À Vivier-au-Court, dans les Ardennes, un refuge pour animaux ne peut plus accueillir ni chiens, ni chats. L’association LISA alerte sur la saturation actuelle et lance un appel à l’aide pour mobiliser nouvelles familles d'accueil ou familles adoptantes.
Chaque jour depuis un an, l’association LISA se voit obligée de refuser l’accueil de 10 chiens abandonnés. Situé à Vivier-au-Court dans les Ardennes, le refuge, engagé contre l’euthanasie, dispose pourtant de 45 box, tous occupés. Idem du côté des chats, avec une quarantaine de places occupées.
Une saturation sur laquelle alerte Sabrina, membre de l’association depuis sa création il y a 31 ans et présidente depuis 22 ans : “La situation se dégrade depuis deux ans. Nous sommes en train de creuser une crevasse que l’on aura du mal à remonter. Je suis tellement déçue de la race humaine”, se désole-t-elle.
Trop d’abandons, peu d’adoptions
En cause, un nombre d’abandons toujours plus élevé et peu de places qui se libèrent, faute de trouver une nouvelle famille. Si LISA accueille les chats et les Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC), type lapin, furet ou rat, c’est surtout du côté des chiens que la situation est la plus tendue.
“Il y a énormément d’abandons et de cas de maltraitance de la part de personnes irresponsables qui veulent un chien de garde et n’assument pas ses besoins ou la charge financière que ça implique. On retire des chiens dans des états…”, soupire Sabrina avant de citer les derniers arrivants : un Yorkshire à la dent cassé après être tombé d’un rebord de fenêtre, où il vivait, un autre, la peau sur les os dans un sous-sol et un staff “matraqué par son maître.”
Molosses, les laissés pour compte
Outre les abandons, le manque de renouvellement est accentué par le type de chiens à adopter. Sur les 45 chiens actuels, Sabrina compte une trentaine de malinois et de types “molosse”, comme les staff ou les pitbull, décrits comme “moins plaçables”. D’abord parce qu’ils font l’objet d’idées reçues sur leur dangerosité. Ensuite car leur possession fait l’objet d’une réglementation stricte, qui s’appuie sur la législation des chiens catégorisés, avec notamment le port d’une muselière obligatoire.
Ce n’est pas vrai que les molosses attaquent plus. Il y a autant de risques de se faire mordre par un labrador. Pour faciliter l’adoption, je les fais officiellement décatégoriser par un professionnel et je fais passer le permis de détention.
présidente de l’association
En effet, ce type de chien n’est pas forcément catégorisé puisque les critères de catégorisation s’appuient uniquement sur le physique de l’animal. Trop petit ou trop grand et le chien n’est pas concerné par ces règles. Le manque d’information à ce sujet, les stéréotypes et la surreprésentation des molosses rendent toutefois difficiles les adoptions. Sabrina donne l’exemple de cette chienne âgée de sept ans, présente au refuge depuis quatre ans. “Ce n’est pas une vie”, déplore-t-elle.
Un permis pour tous à l'obtention ?
Les mois à venir, avec l’été, s’annoncent encore plus compliqués. La présidente de l’association tient en effet à souligner que les abandons “ont lieu toute l’année”, pas seulement en juillet et en août. Par contre, cette période est très pauvre en adoption.
Face à cette situation, l’association LISA recherche des familles d’accueil, avec des frais couverts par le refuge. Seule condition pour le devenir : ne pas avoir d’autre chien ou chat. Quant à l’adoption, pas besoin d’avoir un jardin, mais une visite au domicile et des rencontres sont à prévoir. Enfin, il est aussi possible de soutenir le projet de création de dix box chauffés pour les chiens seniors l’hiver, via une cagnotte en ligne.
Pour espérer régler le problème à plus long terme, Sabrina invite à prendre exemple sur la Suisse avec un permis chien obligatoire et une taxe en Allemagne : “Il faut se battre pour un permis ou une taxe à destination de tous les propriétaires, pour que l’achat d’un animal soit moins pris à la légère.”