A partir de lundi 14 décembre, une campagne de dépistage massif sera organisée par Ardenne Métropole en lien avec l'ARS, l'État et les professionnels de santé. Objectif : limiter les contaminations à Noël. Le détail ne sera annoncé que vendredi, le ministre de la santé l'a confirmé.
Alors que le taux d'incidence vient de repasser au dessous du seuil de 250 pour 100.000 habitants dans les Ardennes, en faisant le plus mauvais élève de France (a contrario la Marne affiche un taux de 71), le ministre de la santé Olivier Véran a confirmé ce jeudi 10 décembre, qu'une opération de dépistage massif allait débuter le 14 décembre sur le territoire de la métropole des Ardennes.
Face à la crainte d'une nouvelle vague à l'occasion des fêtes de fin d'année la collectivité Ardenne Métropole avait en effet demandé la semaine dernière aux services de l'Etat l'organisation d'un dépistage massif alors que des territoires d'expérimentations étaient annoncés par le Premier ministre. Une demande "rapidement acceptée" selon le président d'Ardenne Métropole et maire de Charleville-Mézières, Boris Ravignon.
"Nous sommes globalement dans une démarche qui repose sur le volontariat, sur l’adhésion, sur l’appel à la responsabilité de chacun, c’est notre état d’esprit, nous voulons être incitatifs, c’est le message, précise de son côté le préfet des Ardennes, Jean-Sébastien Lamontagne. Si, à l’issu du test, je suis négatif, tant mieux. Mais, comme l’a rappelé le ministre de la Santé, le fait d’être négatif quelques jours avant les fêtes n’est pas un totem. Ce n’est pas un vaccin, on n’est pas immunisé, ça veut simplement dire qu’il faut continuer à faire attention."
Les huit nouveaux sites dévoilés
Avant le coup d'envoi, collectivités et Agence régionale de santé sont donc en pleine préparation. Le département des Ardennes compte en effet actuellement 19 centres de prélèvements de tests PCR, un nombre qu'il s'agit d'étendre en ouvrant de nouveaux lieux. "On est sur quelque chose qui n'est pas obligatoire mais je pense qu'on doit le démultiplier, en le rendant accessible à proximité de l'endroit où l'on vit peut-être à proximité de l'endroit où l'on va faire ses courses", explique Boris Ravignon qui espère amener 25% de la population de l'agglomération à se faire tester.
Huit nouveaux sites, mis à disposition par les collectivités, vont donc être ouverts à partir de lundi : il s'agit des gymnases Mozart, Capucines, Maryse Bastie et du Cosec Les Mésanges à Charleville-Mézières, de la maison de quartier secteur du Lac à Sedan, de la salle Bérégovoy de Vrigne-aux-Bois, du Cosec de Nouzonville et du Cosec de Villers-Semeuse. Des lieux suffisamment vastes pour accueillir un espace de prélèvement, un espace d'attente et un espace de communication des résultats. Autre nouveauté : des agents de l'assurance maladie seront présents sur place pour pouvoir tout de suite mettre en place un suivi et identifier les potentiels cas contacts des personnes dignostiquées positives. Ils seront ouverts de 14h à 19h du 14 au 19 décembre, puis du 21 au 23 décembre et enfin du 28 au 30 décembre.
Les tests qui y seront effectués seront principalement des tests antigéniques, qui permettent d'apporter une réponse dans la demi-heure contrairement aux tests PCR.
Quant au personnel employé, du renfort va être déployé en faisant appel aux élèves de l'école d'infirmiers de Charleville-Mézières, aux pompiers, aux professionnels libéraux infirmiers mais aussi dentistes, sages-femmes et masseurs-kinésithérapeutes qui sont désormais en capacité de prélever.
On compte sur le sens civique des citoyens et on se dit que personne ne voudra faire courir de risques à ses proches
La communauté d'agglomération de Charleville-Mézières-Sedan compte 122.000 habitants. A Sedan, deuxième ville du département des Ardennes, aucun site de dépistage n'était pour l'instant présent. Ce sera donc chose faite dès lundi 14 décembre au sein de la maison de quartier du Lac, le quartier le plus peuplé de la ville.
