Âme solitaire et tourmentée de Sedan, où elle avait vécu plus de 30 ans, la "grande prêtresse de la chanson française" s'en est allée à l'âge de 82 ans.
Rebelle et militante, Catherine Ribeiro, décédée à l'âge de 82 ans, fut une figure incontournable de la musique expérimentale des années 70, mettant ses chansons au service de ses engagements multiples. Mariée à l'ancien maire de Sedan Claude Démoulin, la "pasionara rouge" avait fini sa vie recluse dans les Ardennes puis en Allemagne.
Une artiste libre et engagée
Catherine Ribeiro, fille d'immigrés portugais, est née le 22 septembre 1941 à Lyon. Dès ses débuts, elle s'est imposée comme une artiste hors du commun, refusant les étiquettes et les chemins tout tracés. "Libre et libertaire sans jamais accepter un clan plutôt qu'un autre", c'est ainsi qu'elle se définissait en 2018 dans Les Inrockuptibles. Sa carrière démarre pourtant de manière conventionnelle au milieu des années 60, dans le sillage du mouvement yéyé. Mais très vite, la jeune femme, à la voix grave et au regard perçant, se détourne de cette voie pour emprunter des chemins plus audacieux.
L'avant-garde musicale
Avec Patrice Moullet, elle forme le groupe Alpes, s'engageant dans une musique à la croisée du psychédélisme, du rock progressif, du jazz et de la musique minimaliste. Elle devient l’héritière de Colette Magny et de Léo Ferré, gagnant les surnoms de "pasionaria rouge" et de "grande prêtresse de la chanson française". Ses albums comme Âme debout, Paix, ou Libertés ? sont le reflet de ses multiples engagements : soutien à la Palestine, solidarité avec les réfugiés chiliens, opposition à la guerre au Vietnam, défense de l'écologie. Rebelle et insoumise, sa musique dérange le show business, mais elle trouve un public fidèle, souvent militant, qui la suit dans les grandes salles et lors d'événements comme la Fête de l'Humanité.
Les années ardennaises
Dans les années 80, Catherine Ribeiro se retire des feux de la rampe et s'installe dans les Ardennes, à Sedan. C'est là qu'elle épouse Claude Démoulin, maire socialiste de la ville. Un amour passionné qui s'épanouira pendant 25 ans.
C'est Claude qui m'a fait aimer les Ardennes et Sedan et je peux dire que, le temps passant, je me sens totalement ardennaise.
Catherine Ribeiro
L'édile lui fait découvrir et aimer cette région. "C'est Claude qui m'a fait aimer les Ardennes et Sedan, et je peux dire que, le temps passant, je me sens totalement ardennaise", confiait-elle en 2013 à nos confrères de l'Union.
Malgré son retrait de la scène, elle n'abandonne pas totalement la musique, se produisant encore au Bataclan ou aux Francofolies, toujours animée par cette soif d'engagement : "Jusqu'à mon dernier souffle, je me battrai pour les libertés", affirmait-elle.
Après la mort de son mari en 2009 , elle quitte les Ardennes pour aller s'installer outre-Rhin.
Un dernier voyage en Allemagne
En 2020, Catherine Ribeiro est frappée par un AVC qui la contraint à être hospitalisée en Allemagne, marquant le début d'une longue convalescence.. Elle passe les dernières années de sa vie dans une maison de retraite à Martigues, où elle s'éteint dans la nuit de jeudi à vendredi.
Avec la disparition de Catherine Ribeiro, c'est une voix rebelle et intransigeante qui s'éteint, laissant derrière elle un héritage musical riche et engagé, témoin d'une époque et d'une vie de combats.