Ce samedi 17 octobre, l'Institut Al-Andalous a organisé une minute de silence en hommage au professeur décapité à Conflans-Sainte-Honorine et dénonce "un assassinat insupportable". 250 élèves y ont participé.
Ils sont 250 élèves, de 7 à 16 ans, rassemblés dans la cour de l'Institut Al-Andalous, durant cette minute de silence qui s'éternise malgré le froid. Les mines sont graves. Les plus jeunes sont restés à l'intérieur. Pour "les protéger" de l'horreur du monde. De son absurdité. Comment expliquer à un enfant de 5 ans le principe même de décapitation ? De décapitation pour des idées ?
Les autres sont là, en rangs serrés. Eux-mêmes ont du mal à comprendre pourquoi ce professeur a été assassiné pour n'avoir fait que son travail. "On ne pouvait pas ne rien faire, c’est juste pas possible ce qui s’est passé, c’est trop horrible. On sent que les ados en parlent. Aujourd’hui, non, ils ne jouent pas au ballon. Le fait que l’auteur soit musulman peut les perturber, et c’est pour ça qu’on a introduit ce cours depuis la rentrée sur les valeurs universelles de l’islam. Pour apporter un peu de paix, parler de respect, de fraternité et de laicité aussi" explique Noria Addou, responsable pédagogique.
On se dit plus jamais ça et ça recommence à chaque fois
Et de poursuivre, les larmes aux yeux : " Je pense à la famille de la victime c’est horrible. On se dit plus jamais ça et ça recommence à chaque fois."
L'école : un vecteur de connaissances
La peur de la violence. La peur de l'amalgame. Toujours la même trame de fond. C'est aussi ça le terrorisme. La terreur de tous. Dans un communiqué, l'Institut Al-Andalous, qui défend les droits de l’homme et combat l’incitation à la haine depuis toujours, ne peut que condamner publiquement "l'assassinat insupportable d'un enseignant du Collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine" . A l'Institut justement, association créée en 1997, on apprend la tolérance, l'ouverture sur la société, le dialogue inter-religieux, la langue arabe, la culture arabo-musulmane dans ce qu'elle a de beau et précieux. Aux antipodes de la barbarie.
Il réitère aussi son attachement à l'école, à toutes les écoles en invitant "chacun à voir dans un enseignant un espoir, vecteur de connaissance et de paix nécessaires aux générations à venir, celle de nos enfants." Hier, ce n'est pas qu'un enseignant qui est tombé. C'est la liberté d'expression.
Aujourd'hui l'heure est à l'union. Dans la cour de récré. Dans tout le pays. Un hommage national sera rendu au professeur d'histoire-géographie. La date n'est pas encore fixée vient d'indiquer l'Elysée.
Une union nationale qui se traduit également par la vague de réactions suscitées par cet assassinat dans le monde enseignant qui craint désormais une forme d'auto-censure. Le SNES-FSU, premier syndicat du second degré a appelé à une minute de silence ce samedi dans les établissements qui sont ouverts.
"La liberté d'expression doit rester un droit fondamental en France. La caricature est un genre que l'on étudie (...). L'école est le lieu de la construction de l'esprit critique." @FredRolet sur @franceinfo. #EMC #Eragny #EragnySurOise #JeSuisProf
— SNES-FSU (@SNESFSU) October 16, 2020
Après le "Je suis Charlie", voilà malheureusement que nait sur les réseaux sociaux un autre JE. #Je suis prof.