"L'objectif, c'est avant tout de sauver des vies"
"C'est un espace de près de 2.000 m2 qui conviendra tout à fait, précise le maire de Sedan et vice-président d'Ardenne Métropole, Didier Herbillon. Pour nous, l'objectif de ce dépistage est de permettre aux gens qui sont malades de le savoir et ainsi d'éviter de contaminer leur famille à Noël en s'isolant et en évitant les repas festifs. L'idée, c'est donc de se faire tester le plus rapidement possible. On compte sur le sens civique des citoyens et on se dit que personne ne voudra faire courir de risques à ses proches."
Avec toutefois ce paradoxe que, plus on testera, plus on trouvera de cas positifs. Avec la perspective d'un non-allègement du confinement en cas de non passage en-dessous de 5.000 nouveaux cas par jour, objectif fixé par le Président de la République. "La réalité, ce n'est pas des statistiques, l'objectif, c'est avant tout de sauver des vies", balaye Didier Herbillon.
"Du point de vue de l’impact de l’épidémie sur la mobilisation des établissements sanitaires, 11 lits de l’unité de réanimation Covid sont aujourd’hui occupés au sein du Centre hospitalier Nord-Ardennes et 38 des 39 lits de médecine infectieuses le sont également, rappelle de son côté Guillaume Mauffré, délégué territorial de l'Agence régionale de santé dans les Ardennes. On est sur une dynamique en termes d’hospitalisations totale dans le département qui représente 179 habitants pris en charge. Pour rappel, la semaine passée on était à 151. Dans les établissements médicaux sociaux accueillant des personnes âgées dépendantes, 13 structures sur 30 accueillent aujourd’hui des résidents atteints du Covid, cela représente presque 10 % de la totalité des résidents pris en charge dans le département."
"Sur les tests de confort, on est plus réservés"
Dans les Ardennes, le laboratoire Bio Ard'Aisne compte huit sites dont cinq où le public peut venir effectuer des prélèvements. Des prélèvements ensuite acheminés sur le site de cours Briand à Charleville-Mézières, où les tests PCR sont effectués. Un acteur majeur du dépistage qui se tient prêt lui aussi.
"Nous n'allons pas participer à l'ouverture de nouveaux points de prélèvements mais nous allons mobiliser notre personnel, qui d'ailleurs n'a jamais vraiment été démobilisé, sur nos sites pour permettre de répondre à une demande qui serait supérieure à celle que nous connaissons aujourd'hui. On accompagnera ainsi cette campagne", indique Laurent Theillier, biologiste au laboratoire Bio Ard'Aisne de Charleville-Mézières qui constate une baisse "de l'ordre de 30 à 50%" du nombre de demandes de prélèvements ces derniers jours.
Sur l'opportunité d'un dépistage massif, le biologiste a un avis balancé. "Bien sûr, c'est utile pour les personnes qui ont des symptômes ou pour faire le point au sein d'un Ehpad ou d'une entreprise. Sur les tests de confort, je suis beaucoup plus réservé. Ce n'est qu'un résultat à un instant T, on peut être négatif et se faire contaminer dans l'heure qui suit. Donc le test de confort pour permettre aux gens, s'ils sont négatifs, d'oublier les gestes barrières et de passer Noël en famille, pour moi ce n'est pas du tout la bonne idée."
De son côté, le professeur Laurent Andreoletti, spécialisé en virologie médicale au CHU de Reims estime que pour les Ardennes, "cela vaut le coup, car le dépistage est le meilleur moyen de stopper l'épidémie. A condition que l'on isole les personnes positives et que l'on ait les résultats rapidement, notamment grâce aux tests antigéniques. Il faut confiner tout de suite les personnes symptomatiques et être sûres qu’elles soient confinées".
Concernant la campagne de dépistage ardennaise, de plus amples informations seront communiquées ce vendredi 11 décembre, lors d'une conférence de presse.