à cause du transport."

Ce sont des insectes pour nos petits carnivores, les renards, les genettes et certains de nos lézards qu'on nourrit aussi avec des grillons, des crickets, des blattes et des vers de farine.
Ça doit arriver vivant chez nous et c'est compliqué en cette période de confinement.
- Anne Frezard, responsable d'exploitation, Parc Argonne Découverte. Ardennes.

 



Et du côté des oiseaux ? "Il y a deux secteurs oiseaux ici : ceux qui restent en volières, et ceux qui font le spectacle. Tout est arrêté, alors ceux qui sont censés travailler sont au repos. Ça se passe bien pour eux. Tout est paisible."


Loups d'Europe ou loups arctiques

Les enclos se découvrent au fil de la promenade dans les sentiers du parc. Sur des dizaines d'hectares, en plein forêt ardennaise, les animaux se confondent avec la végétation dense et verdoyante. Ce confinement en pleine nature est la marque de fabrique de l'endroit. Ces animaux d'Europe, pour la plupart, sont déjà chez eux, avant d'être chez nous.
 

Le coin des loups arctiques est toujours une récompense pour le visiteur. On y arrive guidé par de petits sentiers tapissés d'escaliers en bois. Les soigneurs en effectif réduit sont à la tâche, c'est l'heure du repas.
 


"Ils sont quatre maintenant: deux adultes et deux jeunes de 2019 ! " m'explique Anne en s'approchant de l'enclos. Ils vont avoir des petits bientôt, ces loups arctiques sont plus précoces que d'habitude. Ce n'est pas dû au confinement et au fait que le parc soit fermé, mais c'est certainement plutôt le réchauffement climatique qui a eu un effet dans ce sens.
Ils se sont reproduits en avance."


 


Une faim de loup ?

Coralie et Orlane, les deux soigneuses animalières de l'établissement sont en plein effort. De leur petite camionnette utilitaire, elles déchargent de lourds seaux remplis de restes de viande. Les loups gris d'Europe attendent ce moment avec impatience, cachés derrière des souches d'arbres.

 


Je m'étonne de la quantité. Serait-ce un jour de fête pour nos carnivores, ou est-ce ma garantie pour me faire oublier dans l'enclos ? Ni l'un ni l'autre apparemment. Toutefois, d'un regard avec la bête, je signe, en quelques sortes, le pacte des loups : " je ne mange pas ta viande, tu ne me manges pas !"

 


Coralie me rassure sur l'appétit de ses fauves du moment : " D'habitude, on fractionne les repas, on donne de petites quantité de nourriture pour que les visiteurs puissent les voir, et pour nos animations. Là, comme on est fermé par obligation, on peut leur faire des jours de jeûne dans la semaine. On apporte de gros repas et ensuite, on les fait jeûner deux jours. C'est important pour ces carnivores, ça fait une remise à zéro de leur estomac, c'est bien ces périodes de jeûne."

 
 

Sans les visiteurs, ils sont plus calme, ils s'approchent plus facilement car ils n'ont pas le stress du bruit des visites. Nous, on a plus de temps à leur consacrer, on peut les observer, contrôler les installations.
- Coralie Schweutzer, soigneuse animalière Parc Argonne Découverte. Olizy-Primat.


En contre-bas du sous-bois, le coin des ratons laveurs est en effervescence. Eux aussi ont compris que c'est un peu les vacances en ce moment. Ils passent d'une branche à l'autre en surveillant la livraison de friandises de midi.

 


Une activité au ralenti

Si la mise en confinement temporaire du parc est une nouvelle expérience pour les animaux, côté économique, c'est une tragédie. Dix saisonniers étaient prévus pour renforcer l'activité débordante de l'établissement. Aujourd'hui, il n'y avait que les deux soigneuses. Le chiffre d'affaire est en chute libre, les réservations des visites sont annulées, les groupes scolaires ne viendront pas.
 


Le parc Argonne Découverte dépend, fort heureusement d'une collectivité. Les salaires sont assurés nous rappelle la responsable d'exploitation, le fonctionnement du parc également. En attendant une réouverture prochaine du site après le déconfinement, le parc déborde de nouveaux projets, sur papier encore pour l'instant. 

 
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