Aube : le maire de Viviers-sur-Artaut veut protéger son village en essayant de maintenir l'utilisation de pesticides

A l'inverse de plusieurs de ses homologues en France, le maire de Viviers-sur-Artaut, dans l'Aube, a déposé en préfecture un arrêté en faveur de l'utilisation des pesticides. Il craint la mort de l'économie de son village si la vigne ne peut plus être traitée. 
 

A Viviers-sur-Artaut, dans l'Aube, le maire et ses conseillers municipaux se mobilisent pour que les viticulteurs de ce village de 125 âmes puissent continuer à utiliser des pesticides dans leurs vignes. Ils ont en ce sens déposé un arrêté municipal en préfecture. Ce qu'ils craignent, c'est de devoir abandonner le travail de toutes les vignes qui jouxtent les habitations. "Je demande à ce que les gens puissent continuer à travailler comme ils travaillaient avant. Sans être obligés de laisser 5, 10, 50 ou 150 mètres sans pouvoir travailler", explique Michel Cornet, maire (DVD) de Viviers-sur-Artaut.

Car "travailler comme avant" risque en effet de ne plus être possible. Cet été, la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne a annoncé que la réglementation sur l'usage des pesticides pourrait évoluer. Une "zone minimale entre les épandages et les habitations" pourrait ainsi être mise en place dans certaines communes où les champs jouxtent les maisons. La ministre disait ainsi au mois d'août "partager totalement la préoccupation du maire de Langouët", en Ille-et-Vilaine. Ce maire breton Daniel Cueff avait pris en mai un arrêté interdisant l'utilisation de pesticides dans sa commune, qui a depuis été déclaré illégal par la justice.

La perte du village ? 

Néanmoins, la loi risque d'évoluer et le village de Viviers-sur-Artaut a peur que ces 90 hectares de vignes ne soient plus exploitables avec des pesticides. La plupart des parcelles de vignes s'arrêtent en effet au pied des maisons, comme c'est souvent le cas en Champagne. C'est le cas par exemple de celles de Vincent Grandpierre, viticulteur dont la famille est présente au village depuis plusieurs générations. Il craint de ne plus pouvoir travailler ses vignes à l'aide de produits phytosanitaires sur plusieurs dizaines ou centaines de mètres en bordure de parcelle.

On est au patrimoine mondial de l'UNESCO, on a nos paysages et notre pouvoir économique vient de notre terroir. Et notre terroir, c'est de faire pousser de la vigne. C'est inhérent à la qualité de vie et à la réussite de notre territoire.
- Vincent Grandpierre, viticulteur à Viviers-sur-Artaut

Pour les habitants, comme pour le conseil municipal, l'économie et la vie du village reposent presque entièrement sur la viticulture. Tous en dépendent directement ou indirectement. Et le maire de renchérir : 

Si on met en place les fameuses règles qui devraient être appliquées, on constate qu'il manquera beaucoup de vignes tout autour dans le village. S'il n'y a plus de vignes, il n'y a plus de village.
- Michel Cornet, maire (DVD) de Viviers-sur-Artaut

Ce positionnement, s'il s'inscrit à contre-courant des démarches réalisées par plusieurs maires de France pour lutter contre les pesticides, n'est pas un cas isolé. En Bourgogne, dans l'Yonne, le maire (SE) de Fouronnes, Luc Jacquet, avait pris un arrêté similaire au mois de septembre, qui a été annulé quelques jours plus tard par la préfecture. Un sort que subira probablement aussi celui du village de Viviers-sur-Artaut.

L'association des champagnes biologiques très "étonnée"

Pour l'association des champagnes biologiques (ACB), cet arrêté municipal va à l'encontre de la protection des populations et de la biodiversité. Les vignerons qui travaillent en bio sont donc plutôt favorables à la mise en place de zones de protection en bordure des habitations, sans pour autant arrêter toute forme de cultures proches des maisons. Ils prônent donc un changement en profondeur du modèle agricole français, partant du principe que toute forme de traitement à base de produits phyto-sanitaires de synthèse est à bannir. 

"Ce ne sont pas des bonnes pratiques d’épandage, de pulvérisation, de protections des utilisateurs ou des riverains, qui feront changer ce diagnostic. Sortons de la problématique des 5, 10, ou 150 m [de zones de protection, ndlr], écrivent-ils dans un communiqué. L’agriculture doit tenir compte aujourd’hui de son impact environnemental, des enjeux pour les générations futures ; agriculteurs et habitants des territoires ruraux ont les mêmes intérêts, partagent le même espace, seront confrontés au même avenir".

L'association des champagnes biologiques demande donc que soit invoqué le principe de précaution et soutiennent la demande d’application de distance de 150 m pour des zones de non traitement aux pesticides de synthèse. Ils souhaitent enfin que "pour ce faire, les agriculteurs et les viticulteurs soient accompagnés durant la période nécessaire à cette transformation des pratiques dans ces bandes de protection des populations".
 
L'actualité "Environnement" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Grand Est
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité