Le maire de Fouronnes, dans l’Yonne, est agriculteur. Il vient de prendre un arrêté "autorisant tout le monde" à utiliser des pesticides. "Je vais contre la loi", reconnaît l'élu bourguignon.
Que dit cet arrêté pro-pesticides ?
Les arrêtés bannissant l’usage du glyphosate et autres pesticides de synthèse se multiplient un peu partout en France. C’est le cas notamment à Dijon et Chenôve.Mais, le maire de la petite commune de Fouronnes dans l'Yonne, prend le contre-pied de ce mouvement. Il vient de prendre un arrêté en faveur des pesticides, qui a été repéré par le magazine Le Point.
"J'autorise l'utilisation des produits phytosanitaires de synthèse et naturels sur l'ensemble du territoire communal de Fouronnes", déclare Luc Jacquet dans cet arrêté volontairement provocateur pris le 23 septembre 2019.
"Avant d'appliquer toute nouvelle réglementation pénalisant exclusivement l'agriculture", la mairie devrait d'abord interdire cigarettes mais aussi "viandes grillées, boissons chaudes et autre malbouffe" ou encore "tous véhicules à moteur", écrit-il, en faisant référence à des études épidémiologiques.
"Pour prémunir les habitants de toutes nuisances, il (serait) nécessaire de retourner aux usages antérieurs au XVIIIe siècle", indique encore l’arrêté.
Pourquoi prendre un arrêté pro-pesticides ?
"Je veux simplement remettre les pendules à l'heure", assure le maire de cette commune de 165 habitants.Son arrêté vise surtout à dénoncer "l'agribashing" dont la profession d'estime victime.
Luc Jacquet dit lui-même "chercher à diminuer l'usage" des pesticides dans son métier de cultivateur.
Mais, il n'y a parfois "pas le choix", dit l’élu qui dénonce "la pression" mise aujourd'hui sur les agriculteurs.
Il explique que les agriculteurs sont formés à l'utilisation des pesticides et qu'ils font au mieux.
Les pesticides de synthèse ne sont "pas plus dangereux que les pesticides biologiques", dit-il, en ajoutant que leur interdiction obligerait la France à importer des marchandises produites ailleurs de façon moins vertueuse.
En "autorisant tout le monde" à utiliser des pesticides, "je vais contre la loi", reconnaît l'élu. Le maire de Fouronnes s'attend d’ailleurs à ce que son arrêté soit annulé par la préfecture.
Rappelons par ailleurs que le gouvernement a lancé une consultation des citoyens sur un projet de décret concernant une distance minimale entre les habitations et les zones d’épandages de produits pytosanitaires.
Baziz Djaouti et Claude Heudes ont rencontré Luc Jacquet afin qu'ils leur expliquent sa démarche, un rien provocatrice.
Intevenants :
Luc Jacquet, maire de Fouronnes et agriculteur
Edwige Dorbon, militante écologiste, Association de défense l'environnement et de la Nature