Témoignage. L’histoire vraie de la relation entre une renarde sauvage et un photographe animalier

Publié le Mis à jour le Écrit par Inès Pons-Teixeira

Fifine, une renarde des hauteurs de Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) vit depuis cinq ans une improbable histoire d’amitié avec Bruno-Gilles Liebgott, photographe animalier. Cette histoire surréaliste, mais vraie, est racontée dans un livre qui paraît le 9 avril 2024.

C’est l’histoire vraie d’une amitié invraisemblable, celle entre un homme et une renarde. Depuis 2018, le photographe animalier Bruno-Gilles Liebgott entretient une relation amicale avec ce canidé sauvage. Il a consacré plus de 4 600 heures à l'observation minutieuse de celle qu’il a surnommée Fifine, "parce-que c'est une fille et qu'elle est toute fine". Dans un ouvrage à paraître le 9 avril 2024, Le roman de Renarde - Fifine au pays des hommes, il livre le récit émouvant et passionnant de cette étrange alchimie.

La rencontre entre Fifine et Bruno-Gilles

Nous sommes le 1ᵉʳ mai 2018. Le photographe est posté à l'affût pour photographier des chevreuils. Surprise. Une petite renarde pointe son museau hors de son terrier pour la toute première fois, sous les yeux de Bruno-Gilles posté à une trentaine de mètres. Une semaine plus tard, la mère de Fifine est tuée par un chasseur. Elle et son frère sont alors pris sous l’aile de deux autres renards. Le photographe animalier est là, il scrute tout de loin. Le 10 juillet 2018, Fifine va établir le premier contact avec Bruno-Gilles. La jeune renarde, alors âgée de trois mois, le repère en train de prendre une photo malgré la housse insonorisante de son boîtier. Elle l’approche avec intérêt, poussée par la curiosité. L'instant est hors du temps, à jamais gravé.

Quand nos regards se sont croisés avec Fifine, j'ai compris que mon rêve d’enfant devenait réalité

Bruno-Gilles Liebgott, photographe animalier

Dès lors, Bruno-Gilles retourne chaque jour sur les lieux de la rencontre pour retrouver sa nouvelle amie. Le 15 août 2018, après des heures passées à s’observer et à s'apprivoiser à distance, le photographe retire pour la première fois sa cagoule de camouflage, et tend la main à la petite renarde. Elle la renifle et regarde longuement l’homme dans les yeux. "J’avais dix ans quand j’ai lu le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry. La rencontre entre le jeune héros et le renard m’a profondément marqué. Quand nos regards se sont croisés avec Fifine, j'ai compris que mon rêve d’enfant devenait réalité", confie Bruno-Gilles.

90 000 heures passées sur le terrain, de jour comme de nuit

Bruno-Gilles Liebgott raconte, observe et protège la nature. À 53 ans, il est animé par une insatiable soif d'apprendre. Paysagiste de métier mais aussi naturaliste chevronné et photographe animalier autodidacte, ce Lorrain a consacré sa vie à observer et à étudier minutieusement la faune et la flore, sans jamais être intrusif. Au total, 90 000 heures passées sur le terrain, de jour comme de nuit. "La meilleure manière de protéger la nature réside dans le respect de sa liberté, en lui permettant d'évoluer naturellement sans intervention humaine", soutient ce passionné.

Je ne caresserai jamais Fifine, ce n’est pas un chat ou un chien domestique

Bruno-Gilles Liebgott, photographe animalier

Depuis cinq ans maintenant, Bruno-Gilles cohabite avec Fifine, sans altérer ses habitudes quotidiennes. "Fifine a tissé avec moi un lien d'affection qui s'est mué en amitié durable, empreinte de patience, de confiance et de respect. Nous sommes unis par un pacte sacré tout en conservant notre espace respectif. Quand je viens la voir, je ‘froufroute’ avec ma bouche et elle vient, elle me reconnaît. Un jour, elle a posé son museau sur mon genou. Mais je ne caresserai jamais Fifine, ce n’est pas un chat ou un chien domestique, je veux qu’elle reste un animal sauvage", sourit le meilleur ami de la renarde.

Le danger de la chasse ?

Aujourd’hui, grâce à Bruno-Gilles Liebgott, Fifine et ses congénères peuvent mener une existence paisible dans cette forêt. La renarde n’a plus à craindre de se faire abattre par des chasseurs. "Six années sans pression de chasse sur les renards ont permis de constater les effets bénéfiques de ces prédateurs. Ils assurent depuis toujours l'équilibre des écosystèmes. Un impact significatif a été observé sur la population des rongeurs nuisibles ainsi que sur le nombre de tiques présentes sur ce territoire. Les chasseurs se sont donc engagés à ne plus les tuer", analyse Bruno-Gilles.

J'aimerais vraiment que ce livre puisse servir à changer l'image du renard

Bruno-Gilles Liebgott, photographe animalier

Fifine aura bientôt six ans. Depuis 2019, elle appartient à un clan de renards et a mis au monde cinq portées de renardeaux. En janvier 2021, elle est même devenue la renarde dominante de son clan. "Dans mon ouvrage, les lectrices et les lecteurs vont pouvoir découvrir tout ce que j'ai appris grâce à cette renarde. Ce livre constitue l’œuvre de toute ma vie. Fifine a eu un impact considérable sur mon existence d'homme, je lui ressemble bien plus que je n'aurais pu l'imaginer. J'aimerais vraiment que ce livre puisse servir à changer l'image du renard", conclut ce fou de nature.

Le roman de Renarde - Fifine au pays des hommes est une immersion dans le monde sauvage, où se mêlent la rigueur scientifique et la poésie du terrain. Cet ouvrage de Bruno-Gilles Liebgott paraîtra le 9 avril 2024 aux éditions Paroles de Lorrains.

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