INFOGRAPHIES. Face à l'augmentation des attaques, un éleveur autorisé à tirer sur le loup, une première dans les Ardennes

Les attaques de troupeaux sont en recrudescence dans le département des Ardennes. 13 ont été recensées depuis le début d'année, contre 4 sur toute l'année 2021. Un élevage de Briquenay, près de Vouziers, a reçu l'autorisation de tirer sur le loup pour défendre son troupeau. Il a subi une nouvelle attaque sur un veau lundi soir.

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Sept moutons tués entre mai et juillet, sept veaux depuis le mois d'août. Pour défendre son troupeau, un éleveur du village de Briquenay, près de Vouziers dans les Ardennes, est désormais autorisé à tirer sur le loup. Des chasseurs, des lieutenants de louveterie ou des agents de l'Office français de la biodiversité, peuvent également mettre en œuvre ce tir de défense, comme le prévoit un arrêté préfectoral daté du 30 août dernier.

Cette autorisation est une première dans Ardennes et était attendue de pied ferme par la filière ovine. "C'est la moindre des choses de l'autoriser à tirer le loup sur ses pâtures. C'est vraiment le strict minimum. Ce qu'il faudrait, c'est que l'État prenne ça vraiment en main et que la bête soit éliminée", réclame Ludovic Beaurain, administrateur de la Fédération des éleveurs de moutons ardennais, interrogé par notre journaliste Alexandre Blanc, ce 10 septembre.

Depuis le mois de mai, le nouveau plan loup de l'État facilite la délivrance des autorisations de tirs mais uniquement pour les élevages de bovins et de chevaux. Pour les moutons, il y a un préalable à respecter : avoir installé une clôture électrifiée pour protéger les troupeaux. C'est ce qui avait par exemple été mis en place à Thénorgues, commune voisine de Briquenay, après plusieurs attaques de brebis.

Une solution inadaptée pour la fédération des éleveurs. "Dans des coins comme les Ardennes, on ne peut pas se protéger. C'est trop morcelé. Une clôture électrique, il faut la bouger, ce n'est pas possible. Et puis vous êtes indemnisés pour tout ça, les clôtures électriques, les bergers, les chiens… Vous êtes subventionnés mais ce n'est même pas financé à 100 %, alors que l'éleveur n'a rien demandé", souligne Ludovic Beaurain.

Selon des données publiées par la Dreal Auvergne-Rhône-Alpes, qui centralise pour la France entière les données relatives au loup, le département des Ardennes a vu le nombre de bêtes victimes d'attaques attribuables au loup exploser.

C'est ce critère qui permet l'indemnisation des éleveurs. "Les mortalités liées à une prédation ne donnent lieu à indemnisation que si la responsabilité du loup, de l'ours ou du lynx n'est pas écartée", précise le décret qui encadre ces indemnisations, dont le montant a d'ailleurs été réévalué à l'occasion du dernier plan loup.

Au 30 juin 2022, on comptait deux bêtes indemnisées dans les Ardennes, 5 l'année suivante à la même période. Pour 2024, le total grimpe à 63 bêtes indemnisables au 30 juin. C'est davantage que dans les Vosges.

Après avoir été exterminé en France, le loup est réapparu au début des années 1990 en traversant les Alpes depuis l'Italie, et ses rangs ont progressivement grossi, au grand dam des éleveurs qui ont déploré plus de 12 000 bêtes attaquées en 2022.

Une espèce "strictement protégée" dans l'UE

Sur notre carte interactive ci-dessous, vous pouvez vous rendre compte de la progression de la présence du loup sur le territoire français en un quart de siècle. En plus clair figurent les zones où la présence du loup est occasionnelle, en plus foncé, celles où la présence est régulière. Le tout est basé sur les observations du réseau Loup-Lynx, qui compte plus de 4 000 observateurs sur le territoire, chargés de relever des indices de présence du canidé.

Alors que le loup est une espèce "strictement protégée" dans l'Union européenne, le nouveau plan loup en France évoque la possibilité de revoir le statut de l'animal, ce que rejettent les ONG.

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