Anaïs Aïchi se passionne pour la photographie animalière. Une vidéo qu'elle a postée sur les réseaux sociaux, tournée via un discret piège photographique dans la "Montagne de Reims", dévoile de nombreux animaux vaquant à leurs occupations sans activité humaine pour les embêter. Le public adore.
Une laie et ses mignons marcassins, une martre agitée, un renard placide et un raton-laveur (très) curieux. C'est ce qu'on voit dans la dernière vidéo partagée par les internautes, sur les réseaux sociaux.
Sur fond de piano (ce n'est pas elle qui joue), Anaïs Aïchi, dite Anaïs à l'affût sur Facebook, une Vosgienne de 26 ans, a voulu proposer un contenu "où les gens apprécient d'avoir quelques minutes de douceur", explique-t-elle à France 3 Champagne-Ardenne. Elle ne dure qu'une minute-et-demie, mais on se surprend à s'étonner que la faune de la Montagne de Reims (Marne) soit si riche.
Passion longtemps envisagée, récemment concrétisée
La photographe animalière (c'est sa passion en dehors du boulot) a elle-même été étonnée en découvrant ce qu'elle avait filmé. Comme elle a fait usage d'un piège photographique, qui ne se déclenche que quand il capte un mouvement, les animaux qu'on peut voir sont entièrement libres et sauvages, aucunement gênés par une quelconque présence humaine (voir reel Facebook ci-dessous).
"Je fais ça depuis août 2022. J'ai toujours adoré me promener dans la nature, observer les animaux. Quand j'étais petite, j'allais observer les chevreuils avec mon papa dans la forêt à côté de chez moi. En grandissant, je me suis dit que ce serait formidable de pouvoir immortaliser ces rencontres incroyables. J'avais cette idée en tête depuis des années, sans me lancer, car le matériel peut coûter pas mal cher." Notamment un bon zoom, pour rester à bonne distance des animaux qu'on veut photographier sans les troubler.
La sortie au cinéma, fin 2021, du documentaire La Panthère des neiges de Vincent Tesson et Sylvain Munier, agit comme un déclic (il est encore disponible sur Netflix). "J'ai fait mes premières vraies photos dans le Mercantour, dans les Alpes-Maritimes. On y voit des chamois, des bouquetins, des marmottes. Cela m'apporte vraiment beaucoup. On peut méditer quand on est en pleine nature et qu'on attend un animal. C'est très rare de pouvoir ainsi se concentrer sur le moment présent. On entend le chant des oiseaux. Ça m'apaise."
Filmés pendant un mois
Lors d'une promenade, Anaïs Aïchi a remarqué qu'"il y avait plein, plein d'empreintes à un endroit. Je me suis dit que je devrais poser la caméra là pour avoir une trace de toute cette petite vie. C'est magique de découvrir ça, on ne sait pas à quoi s'attendre. J'ai même vu un chat forestier, je ne m'y attendais pas du tout. Les chevreuils et sangliers, je m'y attendais déjà un peu plus puisque j'avais vu leurs empreintes."
Ce piège photographique, un Coolife, lui a coûté 90 euros. Il a été installé le dimanche 14 avril, et la photographe est allée le récupérer le dimanche 12 mai. Avec à la clé "80 vidéos de 25 secondes. J'ai fait une grosse sélection en une heure. Et c'était dur, car on est contraint de se plier aux formats des réseaux sociaux, c'est une minute et 30 secondes maximum sur Facebook et Instagram. C'est ce qui plaît le plus à l'algorithme." Même si elle ne fait pas ça pour les vues et qu'elle n'est pas une forcenée du format vidéo.
Les animaux passent souvent à des horaires où on n'est pas naturellement présent.
Anaïs Aïchi
L'utilisation de la caméra dans sa pratique photographique lui permet de renseigner "les horaires de passage des animaux. Cela me permet ensuite de pouvoir me poster pour faire de l'affût", au bon moment et au bon endroit. "Parce qu'ils passent souvent à des horaires où on n'est pas naturellement présent." Bien évidemment, elle doit se camoufler. "J'ai des habits kaki. D'ailleurs j'ai un peu honte en me baladant avec dans Reims, j'ai peur que des gens croient que je suis une chasseuse, alors que pas du tout." Un filet, qu'elle recouvre ensuite de branches, lui permet de parfaire son camouflage.
Jusqu'ici, les animaux présents au Mercantour ou en Camargue étaient plus facilement observables. Mais à la Montagne de Reims, elle a surtout fait de l'approche jusqu'ici. "C'est le fait de marcher et de tomber sur un animal. Il faut s'approcher sans faire de bruit." Et avoir un peu de chance. "Je ne m'attendais pas à voir des martres ou une biche, d'ailleurs."
Au passage, le photographe Jean Chevallier avait déjà réalisé une vidéo similaire au lac du Der. Beaucoup de gens apprécient de découvrir ces contenus. "On m'a remerciée d'avoir apporté un peu de douceur dans cette actualité négative. J'ai même des gens qui ont découvert qu'il y avait des ratons-laveurs en France." Ce dernier vient en effet conclure la vidéo, collant son museau en plein sur l'objectif, se demandant sans doute ce que c'était que ça. Il a d'ailleurs couvert la caméra de boue (lui et ses copains sangliers), malgré sa surélévation, ce qui a intrigué et amusé la photographe, laquelle participe d'ailleurs à des expositions et a ouvert une petite boutique pour vendre ses clichés.
Des réseaux sociaux aux frondaisons
Dans une autre vie, Anaïs Aïchi, diplômée en communication, officiait pour de grands médias établis sur Paris (Arte notamment, la communication n'est pas basée à son siège strasbourgeois). Mais devant le manque de sens procuré par ces emplois, elle a décidé de changer de vie. "Je ne trouvais pas ça assez concret. Je passais ma journée à chercher des posts pour les réseaux sociaux." Même si elle essayait de communiquer sur les programmes axés sur l'aspect social, par exemple sur le handicap ou les droits des femmes.
Elle a gagné Reims (Marne) fin 2022, une ville encore assez proche de la capitale (elle n'en "pouvait plus"), où elle conserve des attaches. La Montagne de Reims se trouve juste au sud (voir sur la carte ci-dessous).
Elle s'est "réorientée dans le social" et a commencé à y exercer un métier plus terre-à-terre, celui de "travailleuse sociale en remplacement dans un foyer qui accueille des personnes autistes. Mon objectif est de faire une validation d'acquis pour obtenir le diplôme d'éducatrice spécialisée".
Ce travail est prenant. Comme elle se rend en train vers la Montagne de Reims (jusqu'à Germaine, dont on a déjà parlé), avec son petit ami francilien, ça lui demande un peu d'organisation. Même si "les paysages hyper variés" valent le coup. La prochaine série de clichés, ou vidéo, sur Instagram ou TikTok, n'est donc pas pour tout de suite.