C'est une clinique où l'on soigne uniquement les chevaux. L'établissement situé dans les Ardennes, ouvert en octobre 2019 près de Rethel, nous a ouvert ses portes le temps d'une opération. La seule clinique du genre dans le Grand Est.
Le vaste hangar blanc ressemble à une clinique vétérinaire classique. En plus grand. Car les malades qui sont soignés dans cet établissement près de Rethel dans les Ardennes, ont tous un point commun, ce sont des chevaux.
La clinique équine d'Acy-Romance, ouverte à l'automne 2019, est née d'une rencontre entre deux professionnels. Thomas Van Bergen, ancien vétérinaire pour les bovins, lui, a changé de voie en 2009. Il a choisi de se spécialiser sur les chevaux et la chirurgie équine. "Une spécialité européenne, reconnue", assure-t-il. Il s'est associé à Jean-Luc Frepon, ancien vétérinaire mixte, qui s'était peu à peu spécialisé sur le cheval. De formations en formations, c'est la passion qui l'a amené à se consacrer à la discipline, la clientèle ayant augmenté dans toute la Champagne-Ardenne et en Belgique. Cette extension de clientèle a fortement incité les deux professionnels à ouvrir cette clinique, installée à Acy-Romance, à moins de deux kilomètres de Rethel.
La seule clinique du genre dans le Grand Est
Un lieu unique qui n'existe qu'en Belgique ou à Paris. La clientèle locale bénéficie d'un service dédié accessible et à portée d'autoroute. Ici, les interventions sont nombreuses, de la chirurgie urgente à celle de convenance. La colique du cheval, par exemple est une maladie fréquente qui nécessite un traitement rapide. D'autres traumatismes sont soignés sur place. Un suivi médical comme pour cette jument arrivée en urgence il y a trois semaines en raison d'une plaie profonde. Aujourd'hui, tout est réglé, il n'y a plus qu'à retirer son plâtre :Elle était très boîteuse alors on l'a opérée en urgence pour explorer la plaie. Pendant l'opération, on a vu que le tendon superficiel était partiellement lacéré. C'est pour cela qu'on a décidé de plâtrer.
Dans cette clinique, on trouve des équipements et du matériel dernier cri. La structure est unique en son genre dans tout le Grand-Est et même au-delà. Une offre de complémentarité avec les vétérinaires. Pour apporter un service inexistant qui permetra de sauver la vie de nombreux chevaux, car le temps d'intervention est primordial. Le transport d'un cheval malade diminue ses chances de survie. "Les gens n'auront plus à transporter leur animal dans des structures éloignées", se félicite Thomas Van Bergen. Une aide plus qu'une concurrence, prête à accueillir les chevaux en permanence.
La clinique est installée sur 1.000 m2, à proximité d'un appartement de fonction. Des espaces répartis entre la chirurgie, la consultation, la médecine interne, l'orthopédie et la radiologie. Les écuries avec dix box en intérieur et quatre à l'extérieur. Un service de gynécologie est également disponible. 14 chevaux pourront être accueillis en même temps sur place.
On s'est rendu compte que la région manquait de soins vétérinaires pour chevaux spécialisés. Pour une structure comparable, avec un centre de soin, un interne, il faut aller à Paris, à Liège ou à Caen.
Ce service unique en son genre attire une clientèle locale et beaucoup de propriétaires belges. À l'image de Cédric Delcommune, propriétaire de chevaux à Bastogne, envoyé dans les Ardennes par le vétérinaire régulier de sa jument pour une suspicion de tumeur. "Le vétérinaire a vu qu'il y avait une masse dans la partie de la paroi de l'utérus, explique Barbara Broux, responsable médecine interne à la clinique. Finalement ce n'est qu'un reste d'hématome, cela vaut le coup qu'elle continue à courir."
Un long déplacement depuis Bastogne, au sud de la Belgique, à proximité de la frontière luxembourgeoise pour ces passionnés de chevaux. Mais les deux heures de camion en vallent la peine, au regard de la qualité des soins et des examens : "C'est ce qu'il y avait de plus proche par chez nous et de plus compétent, argue Cédric Delcommune. On fait donc les kilomètres qu'il faut."
Du contrôle de routine à l'opération chirurgicale
Dans la clinique, on pratique des consultations, des diagnostics et également de la chirurgie. Une castration est prévue pour Icare, un étalon de 2 ans. Le cheval est bien sûr endormi avant d'être transporté sur la table d'opération à l'aide d'un treuil. Comme pour n'importe quel patient, la préparation est minutieuse et les règles d'hygiène strictes.Une opération qui s'annonce délicate : "Il a retrouvé un des deux testicules. Il s'agit d'un cheval cryptorchide, ça veut dire que le testicule n'est pas descendu dans la bourse testiculaire. Cela veut dire qu'il peut être soit descendu dans le canal inguinal soit dans l'abdomen." Le champ opératoire posé, l'intervention peut alors débuter. "Ça s'est très bien passé, le testicule était dans le canal inguinal, ce qui veut dire qu'on n'a pas eu à l'ouvrir pour opérer, ce qui est mieux pour un cheval comme ça", expose le vétérinaire, soulagé.
Régulièrement, la clinique fait appel à un maréchal-ferrant pour la pose de fers dans le traitement des pathologies ostéo-articulaires. "De manière générale, quand on vient ici, on soigne les chevaux qui sont atteints de fourbures, de fractures de pied", détaille François Henrard. C'est le cas notamment de Kiss Me, une ancienne jument de concours qui a de sérieux problèmes de pied. "C'est une ancienne jument de concours qui fait des abcès chroniques à cause d'un problème de circulation du sang", diagnostique le maréchal-ferrant. Le professionnel conçoit donc sur place des fers sur mesure, travaillés de manière adaptée à la posologie de l'animal.
Un diagnostic préoccupant qui affecte forcément la propriétaire de Kiss Me. "Ce sont les soins de la dernière chance, s'inquiète Carole. Elle va rester un petit peu ici et il va lui reposer des fers dans quelques temps. Mais ici, les soignants savent ce qu'il faut faire et je me fierai à leur diagnotic." Des professionnels de qualité qui œuvrent pour la santé des chevaux et une clinique qui rencontre une demande exponentielle. D'ailleurs, si la structure compte à ce jour sept vétérinaires, de nouvelles embauches sont à l'étude et une extension des locaux est déjà prévue.