Attentat de Conflans : " Tous les enseignants de France et de Navarre ont ressenti la même chose, ça aurait pu être moi"

Comme partout en France, des rassemblements ont été organisés ce dimanche 18 octobre en Alsace en hommage à Samuel Paty, ce professeur assassiné vendredi dernier à Conflans. Des rassemblements silencieux, lourds de sens. Pour dire non à la terreur qui s'invite jusque dans les salles de classe. 

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Samuel Paty, 47 ans, était professeur d'histoire-géographie dans les Yvelines. Vendredi, il a été décapité en pleine rue, en plein jour, pour avoir enseigné. La liberté d'expression entre autres choses. Cet assassinat, terroriste, a bouleversé toute la France. Le pays de Voltaire pleure sur ses idéaux. #jesuisprof.
 

Partout ce dimanche était un jour de deuil et de rassemblements. A 15H. Pour dire non à la barbarie. Non à la terreur qui s'invite désormais dans les salles de classe. Temple du savoir et de l'émancipation intellectuelle. De l'émancipation tout court.


Strasbourg


A Strasbourg, ils étaient environ 3000 à rejoindre la place Kléber pour 15h. Pas beaucoup de jeunes, il faut bien le dire, surtout des enseignants, brandissant leurs pancartes comme des étendards. Après le triste #Je suis Charlie, fleurissent désormais dans les cortèges les tout aussi inconcevables #Je suis prof. 
 
Catl Meyer, enseignante en arts au lycée, est présente cet après-midi. Elle est encore sous le choc. "Ca m'a fait le même électrochoc qu'au moment de Charlie, qu'un enseignant rentrant chez lui se soit fait décapiter, d'abord j'ai cru que l'information n'était pas juste car c'est tellement énorme et quand j'ai appris les raisons, je me suis effondrée. C'est d'une barbarie sans nom. De toute ma vie je ne pensais pas me retrouver là à manifester contre un acte aussi ignoble. Je pense que tous les enseignants de France et de Navarre ont ressenti la même chose, ça aurait pu être moi".
 

Je pense que tous les enseignants de France et de Navarre ont ressenti la même chose, ça aurait pu être moi"

Catl Meyer, enseignante


Germaine Loewenguth, professeur de lettres/ histoire au lycée professionnel Emile Mathis à Schiltigheim, se sent elle complètement abandonnée par les pouvoirs publics. "On n'a pas vraiment peur d'aller en cours mais on se sent désarmés et abandonnés. On se retrouve souvent à un seul enseignant pour 30 élèves dont 70% d'enfants musulmans et on a 4/5 grandes gueules qui vont refuser de faire telle ou telle chose, dire ça c'est "haram", "les homosexuels il faut les tuer" et on a une masse silencieuse qui ne dit rien. Et nous, professeurs, on est là comme des extraterrestres à essayer de prôner des valeurs républicaines que personne ne comprend. On est vraiment seuls et c'est ce qu'on reproche au ministère. Peut-être que deux enseignants, des classes dédoublées, ce serait plus facile à gérer".
 

Nous, professeurs, on est là comme des extraterrestres à essayer de prôner des valeurs républicaines que personne ne comprend

Germaine Loewenguth, professeur de lettres


Gauvain End, co-secrétaire départemental de la FSU, ne dit finalement pas autre chose. "Il y a de l'effroi, de la tristesse et de la colère suite à cet évènement parce que le collègue a été assassiné alors qu'il faisait son travail de professeur dans un cours où il dit que toutes les opinions peuvent être exprimées, critiquées, y compris les opinions religieuses. On ne se laissera jamais imposer un dogme et on ne cèdera jamais aux intégristes quel qu'il soit. On aimerait qu'au-delà du temps de l'émotion et du temps médiatique où tout le monde soutient les enseignants, que ce ne soit pas qu'un soutien de circonstances.

Il faut nous donner les moyens de faire vivre les valeurs de la République, arrêter une gestion comptable de l'Education Nationale." 

Gauvain End, co-secrétaire départemental FSU



Jeanne Barseghian, Pia Imbs et Fabienne Keller ont également rejoint les rangs pour l'hommage silencieux.
 


Côté politique, Brigitte Klinkert, ministre déléguée chargée de l'insertion, était aussi présente. Elle a tenté de rassurer les enseignants à ses côtés. "Nous sommes rassemblés cet après-midi pour rendre hommage à Samuel Paty qui est mort pour avoir servi la République et avoir aidé nos enfants à devenir citoyens. Nous sommes là pour dire que nous sommes un peuple, une nation et c'est important de le faire car il faut faire bloc pour défendre la République. Des mesures vont être prises mais c'est au ministre de l'Education nationale de communiquer dessus. Moi je suis membre du gouvernement, solidaire de mes collègues et je vais faire une proposition à mes collègues de prévoir en France une journée dans tous les collèges, lycées, écoles, consacrée aux questions de la citoyenneté et de l'engagement."
 

Je vais faire une proposition à mes collègues de prévoir en France une journée dans tous les collèges, lycées, écoles, consacrée aux questions de la citoyenneté et de l'engagement.

Brigitte Klinkert, ministre déléguée chargée de l'insertion

 



Mulhouse


A Mulhouse, mêmes visages fermés. Sidérés. Mêmes pancartes. Place de la Réunion, ils étaient près de 600 à participer au rassemblement. Fleurs et bougies sont déposées sur la fontaine de la place.
 
A Colmar, ils étaient plusieurs centaines place Rapp.


 
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