Une tornade a balayé une partie du village de Beauraing (Ardennes belges), à 10 km de Givet. Il était 22 heures quand le vent a soufflé à plus de 180km/h, emportant des dizaines de toitures, sans faire de victime. Ce mardi, l'heure est à la solidarité.
Les images sont éloquentes. Ce mardi 22 juin, les habitants de Beauraing, un village des Ardennes belges à 10 km de Givet, s'organisent pour réparer les dégâts considérables. Des dizaines de toitures emportées, des jardins dévastés, des voitures projetées... dans la nuit de samedi, aux alentours de 22 heures, des rafales de vent ont soufflé à plus de 180 km/h. "Les trois-quarts de la maison sont dévastés, se désole Pierre, un habitant. La porte du garage a été éventrée par la voiture qui a été projetée contre le garage. On a vraiment eu très peur." "C'était la panique, renchérit Pascaline à ses côtés. Des bruits assourdissants venaient de tous les côtés. On ne savait plus où se mettre pour éviter de recevoir la toiture sur la tête."
Samedi soir, Pierre et Pascaline ont eu très peur. "Le bruit, je ne l'oublierai jamais, tranche la Belge. Durant cette minute, j'ai pensé à tout. A mes enfants qui habitent pas loin, à ma fille qui venait de prendre la route pour partir de chez nous. Il a fallu quelques heures pour nous en remettre." A ses côtés, son compagnon porte encore les stigmates d'une nuit harassante. "Je pensais que ce n'était qu'un simple orage, et j'ai voulu fermer une fenêtre à l'étage. Et une bourrasque a projeté la fenêtre qui m'est venue dans l'œil", raconte-t-il en pointant son œil au beurre noir. C'est là que j'ai vu la voiture était encastrée dans le garage et que la véranda était complètement défoncée. Sur le moment, je n'ai pas eu le temps d'avoir peur, car c'était si rapide et si violent. Mais c'est vrai qu'on aurait pu y rester."
Des mois avant de retrouver leur toit
Un peu plus loin dans la ville, Olivier Rostenne, un charpentier de Namur, est à pied d'œuvre avec son équipe depuis dimanche matin. En tout, dix ouvriers travaillent à pied d'oeuvre à ses côtés pour parer au plus urgent. Il a également déployé deux camions grues et un conteneur pour déblayer les déchets. Depuis qu'il a débuté dans le métier, il n'a jamais vu pareils dégâts : "Les dégâts sont considérables. Nous avons travaillé il y a onze ans sur la tornade de Ciney, qui n'était déjà pas triste, mais ce qu'il se passe ici, c'est beaucoup plus localisé et les dégâts sont beaucoup plus importants."
>> Retrouvez en images l'étendue des dégâts causés à Beauraing, dans les Ardennes belges
Si les premières mesures ont été prises, elles ne sont pas suffisantes. Désormais, les sinistrés vont devoir déclarer les dégâts à leurs assurances. Mais il faudra compter plusieurs mois avant d'en voir le bout... le temps de les déclarer, de se faire rembourser puis de tout reconstruire. "Pour refaire les charpentes, il faut attendre les moyens débloqués par les assurances, ce qui peut durer entre trois et six mois", estime Olivier Rostenne. "Ça va sans doute durer des mois avant que l'on ne puisse rentrer à nouveau chez nous comme c'était avant, regrette Pierre. Tout ce qu'on y a fait est parti."
En tout, 93 bâtiments ont été fortement touchés par les intempéries dont 10 inhabitables. Mais aucune victime grave n'est à déplorer. "On a une chance incroyable de n'avoir que 13 blessés légers, relativise Marc Lejeune, le bourgmestre de Beauraing (l'équivalent du maire en France). On est passés à côté d'une grande catastrophe." La commune belge a mis en place un service social à destination des personnes traumatisées et une cellule de crise dans la nuit de samedi à dimanche. De leur côté, en attendant de retrouver leur maison, Pierre et Pasqualine sont hébergés chez une collègue de Pierre. "On va devoir faire preuve de patience", lâche le Belge, les yeux vides sur sa véranda en ruines.